Une cascade de malheurs continue de s’abattre sur les enfants des anciens chefs d’Etat guinéens. Face à ces tragédies, certains observateurs voient plutôt de la malédiction ou des excès de lubies.
Mohamed Touré, fils du feu Ahmed Sekou Touré et son épouse, Denise Cross, ont été condamnés le 23 avril 2019 par un tribunal du Texas à 7 ans de prison ferme pour avoir asservi une jeune Guinéenne, traitée comme une « esclave« . Et pourtant, durant toute sa vie, le combat de son père était axé sur la libération des peuples noirs de la colonisation. Aujourd’hui abandonné de tous, sa famille politique est contrainte de quémander la modique somme de 300 mille dollars pour faire face aux frais d’avocats. Qui aurait cru que l’enfant du tout puissant Sekou allait croupir dans les geôles des blancs, loin de sa Guinée natale ?
Un autre désastre incompréhensif a été celui portant sur les décès successifs des enfants du deuxième président de la République de Guinée, feu général Lansana Conté.
Quatre ans après son décès, les Guinéens assistent avec stupéfaction la mort en cascade de ses enfants. Ainsi le 14 novembre 2012, la famille Conté annonce au peuple de Guinée la mort de Moussa Conté, le deuxième fils du président Conté. Deux ans après, c’est-à-dire en 2016, Djamillatou Conté, l’une des filles du feu général meurt dans le dénuement total, ne pouvant pas faire face aux frais d’ordonnance. Le 25 mars 2020. C’est le tour du colonel Ousmane Conté, le fils ainé qui rend l’âme dans la misère, après avoir bradé la quasi-totalité des biens immobiliers, matériels et financiers laissés par son père. Quant aux autres enfants, ceux de Kadiatou Seth, sa seconde épouse, ils sont en conflit ouvert avec leur oncle, Aboubacar Soumah, député à l’Assemblée Nationale, pour le contrôle des biens immobiliers légués par leur père.
Une autre mort curieuse qui est loin d’être un fait anodin
C’est celle du fils du bouillant Moussa Dadis Camara, président de la junte militaire au pouvoir le 23 décembre 2008 au 3 décembre 2009. Moriba Junior, ce garçon du capitaine Moussa Dadis, âgé de 24 ans, a été retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses dans sa piscine de Vieux-Longueuil, sur la Rive-sud, au Canada où il étudiait. Jusqu’ici, la police canadienne n’a pas réussi à déterminer les causes du décès malgré l’autopsie pratiqué sur son corps.
Seule rescapée de cette série de malheurs, Aminata Touré, est aujourd’hui maire de la commune de Kaloum. La fille du feu Ahmed Sekou Touré, par sa détermination et son courage, a pu s’imposer sur la scène politique guinéenne. Pour l’heure, elle demeure l’unique des descendants des anciens chefs d’Etats guinéens à se tirer d’affaire. A noter que dame Aminata est la fille de la première épouse du défunt président. Elle a grandi quasiment dans sa famille maternelle. Pas sous les ors de la république.
Contrairement à son demi-frère, Mohamed, qui a bénéficié du cocon familial. A propos de cette quête lancée par le PDG-RDA, beaucoup d’observateurs se demandent s’il ne s’agit pas d’une simple diversion. Quand on sait que, si Sékou Touré n’a officiellement pas laissé des biens, son fils qui ne travaille pas aux USA, recevait des centaines de milliers de dollars par an. Il dispose d’ailleurs d’ne demeure de près de 500 mille dollars us au Texas. Ce qui n’est pas donné au premier venu.
Que reste-t-il de Sékou Touré et du général Lansana Conté ?
Apparemment rien. Sékou Touré, le révolutionnaire, le socialiste est mort sans laisser de châteaux, des buildings, de véhicules de luxes ni de cantines ou de coffres forts remplis de devises à sa famille. Aucune fortune à ses enfants. De Conakry à Yomou en passant par Koundara personne ne peut indiquer avec précision un lopin de terre appartenant au feu président Sekou Touré. Le seul domaine, communément appelé « Villa Syli » qui abrite actuellement sa famille, a été réhabilité par son successeur feu général Lansana Conté.
Son parti, le PDG-RDA est presqu’invisible sur le paysage politique guinéen. Dirigé par un jeune, il n’a pu obtenir qu’un seul député à la faveur des législatives controversées de mars 2020. Depuis quatre décennies les militants et autres propagandistes de ce parti pionnier ont déserté les rangs pour d’autres cieux. Le PDG-RDA est presqu’une coquille vide qui manque de tout. Au point qu’il est incapable de payer les 300 mille dollars US de frais de justice et les honoraires des avocats de son leader qui séjourne dans une prison au Texas aux Etats-Unis d’Amérique. Sékou Touré est parti en laissant les richesses guinéennes intactes.
Quant au général Lansana Conté, c’est le cafouillage et le désordre. La quasi-totalité de ses biens ont été dilapidés par ses enfants. Même ses effets personnels ont été bazardés par ses « fainéants » d’enfants. Son parc auto vidé dès les premières heures par son défunt fils ainé, colonel de son état. Selon une information reçue d’un proche de la famille Conté, une des villas cossues du président Conté qui valait 45 milliards a été bradé au prix de 127 millions. Les maisons, les meubles de luxe, les plantations, les habits de valeurs, les terrains nus…tous ont été liquidés par les enfants, sans consulter les membres de la famille.
Le Parti de l’Unité et du Progrès qui l’a porté au pouvoir, trois fois est aujourd’hui l’ombre de lui-même. Les militants ont déserté les rangs pour aller à la soupe du côté du RPG Arc-en-ciel. Le PUP qui du vivant de Conté drainait du monde ne représente plus rien aujourd’hui. Ainsi, à l’image du PDG RDA en difficulté après le décès du président Sekou Touré, le PUP est à l’agonie depuis la disparition du général Lansana Conté. Son parti n’a eu aucun député à l’Assemblée nationale depuis sa mort.
De ces deux anciens Chefs d’Etats qui ont dirigé la Guinée d’une main de fer durant des décennies, il ne reste presque rien. Aucun de leurs progénitures, excepté Aminata Touré, ne s’est mis en surface pour émerger.