Considérée comme l’une des villes les plus importantes de la Guinée derrière Conakry, La ville de Labé devient petit à petit un « paradis » pour les institutions bancaires de la Guinée qui, après Conakry la capitale, cherche aussitôt à élargir leur champ d’action vers l’intérieur du pays. Et Labé semble être en pôle position dans le second choix des promoteurs de banque, a constaté sur place votre quotidien électronique Guinéenews.
Depuis les années 2 000, époque avant laquelle la cité de Karamoko Alpha ne disposait que de la BCRG (Banque centrale de la république de Guinée) et la BICIGUI (Banque internationale pour le commerce et l’industrie en Guinée) comme agences locales de banque, les institutions bancaires se bousculent à l’entrée de la capitale du Foutah Djallon.
Chaque année, on assiste à l’installation d’une nouvelle agence bancaire. Ce qui fait que de nos jours, que la commune urbaine de Labé dispose d’une dizaine de banques. Toutes concentrées au centre ville entre les quartiers de Mairie, Paraya et Dow Saré, un boulevard spécial appelé désormais rue des banques a été attribué à ces institutions de banques primaires.
« C’est une fierté pour moi d’être natif de cette ville (Labé), rien qu’en voyant ces agences bancaires se développer de part et d’autre, c’est une fierté. Car ça prouve que Labé est une grande ville et que c’est la seconde capitale économique de la république de Guinée. Vous savez, le fait que le commerce soit très développé dans cette ville, les institutions bancaires vont naturellement se développer ici et c’est une excellente chose pour notre Labé natal », s’est réjoui Alhassane Sow, un citoyen de Labé.
Economiste de formation, Nouhou Diallo estime que Labé sera bientôt un carrefour économique incontournable en République de Guinée. « La présence des banques dans un lieu est un atout pour le développement de la localité, parce que ceux qui installent les banques, font une étude de marché avant d’installer la banque. A long terme, Labé sera un futur carrefour économique. Donc, cet état de fait va favoriser les échanges interrégionaux », souligne cet intellectuel.
Également spécialiste en la matière, Diallo Alpha Oumar professeur d’économie lui se pose des questions sur les motivations de ces banques primaires: « du point de vue de la nature du service rendu Plus elles sont nombreuses, plus on se situe dans le cadre des avantages de la concurrence. Mais, il faut dire aussi que du point de vue de l’économie du développement, et par rapport aux caractéristiques économiques des pays sous-développés, on peut se poser des questions si ce n’est pas une ramification pour soit recycler de l’argent de trafic illicite ? On peut dire qu’il faut s’attendre à des avantages », s’inquiète-t-il.
Sur la même lancée que ce dernier, Bah Ibrahima partage son constat : «je n’ai pas les statistiques exactes, mais avec mon petit business, j’ai la chance de parcourir très souvent une bonne partie des banques de la place. C’est vrai qu’il y a souvent une affluence dans certaines agences, mais j’estime qu’en me basant de mon propre constat, beaucoup d’entre elles n’ont pas une grande clientèle. La preuve est que je n’ai jamais trouvé sur place plus de 3 à 5 personnes. Et malgré cela, les banques ne font que rallier Labé. Donc, il est nécessaire de se poser des questions. Comment ces banques arrivent-elles à garder le cap avec un si faible taux de clients ? », s’interroge ce citoyen au micro de guinéenews.
Interpellés sur cette question, des responsables d’agence n’ont pas accepté de répondre à nos questions. Ils nous ont juste signifié qu’ils ne se plaignent pas et que les activités se déroulent comme prévu sans la moindre fausse note.
Sous anonymat, un employé d’une institution bancaire de la place a néanmoins donné les avantages de la pluralité des banques : « ça permet de bancariser les fonds, de circuler en pleine sécurité avec leur monnaie électronique. Vous savez le taux de change est fixé par la BCRG. Donc si vous voyez que les banques continuent à venir dans la ville de Labé, c’est parce que, maintenant nos parents commencent à comprendre que bancariser l’argent à la maison, il y a beaucoup de risques liés à ça. Donc, ils ont la culture maintenant », explique-t-il.
El Hadj Souleymane Bah, commerçant, profite bien de cette pluralité des banques : « avant j’avais toutes les peines pour récupérer mon argent au moment voulu mais depuis que j’ai changé de banque ce problème est totalement résolu. Je viens quand je veux et je récupère quand je veux. Vraiment la venue des banques à Labé est profitable pour nous opérateurs économiques » lance ce vieux commerçant de plus de 35 ans d’expériences.
Ainsi, Monsieur Diallo Alpha Oumar (économiste) pense que : « les gens préfèrent planquer leur argent là où ils sont capables de le récupérer à temps, peut être que c’est une déformation professionnelle. Il nous faut avoir des banques d’habitat et des banques de développement. Les banques commerciales ne sont que des banques commerciales » affirme ce spécialiste.
Au compte des propositions, Nouhou Diallo économiste livre son souhait : « on ne doit pas laisser les banques évoluer comme elles veulent. Il doit y avoir une politique monétaire et une politique de prêts bancaires que l’Etat doit mettre en place, que ces banques puissent donner une possibilité à ces jeunes qui veulent entreprendre afin qu’ils aient des crédits », souhaite-t-il.
Par ailleurs, des agences parallèles de transfert d’argent se développent aussi petit à petit dans la région administrative de Labé (à l’instar des autres régions). Mais malgré tout cela, des files indiennes se dessinent à la fin de chaque mois aux portes de certaines agences de la place. Et très souvent, ce sont les fonctionnaires de l’Etat qui subissent ce calvaire. Est-ce un monopole ou une simple mauvaise répartition ?