La délocalisation du conseil ordinaire des ministres dans les capitales régionales, dont la première séance s’est tenue ce jeudi dans la ville de N’Zérékoré, obéirait à un agenda politique bien mûri, visant à by passer les acteurs politiques, pour bien vendre le chronogramme de 36 mois de transition. C’est comme si le gouvernement de la transition donnait l’impression, qu’en allant au contact direct des populations à la base, son message tomberait dans de bonnes oreilles.
Ce qui lui garantirait une plus-value politique, au moment où la moutarde est en train de monter au nez d’une frange importante des forces vives, hostile à ce chronogramme défini par les autorités de la transition.
En attendant de connaître l’épilogue du méli-mélo politique provoqué par l’adoption par le Conseil national de la transition du chronogramme de 36 mois proposé par la junte, le gouvernement de la transition a pris le taureau par les cornes, en usant de la stratégie du porte-à-porte. C’est dans cette optique que se situerait en effet cette délocalisation du conseil des ministres, dans les provinces intérieures.
Une première expérience qui a débuté par la capitale forestière. Où ce jeudi, le conseil des ministres s’est tenu en l’absence du président de la transition. En prélude à cette séance, qui a focalisé toutes les attentions, les membres du gouvernement ont sillonné les préfectures de la région, pour vendre le projet du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD). En vue de justifier le bien fondé des 36 mois, proposés comme durée de la transition.
La junte a saisi cette occasion pour faire coup double, à travers des effets d’annonce relatifs à la réalisation d’infrastructures d’utilité publique, la création d’emplois pour la jeunesse. Pour la sortir de son oisiveté. Tout en prenant soin d’exhorter les populations à privilégier la paix, la concorde nationale, et l’harmonie dans leur vie de tous les jours.
Pour sa part, le Premier ministre n’a pas manqué de convier la jeunesse de N’Zérékoré à faire preuve de sagacité, pour ne pas se laisser mener par le bout du nez, dans des querelles politiciennes, susceptibles de dégénérer en violences aveugles.
Cette manière d’anticiper, pour investir le terrain de jeu favori des acteurs politiques, dans le but sans doute de les couper de leurs bases, provoque des grincements de dents dans les rangs des indignés. Qui pensent que cette manœuvre dilatoire ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau.