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Aïd El Fitr: voici l’essentiel du sermon « osé » du grand imam de Conakry

Les fidèles musulmans de Guinée, à l’instar de leurs coreligionnaires du monde, ont célébré le lundi 2 mai la fête de Ramadan.

Le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya s’est acquitté de cette obligation religieuse au palais Mohamed V à Kaloum. C’est le premier imam de la grande mosquée Fayçal qui a dirigé la prière sous une pluie battante.

Une clémence de dame nature dont s’est particulièrement réjouie  Elhadj Mamadou Saliou Camara.

Pour le reste, le grand imam de Conakry a  tenu en soussou un sermon très osé vis-à-vis des nouvelles autorités et globalement bien apprécié dans la cité, dont Guineenews vous livre ci-dessous l’essentiel de son  contenu.

«La pluie d’aujourd’hui, jour de fête, montre que nos prières sont exaucées (…). Nous avons tous un seul souci… Dieu a tout donné à notre pays, un pays où il pleut abondamment, un pays riche en or, riche en fer et riche en diamant… A tout ceux-ci, s’ajoutent les cours d’eauqui l’arroge en abondance.  Pourquoi en dépit de ces fabuleux dons, la Guinée reste toujours en retard ? (…). Personne ne viendra développer notre pays à notre place (…). C’est Dieu qui donne le pouvoir à qui il veut. Il donne l’argent à qui il veut également. C’est lui qui donne la longévité contre rien (…). Quand le prophète Mohamet est décédé (PSL), son successeur a été Aboubakr Sidiki. Dans son premier discours, il a rappelé qu’il n’est au-dessus de personne.

Aujourd’hui, la Guinée et l’ensemble de ses richesses appartiennent à notre chef de l’Etat. Celui-ci souffre plus que quiconque dans ce pays. Il n’a pas la paix du cœur, et il dort moins.

C’est Dieu qui lui a confié les destinées de notre pays. Que Dieu l’assiste pour qu’il puisse supporter cette lourde charge (…).

Si Dieu veut le bonheur d’un  chef, il  l’entoure de bonnes personnes. En revanche, s’il veut le faire souffrir, il  lui donnera de mauvaises personnes comme collaborateurs. Que Dieu épargne notre président des mauvaises personnes (…).

Il y avait un roi qui avait envoyé son prince héritier pour des études afin qu’il lui succède un jour. Le prince a bien étudié, il était sur le point de dépasser son maître. Quand il lui restait un mois pour son retour, son maître a appelé les jeunes qui l’ont tendu avant de le battre avec du fouet comme un voleur. Sans lui en donner la moindre raison, il l’a accompagné chez son père, le roi.

Quelques années plus tard, le prince a succédé à son père après le décès de ce dernier. Une fois au trône, sa première convocation a été adressée à son maître. Il l’a fait venir manu militari pour lui prouver qu’il est le chef. Tout en laissant entendre que ce dernier l’avait battu comme un vulgaire voleur sans cause. Aujourd’hui, s’il ne donne pas la raison, qu’il le fera battre à son tour.

Le maître a répondu que son père, roi à l’époque, lui avait confié que son fils, le prince  qu’il est, devrait lui succéder un jour. Le maître a tenu en plus à rappeler au  jeune prince héritier désormais au trône qu’il lui a fait assez de bonnes choses durant ses années d’études. Il s’est interrogé pourquoi il a tout oublié sauf ce seul pêché ?  Avant d’expliquer enfin au jeune roi  les raisons  ayant motivé son acte ce jour. Il argue avoir agi de la sorte ce jour pour que le prince héritier  qu’il était, sache une fois au trône un jour que le pêché fait mal. C’est autant dire en d’autres termes que quand  on est chef, on doit éviter  de commettre des péchés. Lorsqu’il a fini, le jeune roi a fondu  en larmes avant de se jeter dans les bras de son maître. Il a déclaré qu’il a assimilé cette leçon mieux  que toutes les autres.

C’est pourquoi j’en appelle à la clémence  du chef de l’État pour qu’il pardonne tout ce qui lui  est arrivé lorsque qu’il était soldat. Quiconque vous a fait quelque chose de mauvais au moment où vous étiez soldat, aujourd’hui au pouvoir, pardonnez-leur… »

A l’issue de ce sermon, Elhadj Mamadou Saliou Camara a prolongé via la presse ses conseils à l’endroit de l’ensemble des Guinéens et de leurs autorités en ces termes :

 » Aujourd’hui est un grand jour pour les fidèles musulmans, c’est la fin du jeûne du mois de Ramadan. La Guinée n’est pas une terre pauvre, c’est un pays riche. Dieu a tout donné à la Guinée pour son développement. C’est à cause des malentendus que notre pays est en retard, nous sommes divisés. A cause de cette division, notre pays, plus qu’un retard, est en panne. Après le retard, on peut avancer, mais une fois en panne, il faut dépanner. Je demande au peuple de Guinée de rester fidèle à leur pays et de rester toujours un bon patriote. Un chef de doit pas être rancunier, il doit être courageux pour diriger un peuple…»                  

Lire vidéo :

 

Propos transcrits et transmis par Sékou Sano

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