Située dans la zone industrielle de Kourouni, dans la commune urbaine, l’usine d’égrainage de coton de Siguiri est à l’arrêt depuis plusieurs décennies. Une situation qui a mis en péril le travail et la vie de la centaine de personnes qu’elle embauchait. Les installations sont tombées en ruine, les 13 hectares du site qui les héberge sont aujourd’hui anarchiquement squattés.
Interrogé sur les raisons de cette faillite, son directeur, Sékou Oularé confie : « ce projet est le fruit de la compagnie guinéenne de coton. Mais depuis que le directeur général Mama Tounkara est décédé en 2000. Et depuis, la descente aux enfers a commencé. L’usine a cessé de fonctionner en 2003 et finalement, voilà où nous en sommes. Actuellement, c’est un gardien qui est engagé pour sécuriser les installations afin que des personnes mal intentionnées n’y viennent voler. Si l’État cherche un partenaire fiable, l’usine peut reprendre. »
Pendant ce temps, les travailleurs que l’usine employait tirent le diable par la queue. En tout cas, c’est ce que témoigne Ibrahima Cissé, ancien chauffeur à l’usine : « depuis l’arrêt de l’usine, je suis obligé de me rabattre sur l’exploitation artisanale de l’or pour pouvoir faire face aux besoins de ma famille. Beaucoup d’entre nous sont sans ressources et sans espoir aujourd’hui. C’est pourquoi nous demandons aux autorités de trouver très rapidement un partenaire stratégique fiable pour relancer cette usine. »
Au niveau des cotonculteurs locaux, ce coup d’arrêt de l’usine les oblige à s’orienter vers le Mali voisin afin d’écouler leurs productions.
« La lenteur dans l’achat du coton a découragé plusieurs paysans. C’est la raison pour laquelle beaucoup de producteurs vendent leur coton en République du Mali. Quand tu récoltes ton coton, l’objectif, c’est de le vendre dans un bref délai pour ne pas perdre. Il fut des moments où les paysans étaient obligés d’attendre jusqu’à trois mois voire toute année pour entrer en possession de ton argent. Voilà ce qui a découragé beaucoup d’entre nous. Il y’a certains parmi nous qui partent vendre aux maliens », a expliqué Mamadi Sidibé, un cotonculteur du district de Kamaya.
Il faut rappeler que cette usine d’égrainage avait une capacité de production de 20.000 tonnes par an.