La récente sortie du président colonel Mamady Doumbouya proposant la durée de la transition à 39 mois soit 3 ans et 3 mois, est en ce moment le sujet phare qui domine tous les débats dans la capitale de la Savane. La nouvelle, ce dimanche 1er mai 2022, est sur toutes les lèvres dans la circonscription de Kankan.
Que ce soit des représentants de la classe politique, des acteurs de la société civile ou des citoyens lambda, chacun y va de son commentaire mais le moins qu’on puisse dire, c’est que les points de vue, ne sont pas les mêmes.
Pour Mohamed Bangoura, administrateur civil, rencontré dans un bar café au quartier Timbo : « il n’y a aucun problème. S’il pense qu’il lui faut ces 3 ans et 3 mois, pour bien travailler je ne vois aucun inconvénient. Mais en tant que guinéen lambda issu d’aucun parti politique, pour moi c’est le respect du temps et des engagements qui compte. Parce qu’on a déjà connu des précédents ».
Antoine Dôbô Guilavogui, secrétaire fédéral de l’UFDG rencontré à son domicile au quartier Bordo, déplore cette situation : « c’est vraiment grave. 39 mois c’est trop. La Guinée est en train de retomber dans le trou. Mamady Doumbouya est en train de confisquer le pouvoir. Il n’a aucune envie de nous faire revenir à l’ordre constitutionnel. ».
Pour sa part, Lancinè Condé, secrétaire fédéral du Bloc Libéral : « C’est une bonne chose. Car ce pays a tant souffert. Il faut accepter ces 3 ans et 3 mois que demande la junte pour que la maison soit correctement balayée. Nous avons connu trop de malversations économiques, trop de délinquances au sommet de l’Etat orchestrées par des bandits aux cols blancs. Donc moi je suis pour cette proposition du président de la transition car il faudrait éviter d’aller vite en besogne comme le souhaiterait, les anciens politiques du pays ».
De son côté, Sékou Mohamed Sylla, commerçant de profession, conteste cette proposition en ces termes : « 3 ans 3 mois, pour une transition à mon avis c’est trop. La transition met un pays en retard. Depuis l’avènement d’Alpha jusqu’à maintenant, les Guinéens n’ont connu que de l’austérité. Le coup d’Etat n’a fait qu’empirer la situation. Donc pour moi, 2 ans suffiraient largement. Même pour manger c’est difficile, donc qu’ils fassent ce qu’il peuvent faire en 2 ans et laissent leur successeur continuer le reste ».
Bangaly Sylla, jeune acteur de la société civile, rencontré également à son domicile sis au quartier Briqueterie, trouve que : « la proposition est raisonnable. Car, on a tendance à croire dans notre pays que tout se résume à l’organisation des élections. Ce n’est pas vrai. Il faut faire le recensement, assainir le fichier, écrire une nouvelle constitution basée sur les réalités guinéennes, la faire adopter par le peuple, pour ne pas que le prochain qui vient nous joue le même tour que ce qu’à fait Alpha Condé. Donc je pense qu’au vu de tout ceci, on ne peut pas aller dans la précipitation ».
Enfin, Hadja Mady Kaba, coordinateur régional du PADES à Kankan pense que : « Ce que le CNRD a déjà fait en 8 mois est appréciable. Ces 3 ans ne sont pas très longs, vu le niveau de nettoyage qui est cours. Ce dont des civils ont été incapables durant plus de 10, 11 ans, si un militaire en 8 mois commence à produire des résultats et qu’il propose 3 ans, 3 mois, nous le soutenons à merveille ».
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