L’adoption du chronogramme de la transition, proposé par le CNRD, à la virgule près, déchaîne les passions dans le landerneau politique. Face à ce climat de tension, sur fond d’échanges à fleurets peu mouchetés, les autorités de la transition ont décidé de parer au plus pressé, en interdisant les manifestations de rue. Il n’en fallait pas plus pour les forces vives, opposées au CNRD, de ruer dans les brancards, en menaçant de battre le macadam.
La tension entre le CNRD et ses opposants vient d’atteindre son paroxysme suite à l’adoption par le CNT, du chronogramme de la transition, proposé par la junte militaire. Une adoption à la virgule près, serait-on tenté de dire, vu que les conseillers du CNT, dans leur écrasante majorité n’auront fait que raboter les 39 mois, de 3 mois seulement. Pour en garder les 36 mois, soit 3 ans comme durée de la transition. L’autre zone d’ombre qui met une louche à la colère de ceux qui contestent la démarche du duo CNRD, CNT, est le manque de précision sur le point de départ de cette transition. Le projet adopté par les conseillers ne comportant aucune mention de ce top départ.
Et c’est pendant que les forces vives ruminaient leur colère, contre ce chronogramme de la « discorde », que le CNRD a pris les devants pour annoncer l’interdiction de toutes les manifestations de rue, jusqu’en période de campagne électorale. Une manière de couper l’herbe sous les pieds des opposants à la junte, qui projetaient déjà de battre le pavé après le mois de ramadan.
La Coordination nationale du FNDC qui est très prompte à réagir « aux impairs » du CNRD, s’est fendue dans la foulée d’une déclaration pour condamner « cette interdiction en violation délibérée de l’article 8 de la charte de la transition et des conventions et traités internationaux auxquels la Guinée a souscrit. »
Pour le FNDC, « cette interdiction est l’expression de la volonté manifeste du CNRD de s’éterniser au pouvoir en muselant toutes les forces sociales et politiques du pays. »
Tout en invitant dans la foulée, « le peuple de Guinée à rester mobilisé et à l’écoute de l’annonce de la date de la reprise des manifestations citoyennes et pacifiques pour empêcher la confiscation du pouvoir par le CNRD au grand dam du retour rapide à l’ordre constitutionnel. »
C’est le même son de cloche à l’UFDG, tête de pont du G58 et des opposants à la junte. Où on ne décolère pas non plus suite à l’adoption de ce chronogramme de 36 mois, que le parti de Dalein trouve assez long pour une transition. Cette formation politique étant elle, pour une durée maximum de 15 mois.
L’autre acteur qui n’est pas resté indifférent à cette mesure d’interdiction des manifestations de rue est l’OGDH, qui ne cache pas sa préoccupation par cette restriction des libertés envisagée par la junte.
L’OGDH rappelle en outre que « la République de Guinée est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples qui garantissent tous le droit de manifestation. A ce titre, elle en appelle au CNRD à œuvrer pour garantir le respect du droit à la manifestation conformément aux obligations internationales souscrites librement. »
Le CNT accusé d’avoir ouvert la boîte de pandores, pour avoir outrepassé ses prérogatives, reste pour le moment de marbre. Car cet organe qui joue le rôle du législatif, est considéré par la junte comme un creuset des forces vives de la nation. Contrairement aux indignés qui lui dénient tout pouvoir de légiférer au nom des forces vives.