Le message à la nation du président de la transition à la faveur du passage au nouvel an, continue de susciter des réactions dans les landerneaux politique et social guinéens. Si certains politiques ont exprimé leur satisfaction vis-à-vis du discours du col. Mamadi Doumbouya, d’autres en revanche, émettent des réserves et posent des questions. Tel est le cas du président du Bloc Libéral, Dr Lansana Faya Millimouno. Celui-ci s’interroge sur la fixation de la date des élections communales, affirmant ne pas vouloir continuer à signer des chèques en blanc.
A l’entame de ses propos, Dr Faya affirme avoir suivi avec intérêt le discours du président de la transition. Cependant, en ce qui concerne le remplacement des Conseils communaux par des délégations spéciales, il estime que ce processus intervient un peu tard.
« Nous avons tous suivi le président et écouté avec la plus grande attention le message qu’il avait pour le peuple de Guinée. Nous avons retenu, entre autres, le fait que durant cette période transitoire, la constitution en cours d’élaboration fera l’objet d’un référendum. Un autre élément que nous avons retenu, est le remplacement de tous les Conseils communaux dont les mandats sont périmés par des délégations spéciales. Beaucoup d’acteurs politiques, sociaux dont nous faisons partie, avaient exprimé le souhait que dès le moment où nous avons destitué un président élu, dès le moment où nous avons dissous un parlement élu, dès le moment où nous avons suspendu le fonctionnement de certaines institutions républicaines, nous aurions également dû mettre fin aux mandats des élus locaux. Le fait d’attendre que leurs mandats expirent pour les remplacer par des délégations spéciales, est quelque chose que nous suivons de très près. Nous souhaitons connaître la manière dont le processus sera organisé », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne le discours du président de la transition, Faya Millimouno a soulevé plusieurs interrogations, notamment la date prévue pour les élections communales. « Ce à quoi nous nous attendions et que nous n’avons pas obtenu, c’est la date du référendum. Parce que savoir quand aura lieu ce référendum nous donnerait une idée du moment où le projet ou l’avant-projet de Constitution sera rendu public. Même si nous avons eu un débat sur l’orientation constitutionnelle, le débat suscité par la présentation de l’avant-projet de constitution sera plus intéressant. Nous sommes très attentifs à la nature du futur contrat social entre l’État guinéen et le peuple de Guinée. Nous ne pouvons plus continuer à signer des chèques en blanc pour des présidents qui se comportent comme des dieux. C’est pourquoi nous attendons ce moment-là. Nous attendons de savoir combien de niveaux de gouvernement seront proposés, car nous n’en voulons pas beaucoup. Nous attendons de savoir si le président de la République aura encore la liberté d’avoir deux gouvernements, comme c’était le cas avec Alpha Condé. Son gouvernement pléthorique et son deuxième gouvernement en tant que ministre conseiller à la présidence. Cela coûte extrêmement cher pour des résultats limités.
Sur le plan infrastructurel et économique, le président du Bloc Libéral a regretté que moins de ressources soient souvent allouées aux structures déconcentrées. « Le discours du président a abordé de nombreux sujets tels que les réalisations, les progrès économiques et les grands projets en cours, notamment Simandou. Tout cela est extrêmement important. Cependant, nous nous posons des questions sur la manière dont la richesse créée est partagée dans notre pays. En ce qui nous concerne, je suis constamment sur les routes, me déplaçant parfois de district en district, de sous-préfecture en sous-préfecture. On a l’impression que Conakry demeure toujours la Guinée comme par le passé. Même dans le dernier projet de loi de Finances Initiales 2024, il est clairement indiqué que seulement 20% du budget de fonctionnement de l’administration publique sont alloués aux structures déconcentrées de l’État. En examinant les transferts vers les collectivités décentralisées, je reste sur ma faim. Car, ils sont assez dérisoires », a-t-il déploré.