Pour justifier son coup de force contre le pouvoir d’Alpha Condé, le président du Comité national pour le redressement et le développement (CNRD) a pointé du doigt à des pratiques de corruption, de népotisme, de politisation de l’administration publique et de personnalisation du pouvoir. C’est comme si le président déchu Alpha Condé en personne, s’était aussi ravisé sur les dégâts causés par sa gouvernance en plus de dix ans. En décidant de mettre son troisième mandat à profit, pour changer de braquet. Mais c’était trop tard. Le « gouverner autrement » a été tué dans l’œuf par ce putsch libérateur, venu mettre fin à l’excès de zèle des cadres véreux et des députés affairistes. Votre quotidien électronique Guineenews© se fait le devoir de rappeler en quatre (4) actes, la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase et entraîner la chute du monarque.
L’affaire des 1300 milliards de majoration des salaires
Pour contourner le dispositif de sécurisation des finances mis en place par l’ancien chef de l’Etat, à travers le blocage de tous les paiements, y compris les dépenses de fonctionnement, le paiement des prestataires de service avec lesquels l’Etat fait affaires, le budget de souveraineté entre autres, les fossoyeurs de l’économie guinéenne tapis au sein de l’administration publique, avaient trouvé le stratagème portant sur la hausse des dépenses de personnel de l’administration et des institutions de la république qui fonctionnaient au désidérata du chef de l’Etat.
A la faveur du projet de loi des finances rectificatives (PLFR 2021). C’est ainsi qu’en se basant sur le titre 2 de ce projet, ils avaient procédé à une augmentation de plus de 1300 milliards francs guinéens des dépenses de personnel, considérées fictives somme toute. La magouille par du ministère de la fonction publique qui détient le fichier des travailleurs avec des doublons au ministère du budget avec ses services connexes que sont la comptabilité, la billetterie, la division solde, les ressources humaines, les affaires administratives et financières et le contrôle financier qui est souvent mis devant les faits accomplis.
Le hic dans tout ça, à part la police nationale, c’est qu’il n’y avait eu ni recrutement de personnel ni majoration de salaires des agents de la fonction publique, encore moins d’augmentation de salaire de ceux des institutions de la république. Comme nous le rappelions d’ailleurs dans une de nos enquêtes, à l’époque. Lire ou relire :
A cela s’ajoute le gonflement ignominieux des budgets de certaines institutions dont la Présidence de la République, l’Assemblée Nationale et certains ministères. Le tout dans le simple souci de pomper l’argent public.
L’adoption de la Loi de finances polémique par des députés intéressés
L’adoption le 2 septembre dernier de la Loi de finances rectificative (LFR) par les « députés » mal élus pour un budget arrêté au montant de 25 mille 783 milliards 96 millions GNF en recettes contre une prévision initiale de 23 mille 511 milliards 64 millions GNF, soit un accroissement de 9,66%, avait ému l’opinion. Il faut toutefois préciser que malgré la pression au moins un ou deux « députés » ont refusé de voter ce projet de loi scandaleux de détournement des fonds publics. L’image en dit long !
L’argument avancé étant que ledit projet de loi de finances rectificative avait été élaboré, en tenant compte d’une révision des objectifs budgétaires, afin de maintenir la stabilité macroéconomique, ne tenait nullement la route.
Ou la « restructuration de l’administration ; le contrôle et les audits concernant les ressources affectées aux collectivités et communautés à la base ; l’amélioration de la qualité de vie dans la zone spéciale de Conakry et ; les initiatives et programmes en faveur des jeunes et des femmes ». De l’enfumage pur et simple.
À lire aussi
Un ministre du Budget à court d’arguments
Face au tollé suscité par l’adoption de cette loi de finances rectificatives, le ministre du Budget d’alors, Ismaël Dioubaté était monté sur ses grands chevaux pour tenter de faire passer la pilule amère. C’était à la faveur d’un point de presse animé le samedi 4 septembre 2021. La veille du coup d’Etat du CNRD.
Il avait saisi l’occasion pour justifier l’élaboration de la Loi de Finances Rectificative 2021. En soulignant que cette LFR 2021 a été marquée par la nouvelle dynamique de gouvernance économique « gouverner autrement » prônée par le président de la République qui aboutit à la signature des contrats de performance avec les régies de recettes. Du déjà entendu.
La junte serre la vis sur les dépenses de personnel
Le colonel Mamadi Doumbouya, une fois au pouvoir, s’est empressé de serrer la vis par le gel des dépenses. Lire ou relire :
Le décret pris dans le cadre de ce gel précise en effet que « les dépenses de personnel pour toutes les institutions républicaines et les départements ministériels, telles que prévues dans la Loi précitée sont gelées et renvoyées au crédit correspondant figurant dans la Loi de finance initiale, exercice 2021 ».
Ce coup de force sonne comme une malédiction qui s’est abattue sur la caste d’affairistes qui vivaient comme des rentiers sur le dos de la république.
Car c’est un secret de polichinelle de dire que la corruption, le détournement des deniers publics, la collusion, le népotisme, le clientélisme, le trafic d’influence, l’injustice…ont été toujours érigés en système de gouvernance en Guinée. Cela depuis des lustres.
Avec l’arrivée d’Alpha Condé, opposant historique, qui a roulé sa bosse durant 40 ans, avec l’argument de vouloir libérer les Guinéens du joug des dictatures, on pensait enfin à une rupture avec ces pratiques d’un autre âge.
Mais très malheureusement, inexpérimenté qu’il était dans la gestion des affaires et voulant mourir au pouvoir, il a voulu ménager le chou et la chèvre. Conséquence, ces pratiques ont explosé de façon exponentielle sous sa gouvernance, au détriment du peuple de Guinée.
Et c’est ce qui lui a explosé à la figure en plein jour.