Face à l’apparition des nouveaux variants et à leur degré de létalité, le président de la République a appelé les Guinéens à respecter les mesures barrières édictées par l’Agence nationale de la Sécurité sanitaire (ANSS). Si ces mesures sont plus ou moins respectées par les citoyens, à Coyah, on est loin encore d’oublier la repression de mai 2020. L’on se rappelle, les forces de l’ordre avait tué quatre personnes dont une femme enceinte, selon le bilan officiel.
Depuis, la plupart des citoyens sont entrés dans une sorte de “rebellion” estimant que justice n’a pas été rendue par rapport à tous ces morts. Ainsi, les mesures barrières ne sont plus respectées.
Dans les quartiers, le port des masque est perçu comme une sorte de démagogie. D’ailleurs, généralement, ceux qui en portent sont stigmatisés et considérés comme des personnes qui veulent apporter la maladie dans la cité.
Même au niveau des transports en commun, des cabarets et dans les cérémonies et autres vidéos clubs, les mesures sont quasiment ignorées.
Les raisons de cette résistance
Même si le non-respect des gestes barrières est une ignorance des risques encourus, à Coyah les citoyens s’en moquent. Contactés, des citoyens expliquent les raisons par deux faits.
Pour les uns, cette résistance aux gestes barrières est due aux frustrations accumulées après la repression des forces de l’ordre qui a endeuillé plusieurs familles.
Pour les autres, le coronavirus n’existe pas mais c’est un business qui vise à enrichir davantage ceux qui y sont et à rendre la vie dure aux pauvres.
C’est le cas de MC, responsable des femmes du Km 55 qui est l’une des femmes qui a perdu son unique enfant suite à la répression de la manifestation de mai 2020. Pour elle, le coronavirus “n’existe pas. C‘est pour juste restreindre nos libertés et nous rendre la vie dure”.
“Si nous respectons les mesures barrières, les autorités prendront au sérieux et vont ériger les barrages en ville. Ensuite, ils viendront encore tuer nos enfants comme ils l’ont fait lorsque la population manifestait contre les barrages érigés à Friguiadi”, a-t-elle renchérit.
De son côté, un responsable du syndicat des transporteurs, sous anonymat, nous a expliqué les raisons de ce non-respect des gestes barrières. “Ce n‘est pas facile de respecter et faire respecter les mesures barrières. Ici à la gare, lorsque tu portes un masque, certains passagers te stigmatisent et pensent que tu es porteur du virus. D‘autres vous prend comme celui qui se soustrait des réalités de la communauté. C‘est–à–dire insensible aux douleurs des autochtones qui ont perdu. Et finalement, tu deviens un persona non grata”, a-t-elle révélé.
A Coyah, partout où nous sommes passés à part quelques lieux administratifs, le constat est le même. Les citoyens dans leurs majorité ne respectent plus les mesures barrières. Chacun fait ce qu’il veut en attendant qu’une véritable sensibilisation soit faite pour tempérer la colère de cette population et la ramener au respect des mesures barrières dans la lutte contre le covid-19.