Arrivé à la surprise générale à la tête du pays le 5 septembre 2021, le Conseil national pour le redressement et le développement (CNRD) s’est fixé comme objectif de lutter contre la corruption et le détournement des deniers publics. C’est pourquoi dès le 9 septembre, le gouverneur d’alors de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), Dr Louncény Nabé, a annoncé le gel des comptes de certains membres du gouvernement déçu et ceux des responsables de premier rang dans les ministères. C’était également le cas des établissements publics à caractère économique (EPA).
Ce gel des comptes a permis aux nouvelles autorités de découvrir de nombreuses poches de détournement dans la Loi de Finances rectificative 2021 où des budgets ont été prévus pour des structures qui n’existaient pas, comme le Haut conseil des collectivités, la Haute Cour de Justice. Déjà, dès le 28 septembre, le Colonel Mamadi Doumbouya avait pris un décret pour geler les dépenses de certaines institutions républicaines se trouvant dans la Loi de Finances rectificatives 2021 adoptée le 2 septembre par l’Assemblée nationale que présidait Amadou Damaro Camara.
Suite aux différentes mesures de sécurisation des fonds publics, le franc guinéen s’est stabilisé et s’est même apprécié vis-à-vis des devises étrangères, expliquait le 2 novembre 2021, Dr Louncény Nabé. Toujours à l’en croire, depuis le coup d’Etat du 5 septembre jusqu’à la date du 2 novembre, soit en deux mois, l’Etat s’est désendetté « auprès de la Banque Centrale de l’ordre de plus de mille milliards de francs. »
Le Conseil national de la Transition (CNT) n’étant pas mis en place, le Colonel Doumbouya n’avait qu’un seul choix pour mettre à disposition de son gouvernement un budget, c’est celui de faire des ordonnances. C’est ainsi que le 31 août, cette ordonnance portant Loi de finances initiale 2022 a été prise et fixe les recettes à 26 063 milliards 785 millions 763 mille 611 GNF et les dépenses à 30 607 milliards 656 millions 125 mille 68 GNF.
Une des actions phares que le gouvernement de transition a lancées, c’est les Obligations de Trésor (ODT) le 13 avril 2022. C’était la première fois que la Guinée lance un tel programme pour financer ses infrastructures pour réaliser 87 projets prioritaires dans les secteurs des travaux publics, de la santé, de l’éducation, mais aussi de l’action sociale pour 800 milliards GNF pour une cible de 1 500 milliards GNF.
Reprise de la coopération avec les partenaires financiers
Exclue de la CEDEAO et de l’Union africaine suite au coup d’Etat, la Guinée avait besoin de soutien. Et voilà que les institutions financières africaines et internationales ne l’ont pas laissée tomber. Déjà, le 28 janvier 2022, lors de la Revue du portefeuille actif des projets et programmes qu’elle a financés en Guinée, la BAD a réaffirmé au ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, son engagement à accompagner la Guinée « dans la mise en œuvre efficace et efficiente des projets et programmes d’investissements publics. »
Les financements de la BAD en Guinée, a rappelé M. Bassolé, directeur pays BAD, sont passés de 180 millions de dollars US en 2017 à 640 millions de dollars US en 2021.
Pendant que tout le monde pense que la Guinée est au ban de la communauté internationale, c’est à ce moment que les aides affluent, explique le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le Dr Morissanda Kouyaté lors d’une rencontre avec les étudiants de N’Zérékoré, au mois de mai. « Les ambassadeurs ne viennent pas seulement pour dire bonjour. L’ambassadeur des Etats-Unis seulement par exemple, quand il est venu, il a mis sur la table 23 millions de dollars. La Banque mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI) qui sont toujours prêts à serrer les vices, quand ils sont venus, ils ont mis 1 milliard de dollars sur la table. Les Droits de tirages spéciaux (DTS) qu’on ne pouvait même pas recevoir quand on est en régime normal, on les a obtenus, parce que simplement le sérieux est là. »
Pour preuve que la Guinée continue de travailler avec les institutions du Breton Woods, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan avait conduit en avril, une délégation aux Assemblées générales du printemps du FMI et de la Banque mondiale. Une rencontre qui a permis aux autorités guinéennes de montrer aux partenaires les réformes engagées par le pouvoir de Conakry et d’interpeller même la Société financière internationale (SFI), qui est une filiale de la Banque mondiale, à investir davantage dans les mines en Guinée.
Lors de son passage au Conseil national de la Transition (CNT) le 23 juillet 2022, le ministre d’alors du Budget, Moussa Cissé a fait savoir que, dans le cadre des appuis financiers, le Fonds monétaire international (FMI) a apporté à la Guinée le droit de tirages spéciaux pour 284 millions de dollars.
L’autre financement qu’a obtenu la Guinée pendant cette transition, c’est celui de l’Agence française de développement (AFD). La convention d’un prêt de 50 millions d’euros a été signée le 25 juillet 2022 avec le ministère de l’Economie pour une durée de 20 ans avec une période de grâce de 10 ans. Cet appui vise à financer le projet de construction d’un centre d’enfouissement technique des déchets solides à Baritode dans la commune rurale de Kouria, préfecture de Coyah.
La Guinée a bénéficié, le 27 août 2022, d’une allocation de 520 millions de dollars par la Banque mondiale issus des fonds globaux de l’IDA 20 pour trois ans. Cette allocation est le résultat des réformes engagées par la Guinée dans le cadre de la gestion des finances publiques, de la stabilisation du cadre macro-économique et de la bonne gestion de la dette publique.
Situation de la dette publique
Selon le bulletin du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, le stock de la dette publique et de la dette garantie au 30 juin 2022 se chiffre à GNF 60 984,66 milliards, soit environ 7 059 milliards USD. Il est constitué de 34 323,80 milliards GNF, soit 3, 973 milliards USD au titre de la dette extérieure (56%) et de 26 661, 072 milliards GNF, soit 3,086 milliards USD au titre de la dette intérieure (44%).
Dans le cadre de la mobilisation des recettes de l’Etat, de janvier à août 2022, les différentes régies financières ont pu mobiliser 13 747,27 milliards GNF, soit un taux de mobilisation de 55% des prévisions de la LFI 2022 chiffrées à 24 986,74 milliards GNF.
A la date du 2 septembre 2022, 1 USD vaut 8 599,223 GNF, alors qu’1 EUR s’échange contre 8 602, 660 GNF.