En ces moments où les ordures notamment celles faites de matières plastiques continuent de polluer dangereusement l’écosystème en République de Guinée, avec tous ses corollaires sur la vie des générations actuelles et celles à venir, des artisans locaux de Labé à l’image de Mamadou Lamarana Barry, très connu sous le petit sobriquet de Lama Poréwol (Lama plastique ou caoutchouc, littéralement traduit en français), se démarquent dans la collecte et la transformation des pneus usés. Pour mieux comprendre son business, Guinéenews s’est invité dans son univers.
Installé en plein cœur de la ville de Labé, précisément au quartier Dow-Saré, situé non loin de la grande mosquée, Lama Poréwol est pratiquement la seule personne qui s’intéresse aux pneus usés qui pullulent dans les 28 quartiers de la commune urbaine. Des pneus qu’il recycle en leur donnant une seconde vie afin de réduire l’ampleur du phénomène de la pollution de l’environnement.
« Chaque matin, on se constitue en deux équipes sur de terrain. Parfois, on utilise des motos tricycles, des fois, des motos ordinaires pour aller à la collecte des pneus qu’on trouve très souvent chez les vulgarisateurs. Ces derniers nous vendent les pneus selon leur qualité. Parfois, on achète à 100 mille francs guinéens, parfois à 50 mille voire 5 000 francs. Il y a même des pneus de 1 000 GNF. Chaque jour, on achète jusqu’à près de 50 pneus », a-t-il déclaré.
Après la collecte, Lama et son équipe se consacrent à la transformation des pneus. « Par jour, je peux travailler sur au moins 35 pneus. Un seul pneu est découpé en quatre à cinq parties. Par exemple, certaines parties sont destinées aux cordonniers qui les utilisent dans la confection des chaussures en cuir. D’autres sont utilisées par d’autres personnes qui en font autres choses. Il y a même des parties qui servent de pièces destinées aux véhicules. Ces bouts de caoutchouc servent souvent à renforcer d’autres pièces sur les véhicules. Enfin, les résidus qui intéressent certains jeunes qui récupérèrent les fils de fer que ces pneus contiennent. Ils les utilisent comme alliages dans les fourneaux à charbon comme des attaches dans les bétons ou dans la clôture des champs », nous a confiés Lama Poréwol.
Après cette opération, c’est une multitude de clients qui se bousculent à la porte de Lama Poréwol pour s’offrir l’une de ses nombreuses gammes de produits qu’il fabrique tous les jours. « Par jour, j’ai au moins 10 à 20 clients. Ils viennent tous sur rendez-vous. Car, certains viennent de Mali. Mais la grande majorité de ma clientèle vient de la commune urbaine de Labé. Exceptionnellement, la semaine dernière, on a servi des cordonniers venus de la région de Mamou », a-t-il précisé.
Avec ce métier de recyclage, cet artisan gagne sa vie avec une certaine marge de bénéfice assez encourageante. « Chez moi, il y a toutes sortes de prix… Les gens prennent en gros chez nous. Tout dépend de la qualité du pneu et franchement, nous y gagnons notre pain quotidien. Car, on peut y avoir deux fois le prix d’un pneu après sa transformation », a voué Mamadou Lamarana Barry.
Avec cet art qui ne laisse pratiquement pas de résidu, on pourrait bien se débarrasser des pneus usés qui envahissent partout et toutes les localités du pays, de la capitale au dernier hameau. En promouvant de telles initiatives privées et isolées, l’Etat aura fait un pas important dans la lutte contre la pollution urbaine et surtout contre les matières plastiques qui ne sont guère biodégradables. Qui a dit qu’il n’y a pas de sot métier?