Depuis que le chef de l’Etat a bloqué tous les paiements (dépenses de fonctionnement, paiement des prestataires de service avec lesquels l’Etat fait affaires, budget de souveraineté…), les nids de vol et de détournement des fonds publics ont considérablement diminué. Ceci étant, les fossoyeurs de l’économie guinéenne incrustés dans l’administration publique, ont trouvé une autre façon de détourner l’argent du contribuable guinéen. C’est le cas du titre 2 (dépenses de personnel de l’administration et des institutions de la république) du projet de loi des finances rectificatives (PLFR 2021). Dans l’ensemble, le titre 2 a augmenté de plus de 1300 milliards francs guinéens en moins de 4 mois de la fin de l’exercice budgétaire. Alors qu’en réalité, il n’y a eu ni recrutement de personnel ni majoration de salaires de personnel de la fonction publique encore moins d’augmentation de salaire de ceux des institutions de la république.
Les ingénieurs en vol ont recouru à ce subterfuge car le président de la république est strict sur les autres dépenses de fonctionnement, en n’autorisant depuis le début de l’année qu’environ l’exécution de 10% desdites dépenses. A contrario, il est moins regardant sur les dépenses liées au personnel, notamment les salaires.
Le PLFR 2021 est déjà sur la table des députés qui doivent l’examiner mais ses chances de succès restent maigres au regard des montants faramineux qui s’y trouvent, et qui ne peuvent être justifiés. Les députés, du moins l’écrasante majorité, s’apprêteraient à voter contre !
Les cas les plus flagrants…..
Si dans le cas général, le budget de la présidence notamment les dépenses de personnel ont augmenté de façon vertigineuse, l’on justifierait cette augmentation par le nombre pléthorique de directions, agences et autres entités publiques qui y sont rattachées. Par contre, dans les départements ministériels et les institutions de la république, rien ne justifierait l’augmentation des dépenses liées au personnel.
L’examen minutieux du PLFR 2021 que Guineenews© a consulté permet de déceler ces quelques cas qui frisent la frustration sur les dépenses de personnel, surtout que ce sont des charges fixes qui n’augmentent pas selon les prévisions initiales :
1- Ministère de la jeunesse et de l’emploi jeune : initialement prévu 14 milliards, au final, 17 milliards, soit une augmentation de 3 milliards GNF.
2- Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique : initialement, 237 milliards et 366 milliards, soit une augmentation de plus de 129 milliards GNF.
3- Ministère de la Justice : initialement prévu 64 milliards et au final 188 milliards, soit aune majoration de 124 milliards GNF.
4- Cour suprême : initialement, on avait prévu plus de 7 milliards, au final, on se retrouve avec 122 milliards soit une majoration fantaisiste de 115 milliards.
5- Ministère de la sécurité et de la protection civile : initialement prévu 289 milliards et au final 391 milliards, soit une augmentation de 102 milliards GNF.
6- Ministère de l’économie et des finances : initialement 128 milliards et au final 211 milliards soit une augmentation de 83 milliards GNF.
7- Assemblée nationale : plus de 105 milliards initialement, au final 186 milliards, soit une augmentation de 80 milliards GNF.
8- Ministère de la fonction publique : 77 milliards initialement prévu et 112 milliards GNF, soit un écart de 34 milliards.
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9- Conseil économique et social : initialement, on avait 12 milliards, au final, 39 milliards, soit une augmentation de 28 milliards GNF.
10- Ministère des affaires étrangères : 99 milliards initialement prévus et au final 125 milliards, soit une augmentation de 26 milliards GNF.
11- Ministère de l’information et de la communication : 19 milliards prévus contre 36 milliards au final, soit une augmentation de 17 milliards.
12- Ministère des mines et de la géologie : 37 milliards prévus et au final 52 milliards, soit une majoration de 15 milliards GNF.
13- Cour des comptes : initialement prévu 16 milliards et final 28 milliards soit une augmentation de 12 milliards GNF.
14- Ministère de la coopération et de l’intégration africaine : initialement prévu 9 milliards, au final plus de 19 milliards soit une majoration de 10 milliards GNF.
15- Ministère des transports : initialement, on avait 30 milliards, au final on se retrouve avec plus de 38 milliards, soit une augmentation de 8 milliards.
Interrogé à propos de ces hausses, un haut commis de l’Etat, familier de la gestion des affaires publiques et du projet de loi de finances affirme sans ambiguïté que ce n’est ni plus ni moins qu’un détournement des fonds publics. « J’aurais compris qu’en temps de COVID-19 que le titre 2 du budget relatif aux dépenses de personnel des ministères de la Santé et de l’Éducation puisse connaître une majoration substantielle. Mais au-delà, à augmenter de façon flagrante les dépenses de personnel à moins de 4 mois de la fin de l’exercice budgétaire 2021, rien ne peut justifier cela dans le contexte actuel. Généralement, ils gonflent les budgets et exigent un retour de l’ascenseur pour alimenter toute la chaîne. Du moment où le président de la république a fermé toutes les vannes, il aurait fallu utiliser cette méthode pour s’enrichir illicitement…Sauf que c’est trop flagrant comme vous l’ avez constaté vous-mêmes », a-t-il précisé sous anonymat.
Les députés face à leur responsabilité
Devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, le ministère du Budget justifierait cette augmentation vertigineuse du titre 2 par de nouveaux recrutements (contractuels) au sein des départements sectoriels notamment à la police soit 1500 policiers et le statut particulier des magistrats du ministère de la Justice qui nécessite un traitement spécial. Sans convaincre les élus du peuple ! Or, il y a eu moins de nominations par décret et arrêté en 2021.
En réalité, l’augmentation pour ces deux cas (sécurité et justice) ne devrait même pas dépasser 200 milliards francs guinéens à se fier aux chiffres contenus dans le PLFR. Alors pourquoi les dépenses de personnel doivent augmenter quand on sait qu’il n’y a pas de décaissements ?
D’ailleurs, de source proche du parlement, l’on n’aurait jamais demandé la majoration de 80 milliards sur les dépenses de personnel. Ce qui fait que le président de l’Assemblée nationale aurait demandé le retrait de ce montant de son budget.
La question qui se pose désormais est de savoir si les députés accepteront-ils de voter ce projet de budget rectificatif qui constitue une véritable hécatombe financière de l’Etat au profit d’un groupe d’individus qui confondent les biens publics aux biens personnels ?
Les yeux restent rivés vers l’Assemblée nationale ce jeudi 2 septembre 2021 car les 1300 milliards de francs guinéens d’ajouts budgétaires ne sauraient être justifiables surtout que nos hôpitaux, écoles et universités manquent de tout ! A cet égard, l’augmentation des dépenses d’investissement aurait été compréhensible mais celles de personnel, est loin de coller à la réalité, estime un économiste indépendant.