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Appel à la retenue et au dialogue : Les Forces Vives de Guinée répondent à l’archevêque Vincent Coulibaly

« Ce n’est pas seulement un camp qu’il faut appeler à la retenue, mais aussi l’autre côté. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour qu’il y ait une compréhension et une entente ? Personne ne souhaite aller à la destruction ou mener des actions nuisibles. La manifestation n’a pas pour objectif de détruire ou de piller. Elle vise à exprimer un ras-le-bol et des préoccupations… », a réagi Marc Yombouno suite à la déclaration de Monseigneur Vincent Coulibaly.

En dirigeant le 15 août dernier, la prière de la fête de l’Assomption à la cathédrale Sainte-Marie de Kaloum, Monseigneur Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry, s’est exprimé sur la crise sociopolitique actuelle en Guinée. Ce leader religieux a exprimé son désaccord vis-à-vis des manifestations de rue. Évoquant les conséquences que ces manifestations peuvent engendrer, il a appelé les acteurs sociopolitiques à privilégier le dialogue en prélude aux journées de manifestations projetées par les Forces Vives et la Dynamique des Organisations de la Société Civile, qui exigent la libération des activistes et le retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Interrogé par Guineenews ce vendredi 16 août 2024 sur cet appel au dialogue, Marc Yombouno, membre du bureau politique du RPG, a salué l’initiative de l’archevêque : « C’est une très bonne chose. Un religieux a pour premier devoir de veiller à la paix dans la cité. Je crois que c’est ce qu’il a fait en appelant les acteurs à la retenue. »

Cependant, l’ancien ministre de l’Agriculture a invité le leader religieux à adresser le même message aux autorités du pays pour que leurs préoccupations soient également prises en compte : « Il est important de noter qu’il faut aussi attirer l’attention des autorités en place pour que les préoccupations des acteurs sociopolitiques soient prises en compte. C’est ce qui est crucial en ce moment très difficile que traverse notre pays. Il a appelé au dialogue, mais il faut que ce dialogue soit inclusif. Est-ce que les autorités sont prêtes aujourd’hui à organiser des discussions impliquant tout le monde ? Les religieux sont bien placés pour favoriser la reprise d’un dialogue inclusif.

 Quand on considère, en plus des anciennes préoccupations, ce qui s’est ajouté -la disparition de Foniké Mangué et de Billo-, il est nécessaire que les leaders religieux prennent cela en compte dans leur message. Ce n’est pas seulement un camp qu’il faut appeler à la retenue, mais également se demander ce qu’il faut faire pour favoriser la compréhension et l’entente. Personne ne souhaite aller à la destruction ou mener des actions nuisibles. La manifestation n’a pas pour objectif de détruire ou de piller, mais d’exprimer un ras-le-bol et des préoccupations. En résumé, son message est bon. Il sera analysé par tous les acteurs des deux côtés », a-t-il conclu.

Pour sa part, la société civile, par la voix d’Abdoul Sacko, dit comprendre la position des religieux : « Nous comprenons la position difficile dans laquelle se trouvent nos religieux aujourd’hui. Nous avons toujours soutenu le dialogue pour parvenir à un consensus large, source de légitimité. Les autorités de la transition ne reposent ni sur des élections, ni sur la confiance exprimée par la population. Nos prélats, à un moment donné, se sont impliqués dans la question du dialogue. Ils ont fait suspendre à plusieurs reprises les manifestations. Le dialogue avait commencé, mais les autorités n’ont cédé sur aucun point. »

Au passage, il ajoute : « Le message de l’archevêque est véridique, nous déplorons tous la facilité avec laquelle on appuie sur la gâchette, entraînant des pertes en vies humaines et des blessés. Si les Forces Vives en arrivent à recourir à la manifestation, c’est qu’il n’y avait aucune autre option de sortie de crise. Il faut lire entre les lignes pour comprendre qui refuse le dialogue et qui a la responsabilité de créer les conditions de confiance pour le faciliter. Nous demandons plutôt aux leaders religieux d’avoir encore le courage d’aborder la question avec l’autre camp (le pouvoir, ndlr). »

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