“Oui j’ai un cri de cœur ! Mon cri de cœur concerne la trentaine de pères et de mères de famille, la plupart fonctionnaires de l’Etat guinéen, refugiés dans une cité au Maroc, séparés de leurs familles respectives à cause de leurs soins (Dialyse) au frais de l’Etat guinéen par la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG)”
Il s’appelle Keita Lancinet alias K.L. Bamba. Musicien chanteur, auteur compositeur, il est né le 14 mars 1965 à Conakry. Fils de feu Mohamed ‘’Moriba’’ et de feue Soumah Mariama, il est marié à deux femmes et père de trois enfants, dont deux filles et un garçon.
K.L. Bamba a effectué ses études primaires entre les C.E.R de Sinthiourou dans la préfecture de Gaoual et Mao Zédong, actuelle école primaire de Tombo.
Du collège au lycée, il a fréquenté l’établissement 28 septembre dans la commune de Kaloum. Admis en terminale, il va transférer au lycée du 2 octobre à Almamya, où il abandonnera le cycle scolaire au profit de ce qu’il en fait un secret.
Plus tard, il se fera réinscrire par une de ses tantes à l’E.C.A (Ecole Commerciale Africaine) de Bonfi pour achever la formation en qualité de comptable.
Actuellement vivant en France, il est employé administratif et d’accueil.
Pour revenir sur son parcours, votre site électronique Guineenews, a interviewé l’artiste qui a accepté volontiers de répondre aux questions de la rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?’’.
K.L. Bamba assez précis, nous parle de ses débuts dans la musique en qualité de guitariste et les raisons de sa reconversion au chant, qui lui a valu d’ailleurs cette grande renommée. De sa discographie qu’il qualifie de moins riche à la cause de cette maladie qui l’a rattrapé, il nous décrit son état de santé et rend hommage à tous ceux qui l’ont aidé à surmonter cette difficile période et précisément, au feu Président Général Lansana Conté pour sa prise en charge à travers un décret. Ce fut pour lui l’un des plus beaux jours de sa vie.
Aujourd’hui, atteint d’une insuffisance rénale chronique, à phase terminale (maladie incurable), il nous explique les raisons de sa sédentarisation en Europe, ses sources de revenus actuelles, son affiliation au BGDA et non sa souscription actuelle au contrat d’assurance entre le BGDA et NSIA-ASSURANCE pour la couverture assurance maladie, à laquelle il compte adhérer pour les prochains jours.
Artiste reconnaissant pour les bienfaits, K.L. Bamba nous parle de ses inspirations, de son célèbre titre ‘’To mikhiya’’, et lance son cri de cœur en faveur de ces autres malades d’insuffisances rénales, refugiés dans une cité au Maroc, séparés de leurs familles par manque de moyens technologiques adéquats dans le pays pour assurer leurs soins. Lisez l’interview
Guineenews© : Comment êtes-vous venu à la musique et décrivez nous votre parcours ?
K.L. Bamba : Permettez-moi d’être plus détaillé dans ce déroulé sur ma venue dans ce monde musical et mon parcours. Depuis très jeune déjà, j’aimais beaucoup chanté. Le chant, étant considéré et noté au même titre que les autres matières en classe, je me suis toujours octroyé de bonnes notes à cet effet.
C’est en 1976, après mon définitif retour à Conakry et en classe de 5ème année, que j’ai commencé à aiguiser mes armes à la guitare par l’entremise de Mohamed Conté, qui est le jeune frère de Sékou Conté ‘’Wastério’’, chef d’orchestre du groupe standard de feu Petit Condé (Paix à son âme).
C’est précisément en 1986, en compagnie de mon groupe composé de 5 lycéennes (Saran Traoré, Makouta Camara, Aminata Sacko, Mamakany Barry, Kadija Sylla) et au compte du lycée 28 septembre, qu’a commencé ma carrière musicale.
Nous avions remporté à cette occasion, le premier prix d’une compétition interscolaire et personnellement, j’ai obtenu mon premier satisfécit en matière artistique.
Quelques mois après, mon groupe en compagnie de Doura Barry, nous avions présenté la célèbre œuvre ‘’les filles de mon pays’’, traduite en français.
Pour votre information, rassurez-vous, que la première version dénommée ‘’La Ginè mussolu’’ était mon inspiration. Programmée à la RTG pour l’enregistrement afin de présenter notre candidature à cette compétition internationale de chanson, pour une incroyable surprise, la version en langue nationale, et qui est ma propre composition a été objectée et traduite en français. Finalement, ce titre a obtenu le lauréat de cette grande compétition internationale, grâce à Issa Condé et plusieurs autres hommes de culture.
Mon parcours a connu assez d’embuches. Je tenais à continuer mes études. Dieu merci, j’ai eu une seconde chance que m’a offerte ma tante en m’inscrivant à l’ECA (Ecole Commerciale Africaine) de Bonfi, d’où je suis diplômé en comptabilité.
Toujours sollicité, il a fallu l’intervention de Sékou ‘’Wastério’’ CONTE, pour que j’accepte finalement d’intégrer le ‘’Kaloum Star’’ en qualité de bassiste. Force est de reconnaitre, j’ai beaucoup appris, accompagné des vedettes nationales, internationales et voyagé avec le Kaloum Star. Avec le Kaloum Star, j’ai tenu en haleine plusieurs mélomanes au niveau de plusieurs places de la capitale. Mais malgré tous ces avantages, le côté rémunérations faisait défaut. J’ai décidé ainsi de proposer mon apport à certaines vedettes et groupes de la capitale.
Pendant plusieurs années aux services des groupes en dehors de mon orchestre de base (le Kaloum Star), j’ai constaté les mêmes comportements qui m’ont même fait abandonner le groupe dont je fus le fondateur. Alors, il fallait trouver autres moyens plus bénéfiques.
Très déçu par les maigres revenus qui en découlait des prestations, finalement, j’ai décidé d’évoluer en ‘’one man show’, c’est-à-dire seul sur scène. C’est en compagnie de MC (Mamadouba Camara), guitariste soliste du Kaloum Star que j’ai commencé à profiter du fruit de mes connaissances.
Guineenews© : Guitariste tout au début et chanteur par la suite. Qu’est-ce qui vous a motivé pour revenir au chant ?
K.L. Bamba : J’ai longtemps servi en tant que guitariste et franchement le robinet fut toujours fermé. Quand tout à coup, j’ai vécu ma deuxième déception de ma carrière de musicien, car je fus exclu d’un contrat d’une série de concerts en Europe à quelques semaines seulement du départ, alors, j’ai considéré cet acte comme un défi lancé à mon encontre qu’il fallait relever. C’est là, est née la décision de me tourner vers le micro.
Imaginez ! Passé des années dans une formation et qu’à chaque fois, après une prestation, on vous tend des maigres sommes d’argent, accompagné des propos tels ‘’ Tenez ça ou acceptez ça, ça va aller un jour !’’, pendant qu’eux sont tous fonctionnaires d’Etat. Maintenant qu’un tel projet arrive, on vous exclut. N’est-ce pas une trahison ? Donc, comme indiqué plus haut, c’est suite à toutes ces douleurs infligées, qui furent les motifs de ma reconversion vers le micro, afin d’être indépendant. Aussitôt, j’ai commencé à travailler dur, préparer un répertoire et en octobre 2001, je sors mon premier Album de 8 titres intitulé ‘’Hommage à Mamady BAYO’’.
C’était en pleine promotion de mon Album que je fus foudroyé par une terrible maladie qui commence vers fin 2002.
Guineenews© : A cet effet, peut-on connaitre le contenu de votre discographie ?
K.L. Bamba : Ma maladie est venue bouleverser ma carrière, ce qui fait que ma discographie n’est pas tout à fait riche. En 2001, mon Album ‘’Hommage à feu Mamady Bayo’’ contenait 8 titres. C’est l’œuvre de la Production MAD Production et l’arrangement musical est d’Ansoumane CAMARA ‘’Petit Condé’’. Ensuite 2005, il y a le Single ‘’To mikhiya’’ en Featuring avec Johanna BARRY et en 2010, l’Album ‘’Allah-kha wosare fi’’ qui comportent 11 titres et est une auto production. L’arrangement musical de cet album a été assuré par Phillip Guez, et Guy Billong.
Guineenews© : Votre état de santé avait mobilisé tout un peuple et à travers le feu général Lansana Conté, votre vie parait-il fut sauvée. Expliquez-nous comment tout cela est-il arrivé ?
K.L. Bamba : Ma maladie commence vers fin 2002. Je ne pourrai pas relater ou citer ici tout ce qui s’est passé et toutes ces bonnes personnes qui m’ont aidé. Je vais quand même évoquer quelques évènements marquants et quelques noms.
Je vais nommer les honorables, feu Elhadj Aboubacar SOMPARÉ et feue Hadja Tiguindaké DIABY, qui ont entamé les démarches auprès des autorités au niveau du ministère d’antan des Arts et de la culture, dirigé alors, par feu Kader SANGARÉ et son excellence feu Fodé SOUMAH. Rien n’en a été et c’est ainsi, qu’ils se sont tournés vers le ministère de la Santé où, ils ont réussi à débloquer un fonds.
Je vais rappeler aussi l’émission spéciale qu’avait organisée Jean Baptiste WILLIAMS (journaliste et actuel Directeur national de la culture). Le jour où il m’a aperçu en train de longer les rails pour me rendre à mon domicile après mes séances de dialyse à l’hôpital Donka, franchement, il ne m’a pas reconnu. Jeannot n’en revenait pas. En ce moment présentateur de l’émission ‘’Vendredi parfumé’’, il réalisera une émission spéciale sur mon cas de maladie. Là, là, là ! Je ne saurai dire le secret qu’à utiliser Jeannot, car l’impact a été positivement énorme. Je recevais les appels de partout, de l’intérieur comme de l’extérieur de la Guinée. Cette émission a sensibilisé et mobilisé des personnes volontaires pour ma prise en charge. Le tout premier auditeur qui a réagi en direct aux dernières minutes de l’émission, était Elhadj Mamadou SYLLA ‘’FUTURLEC’’. Il réagit en donnant 10 000 000 GNF pour sa participation.
De cause à effet, après avoir constaté l’émotion qu’avait produite cette émission au niveau de la population dans tous les milieux de la capitale, Alassane SANOH me propose l’organisation d’un concert SOS, qui finalement fut piloté par Fodéba Isto Keira, qui a mis tout son savoir-faire au compte de la maison ‘’Mass Production’’.
Il faut signaler aussi l’apport du journal “L’indépendant’’ à travers une interview qu’ils ont titré ‘’KL Bamba entre la vie et la mort’’ car, en ce moment, la dégradation de mon état de santé était à un niveau très poussé.
Pour répondre à votre question et pour enfin clore ce combat pour la recherche d’une prise en charge durable, l’intervention du chef de l’Etat, le Général Lansana CONTÉ s’est annoncé à quelques semaines seulement, après le concert SOS. Ma prise en charge par feu Général Lansana Conté a été communiquée suite à un décret. Ce fut l’un des plus beaux jours de ma vie.
Guineenews© : Vous vivez depuis un certain temps à l’extérieur du pays et quelles sont les véritables raisons de votre sédentarisation ?
K.L. Bamba : Les raisons sont si simples. Il faut savoir que je souffre de l’insuffisance rénale chronique, à phase terminale (maladie incurable). Vous même avez constaté, qu’il m’a fallu une évacuation sanitaire pour me sauver. Alors, c’est pour ma survie. Et je suis sous la protection universelle maladie (PUMA) en France. ‘’PUMA’’ permet une prise en charge des frais de santé sans rupture de droits quelle qu’en soit ta situation.
Guineenews© : C’est bien difficile la survie à l’extérieur et cela est connu de tous. Vous vivez de quoi et quelles sont vos sources de revenus ?
K.L. Bamba : Je vis de mon salaire ou de l’AAH (Allocation Adulte handicapée). C’est-à-dire, quand je travaille, j’ai mon salaire. Quand je ne travaille pas j’ai droit à l’AAH.
Guineenews© : Ici en Guinée, êtes-vous affilié au BGDA et parallèlement aviez-vous souscrit au contrat d’assurance entre le BGDA et NSIA-ASSURANCE pour la couverture assurance maladie ?
K.L. Bamba : Oui, je suis affilié au BGDA et non à NSIA-ASSURANCE. Je compte néanmoins engager des démarches autour de cette affiliation les jours qui vont suivre.
Guineenews© : Un célèbre titre a été chanté en compagnie de quelques artistes pour feu Général Lansana Conté. D’où vous tirez-vous vos inspirations et quelles sont les principales raisons de ce tube ?
K.L. Bamba : Oui, j’ai chanté le titre ‘’To mikhiya’’ pour feu Général Lansana CONTÉ en guise de reconnaissance. Pour le choix d’artiste, c’est la voix de Johanna BARRY que j’ai sollicitée, pas sa personnalité. J’avais besoin d’une voix correcte, travaillée, qui pouvait suivre ma ligne comme je le souhaitais sans traîne, en faisant référence à sa grande sœur avec qui j’avais travaillé auparavant.
Quant à Alassane SANOH, c’est un ami et mon élève à la fois. Je vous rappelle que le concert SOS était son initiative. Je tire la plupart de mon inspiration des faits quotidiens.
Guineenews© : Pouvez-vous confirmer les rumeurs qui disent que vous êtes tenu obligé de vivre le reste de votre existence à l’extérieur ?
K.L. Bamba : Oui, je reconnais que je suis obligé de vivre de manière constante à l’extérieur de mon pays, qui ne remplit pas les conditions favorables pour ma santé.
Guineenews© : Pour le suivi de votre état de santé, avez-vous des soutiens ?
K.L. Bamba : Je n’ai aucun autre soutien à part ma prise en charge médicale par l’Etat français.
Guineenews© : Avez-vous un cri de cœur et certainement quelque chose qui vous fâche et qu’à cet instant vous voudrez bien vous décharger ?
K.L. Bamba : Oui j’ai un cri de cœur ! Mon cri de cœur concerne une trentaine de pères et de mères de famille, la plupart fonctionnaires de l’Etat guinéen, refugiés dans une cité au Maroc, séparés de leurs familles respectives à cause de leurs soins (Dialyse) au frais de l’Etat guinéen par la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG).
A savoir que le prix d’un générateur dialyseur de haute qualité, ne dépasse pas 6 000 euros et implanter un centre de dialyse de 20 ou 30 machines à Kamsar, peut non seulement permettre à ces pères et mères de vivre auprès de leurs familles et de surcroit servir le gouvernorat de Boké pourquoi pas les patients des autres villes ou de la capitale.
Cette disposition allègera la facture de l’Etat guinéen, en estimant que les frais de prise en charge mensuelle d’une personne (logement, nourriture, blanchissement et soins médicaux) peuvent aller dans l’ordre de 5000 euros.
Guineenews© : Vos plus beaux et mauvais souvenirs de votre parcours musical ?
K.L. Bamba : Mes plus beaux souvenirs au cours de ma carrière musicale sont nombreux. Parmi les plus marquants, je vous cite ma rencontre avec l’artiste feu Pierre Tchana, l’auteur du titre ‘’Vas t’en’’ et ‘’Il n’est jamais trop tard’’, repris par le Bembeya Jazz national.
Nous avons fait connaissance lors de sa venue en Guinée, accompagné par notre orchestre, mais au-delà, nous sommes devenus comme père et fils. Décédé le 18 novembre 1998, Il a connu et sympathisé avec ma famille. Il m’a dit un jour « KEITA tu es né à la même année que la sortie de mon premier Album ». Mon second souvenir inoubliable est le double concert à Labé. Ce passage m’a donné une mère adoptive.
Mes plus mauvais souvenirs demeurent mon départ du groupe ‘’Love système’’, dont les raisons à ma demande ont été censurées par la suite dans cette interview. L’autre mauvais souvenir est mon éviction de l’orchestre Kaloum Star, à quelques semaines d’un voyage pour une série de concerts en France.
Guineenews© : En tant qu’artiste, que ressentez-vous en cette période de transition et que proposez-vous pour le développement en général de la culture guinéenne ?
K.L. Bamba : Pour le développement en général de la culture guinéenne, vu les difficultés que vivent les artistes guinéens, je plaide auprès des nouvelles autorités guinéennes, d’écouter et de chercher à connaitre les avis des artistes en général. S’ils réussissent à satisfaire leurs demandes faites, j’espère que cela soulagera tous les artistes.
Pour finir cette interview, permettez-moi, d’adresser mes sincères remerciements tout d’abord à ma famille, à toutes les personnes ayant contribué à ma formation pour atteindre ce niveau dans ma carrière musicale.
A toutes les personnes, de près ou de loin, qui m’ont accompagné ou soutenu pendant ma période difficile de maladie, aussi à l’endroit de l’état français, je dis merci.