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Guinée : les anciens dignitaires et l’argent

20milliards  de nos francs pour une liberté provisoire à accorder à l’ancien gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, Lounceny Nabé. 2milliards de francs guinéens. C’est le montant qu’aurait déboursé l’ex ministre du Budget, Ismaêl Dioubaté, pour être mis en liberté provisoire. Djenabou Nabaya disparait avec 200 milliards de francs guinéens tirés des caisses de l’Etat pour aller se la couler douce à Dubaî. Un certain Almamy Condé, chef de division au Trésor Public, « gardien du temple du blanchiment d’argent », au service des anciens dignitaires, passe la frontière à Kourémalé, pour se retrouver à Bamako, sous les regards impuissants des forces de sécurité….Les anciens hauts cadres auteurs de crimes financiers sont caressés et choyés, voire même vénérés à la Maison Centrale comme des anges. Ces « criminels » des nouveaux temps,  jouissent de leur argent et du repos « mérité » sous le fromager, dans l’enceinte de la prison comme de vaillants guerriers après une série de victoires au front. Ah le « Dieu » argent !

Le Philosophe allemand, Karl Marx avait vraiment raison quand il écrit dans « Manuscrits » en 1884 : « Ce que je peux m’approprier grâce à l’argent, ce que je peux payer, autrement dit ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités et mes forces essentielles en tant que possesseur de l’argent. Ce que je suis et ce que je puis, ce n’est nullement mon individualité qui en décide. Je suis laid, mais je puis m’acheter la femme la plus belle. Je ne suis pas laid, car l’effet de la laideur, sa force repoussante est annulée par l’argent. Personnellement je suis paralytique, mais l’argent me procure vingt-quatre pattes; je ne suis donc pas paralytique. Je suis méchant, malhonnête, dépourvu de scrupules, sans esprit, mais l’argent est vénéré, aussi le suis-je de même, moi, son possesseur. L’argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon. (…) Je n’ai pas d’esprit, mais l’argent étant l’esprit réel de toute chose, comment son possesseur manquerait-il d’esprit ? Il peut en outre s’acheter les gens d’esprit, et celui qui est le maître des gens d’esprit n’est-il pas plus spirituel que l’homme d’esprit ? Moi qui puisse avoir, grâce à l’argent, tout ce que désire un cœur humain, ne suis-je pas en possession de toutes les facultés humaines ? Mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? ».

Cette ironie de Marx signifie que : « L’argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon. (…) Je n’ai pas d’esprit, mais l’argent étant l’esprit réel de toute chose, comment son possesseur manquerait-il d’esprit ? Il peut en outre s’acheter les gens d’esprit, et celui qui est le maître des gens d’esprit n’est-il pas plus spirituel que l’homme d’esprit ? Moi qui puis avoir, grâce à l’argent, tout ce que désire un cœur humain, ne suis-je pas en possession de toutes les facultés humaines ? Mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? » De tels sentiments peuvent envahir notre cœur mais surtout ils peuvent brouiller nos jugements : cet homme est riche donc il est bon. Les Ibrama Kassory, les Mohamed Diané, les Lounceny Nabé, les Oyé Guilavogui et compagnie sont riches, donc ils sont bons. Ils méritent un traitement digne de nom. La valeur des personnes n’est-elle pas identifiée à leur fortune ?

Ceux qui nous dirigeaient y a de cela huit mois, étaient attachés à l’argent. C’était leur souffle. Ils nous manipulaient et continuent à nous manipuler même du fond de leurs cellules avec l’argent du peuple. Tout comme ils le faisaient pour avoir nos voix afin de se maintenir au sommet et après couper le pont avec nous. Karl Marx notait ironiquement « mon prochain, c’est l’argent…Ce veau d’or nous coupe du monde, de ceux qui sont différents de nous et en particulier des pauvres ». D’ailleurs comment pouvaient-ils nous servir loyalement ?

Evidemment comme l’affirme Jésus : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » Et à Monseigneur français, Pierre Debergé de commenter cette parole du Christ : « La logique de Dieu est de dépossession, de confiance et de fraternité. La logique de l’argent est d’appropriation et d’insatisfaction. Il y a deux manières de penser son rapport à l’argent. La première est d’accumuler pour soi. L’autre, est de s’enrichir auprès de Dieu, c’est-à-dire de prendre l’argent pour ce qu’il est : un instrument au service de son épanouissement. Un épanouissement qui ne fait pas l’impasse sur le souci des autres »

 On peut également évoquer l’utilisation pervertie de l’argent pour la corruption, qui individuellement pervertit les âmes et collectivement ruine la confiance indispensable à la construction de la société. L’attachement à l’argent fait oublier la valeur des réalités non monétisables. Pourtant, comme l’écrivait un poète : « chacun peut s’acheter de la nourriture, mais pas l’appétit ; des médicaments, mais pas la santé ; des lits moelleux, mais pas le sommeil ; des connaissances, mais pas l’intelligence ; un statut social, mais pas la bonté ; des choses qui brillent, mais pas le bien-être ; des amusements, mais pas la joie ; des camarades, mais pas l’amitié ; des serviteurs, mais pas la loyauté ; des cheveux gris mais pas l’honneur ; des jours tranquilles mais pas la paix. L’écorce de toute chose peut s’obtenir avec de l’argent. Mais le cœur lui n’est pas à vendre »

C’est vrai. Deux des hauts cadres épinglés pour l’enrichissement illicite et de détournement de deniers publics, veulent leur liberté (provisoire) en déboursant des milliards de francs. Même en prison ils continuent d’user du pouvoir de l’argent. Les plus chanceux, fuient le pays à l’aide des espèces sonnantes et trébuchantes. L’argent est au cœur de leur vie.

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