Après avoir secoué Tibou Kamara, le Conseiller personnel du président déchu, porte-parole du gouvernement dissout, ministre d’Etat, ministre de l’Industrie et lui avoir fermé la bouche, c’est à l’argentier Sylla Bill Gates, l’ex Intendant de la Présidence de la République, de recevoir une visite musclée des éléments des Forces Spéciales pour la récupération des biens de l’Etat qu’il garderait par devers lui. C’est vrai ! Pas de chasse aux sorcières…mais la chasse à l’argent et aux biens de l’Etat détournés s’avère nécessaire…C’est la voie que semble emprunter les nouvelles autorités du pays.
Les sommes d’argent planquées ailleurs, dans les banques ou au sous-sol et dans les cuves à eau sur les toits des domiciles familiales, les voitures de luxe, les pick-up, les véhicules 4×4, les groupes électrogènes, les meubles achetés avec l’argent public, les immeubles, les unités industrielles, les écoles, les universités implantées à travers le pays avec l’argent du contribuable guinéen, les sociétés écrans, les superettes, les galeries ouvertes dans les quartiers et autres biens acquis par voie de corruption et de fraude, doivent être récupérés.
C’est le combat du Colonel Doumbouya et son équipe, qui viennent de mettre en place la commission de récupération des biens de l’Etat. Depuis l’annonce de l’installation de cette commission, c’est la tempête, la panique dans le camp des anciens dignitaires du régime Alpha.
SOS : les anciens ministres du régime Alpha, sollicitent l’aide des parents et amis !
Sous l’effet de l’épée de Damoclès qui plane sur leur tête, les anciens ministres et autres hauts cadres du régime Alpha sont paniqués. Ils attendent frileux les visites inopinées tels une poule et ses poussins dans la basse-cour, regardant la peur au ventre, le tournoiement de l’épervier dans le ciel. Interdits de quitter le pays avec gel de biens et surveillés comme de l’huile sur le feu, ceux qui, hier faisaient la pluie et le beau temps, sont aujourd’hui aux abois. Pour ne pas tout perdre et se retrouver sur le carreau, beaucoup sollicitent le soutien des parents et amis.
Tenez ! Depuis la mise en place de la commission, beaucoup d’entre eux, ont fait vider leurs résidences. Leurs voitures ont été déposées dans des garages et aux domiciles des connaissances. D’où le trop plein des parcs autos et garages mécaniques ces jours-ci. Tous les garages de Conakry sont aujourd’hui bondés de véhicules sortis d’usine qui proviennent pour la plupart des domiciles des anciennes autorités. Une stratégie pour échapper aux contrôles des éléments de forces spéciales, les nouveaux hommes forts du pays. Tous ceux qui ont étroitement collaboré avec l’ancien président Alpha Condé, ses compagnons, ces ministres qui se sont enrichis illicitement ne sont plus à l’aise.
De fortes sommes d’argent retrouvées dans les cuves aux domiciles des anciens dignitaires ?
Curieuse, cette nouvelle qui nous a été rapportée par un agent des services de renseignements généraux, qui a voulu garder l’anonymat. Cet agent dévoué pour les nouvelles autorités, nous apprend que, suite à une information d’une femme de ménage, des éléments des forces spéciales ont effectué une visite surprise aux domiciles de certains ministres et hauts cadres du régime déchu où ils ont découvert de fortes sommes d’argent cachées dans les cuves à eau. « Une femme de ménage qui travaille chez un ancien président d’une des plus grandes institutions du pays, m’a informé au cours d’une causerie, qu’elle a remarqué que chaque nuit, l’un des manœuvres de leur patron monte sur le toit de la maison pour descendre avec un sac ou un sachet plein d’argent. Et on lui remet par la suite un montant pour les dépenses journalières. Après l’avoir écouté avec beaucoup d’attention, j’ai alerté qui de droit. C’est ainsi que des visites surprises furent organisées la semaine dernière aux domiciles de plusieurs ministres et directeurs de régies financières. Les éléments rendus sur les lieux ont effectivement découvert de grosses sommes d’argent (des liasses de francs guinéens et de devises) dans les cuves à eau assises sur les toits des maisons ou sur les chantiers », nous apprend l’agent indicateur qui nous a suppliés de ne pas le citer.
A côté de cette dernière opération dite, « opération épervier » qui plane sur les toits des maisons des dirigeants du régime balayé le 5 septembre dernier, il y a d’autres visites surprises qui troublent le sommeil de l’équipe de Kassory.
L’argent du peuple…Bien mal acquis….
« Bien mal acquis ne profite jamais », dit le proverbe. En réalité, les anciens ministres, les directeurs de régie, les hauts cadres et leurs familles profitent en toute impunité des milliards qu’ils ont volés à la Guinée et placés à l’étranger, sur des comptes en banque ou dans des demeures de prestige. A juste titre, un haut fonctionnaire de l’Union Européenne nous confira, sous le sceau de l’anonymat « les actifs guinéens volés détenus dans des comptes en banque à l’étranger équivalent à plus de la moitié de la dette externe du pays »
Depuis des dizaines d’années donc, le produit des détournements de fonds publics et de la corruption à des fins d’enrichissement personnel par les autorités au pouvoir a été placé en sécurité dans les pays développés ou les paradis fiscaux et judiciaires. Ce que Jean Ziegler, ancien député suisse, qualifie « d’hémorragie des capitaux organisée »
A combien peut-on estimer les sommes détournées ?
Il est très difficile d’estimer le montant global des biens mal acquis durant les mandats du Pr Alpha Condé. Les sommes peuvent varier du simple au double.
D’une part, beaucoup de fonds détournés ont été blanchis et transférés dans différents comptes bancaires, la plupart du temps par l’intermédiaire de paradis fiscaux et judiciaires. Il n’y a donc aucune traçabilité des fonds et les détenteurs des comptes bancaires n’ont souvent que peu de rapport avec les dirigeants qui ont détourné ces fonds : création de trusts, de sociétés écrans dans les paradis fiscaux, détournements de fonds par l’intermédiaire de fondations ou de charité, transfert d’argent casch .
D’autre part, il est très difficile de recueillir les preuves et les sources démontrant le caractère illicite de ces fonds, particulièrement en Guinée : corruption étendue à tout le clan au pouvoir (clientélisme), complaisance des banques et souvent des pays étrangers et des institutions internationales
Au niveau quantitatif donc, les avoirs détournés par les barons du régime Alpha, ces dix dernières années, se chiffrent à de millions de dollars. Aujourd’hui, les Guinéens qui ont longtemps subi, demandent avec force que leur soient restituées ces richesses accumulées illicitement. Ils crient sur tous les toits en demandant à l’équipe du colonel Doumbouya et à ses hommes de « saisir et restituer les biens mal acquis et les avoirs détournés par les dirigeants du régime Alpha Condé et leurs complices. » Et c’est à juste raison car, ce pillage représente un frein au développement
Le CNRD de Mamadi Doumbouya pourra-t-il récupérer les fonds détournés par Alpha et sa clique ?
Quand on sait que beaucoup parmi eux ont placé leurs avoirs dans les paradis fiscaux, il va falloir s’en dire que la tâche ne sera pas facile.
Tout le monde le sait. Les paradis fiscaux et judiciaires constituent un obstacle majeur au recouvrement des avoirs d’origine illicite. Ils offrent à leurs utilisateurs faibles imposition et opacité garanties, minimisent l’espoir que les pays spoliés recouvrent un jour les milliards envolés et rendent très difficile la localisation des avoirs volés, car le secret bancaire et de multiples entités juridiques (trust, fondations etc.) permettent de masquer le véritable propriétaire des fonds. Ils favorisent ainsi le blanchiment de l’argent volé et son recyclage dans l’économie légale et permettent de transférer très rapidement les capitaux traqués (ou susceptibles de l’être) dans des lieux où on pourra difficilement venir les chercher.
En un mot, le sujet des avoirs et biens d’origine illicite est particulièrement difficile à appréhender, tant les cadres guinéens auteurs des infractions en cause ont pris soin d’entourer les mécanismes d’évaporation des capitaux de la plus grande opacité, garante d’impunité.