Dix-neuf milliards trois cent sept millions deux cent soixante sept mille neuf cent quarante huit mille de nos francs (19 307 267 948 GNF). C’est la somme que deux entrepreneurs ont décaissée au ministère de l’Action Sociale pour la reconstruction du Centre National d’Orthopédie de Guinée. Les travaux de ce centre, situé au cœur du CHU de Donka, qui ont débuté le 3 septembre 2013, sont malheureusement aux arrêts depuis des années.
A ce jour, le chantier est abandonné dans la broussaille. L’argument avancé porte sur des difficultés liées à la sous-traitance et aux travaux additifs…Entre-temps, les handicapés vivent le calvaire faute de moyens de mobilité adaptés et de traitements dignes de ce nom.
Kabinet SAVANE et Kikala CAMARA, les deux patrons des entreprises contractantes soutiennent la main sur le cœur, que les travaux continuent sur les chantiers. Ce qui est loin d’être une vérité lorsqu’on se rend sur les lieux. Ces chefs d’entreprises étaient-ils en complicité avec certains cadres du département ? où ont-ils bénéficié du laxisme du régime Alpha Condé ? Voilà des questions qui méritent d’être posées dans le cadre de cette enquête, afin de démêler le vrai du faux.
Courant 2013, plus précisément les 18 avril et 7 mai, les entreprises, « GROUPEMENT ECC-GUINÉE » et « SAVANE et FRÈRES » ont obtenu les contrats de reconstruction du centre national d’orthopédie de Donka. SAVANE et FRÈRES pour la construction du bâtiment principal. Et le GROUPEMENT ECC-GUINÉE, pour des logements, salle des sports et aménagement extérieur des VRD pour un coût total de 19 307 267 948 Francs Guinéens, dont 11 285 891110 pour l’entreprise SAVANE et FRÈRES et 8 21 376 839 pour le GROUPEMENT ECC-GUINÉE. Les délais d’exécution étaient de 16 mois pour l’entreprise SAVANE et FRÈRES et de 6 mois pour le Groupement ECC-GUINÉE.
Dans les contrats, il était bien mentionné qu’en cas de retard dans l’exécution des travaux par rapport aux délais fixés dans le marché, l’entrepreneur est passible d’une pénalité du 1/1000ème par jour calendaire de retard sur le montant des travaux restants, sauf en cas de force majeure.
Les pénalités de retards sont plafonnées à 10% du marché des travaux, le Maître de l’ouvrage procédera d’office à la résiliation du contrat. Les deux entreprises prennent des engagements d’exécuter les travaux à temps. Ainsi, ils ont prévus pour des délais contractuels de 8 mois pour Le GROUPEMENT ECC-GUINÉE et de 16 mois pour l’entreprise SAVANE et FRÈRES. Les travaux démarrent donc le 3 septembre 2013.
Selon le rapport financier de la Direction Nationale de l’Action Sociale, ces deux entreprises ont perçu la quasi-totalité du montant du contrat, dix milliards cent cinquante sept millions trois cent un mille neuf cent quatre vingt dix neuf francs guinéens(10 157 301 999 GNF) sur onze milliards deux cent quatre vingt cinq millions huit cent quatre onze mille cent dix francs guinéens (11 285 891 110 GNF) pour l’entreprise SAVANE et FRERES soit 74%. Quant à l’entreprise GROUPEMENT ECC-GUINÉE, elle a perçu sept milliards deux cent dix neuf millions deux cent trente neuf mille cent cinquante quatre francs guinéens(7 219 239 154 GNF) sur huit milliards vingt un millions trois cent soixante seize mille huit trente huit francs guinéens(8 021 376 838 GNF) soit 71%.
Mais hélas ! Malgré les engagements pris de part et d’autre, les travaux traînent et connaissent un retard considérable dans leur exécution. Ainsi, le 12 août 2014, c’est-à-dire onze mois après la signature des contrats, vu le retard mis, il sera question de mettre en place une cellule de suivi pour l’exécution correcte du planning accepté de toutes les parties. Une cellule pour assurer le suivi journalier de l’exécution des travaux, élaborer et soumettre au maître de l’ouvrage un rapport par quinzaine sur l’évolution physique et financier des travaux
La mise en place du comité de suivi devrait accélérer les travaux sur les chantiers. Mais non ! C’est tout à fait le contraire. Les travaux sont arrêtés depuis belle lurette sans aucune justification consistance de la part des responsables des entreprises bénéficiaires. Face donc à l’insuffisance des justifications fournies par les entreprises, le ministère au cours de la réunion de travail du 27 septembre 2017, avec les entrepreneurs et les techniciens de la direction générale des marchés publics y compris ceux des grands projets propose des mesures concertées et plus contraignantes pour corriger la situation. Il sera alors décidé entre autres la mise en demeure de reprendre immédiatement des travaux sur les chantiers, au risque de voir les contrats purement et simplement résiliés.
Il a été demandé le renforcement de l’équipe de suivi des chantiers par les spécialistes des services techniques des grands projets. Toutes ces mesures malheureusement ne feront pas bouger le chantier. Ni l’entreprise SAVANE et FRÈRES, ni le Groupement ECC GUINEE-MAXI-SERVICES INTERNATIONAL GIE n’a pu terminer le chantier jusqu’à ce jour. Bien que ces deux entreprises soient payées depuis le 5 février 2018, le Centre National d’Orthopédie n’est toujours pas achevé.
Au ministère de l’Action Sociale de la Promotion de la Femme et de l’Enfance, on nous apprend que toutes les mesures ont été prises par les différents ministres. Des mesures allant jusqu’aux menaces de résiliation des contrats. Mais rien.
Interrogé, le patron de l’entreprise SAVANE et FRÈRES, soutient mordicus que les travaux sont en cours mais que le retard est dû à plusieurs difficultés. Lesquelles ? A cette question, Kabinet Savané nous dit au téléphone que sa position ne lui permettait d’égrener les problèmes que son entreprise a rencontrés sur le chantier de la reconstruction du centre national d’orthopédie de Donka. Nous avons tenté de reprendre langue avec lui par la suite mais il n’a plus décroché le téléphone.
Retenons que les travaux du chantier de la reconstruction du centre national d’orthopédie de Donka sont arrêtés depuis environ 7 ans alors que plus de 19 milliards de nos francs ont été soustraits des caisses de l’Etat pour un travail inachevé et abandonné. Et il en est ainsi dans plusieurs départements ministériels.
Combien de vieilles casseroles laissées par les ministres du régime Alpha Condé ? Cent, cinq cent, mille….. Malin qui pourra répondre avec exactitude. Tellement les cadres se sont beurrés pendant les dix ans de règne du Professeur !!!.