La visite annoncée du chef de file de l’opposition, Mamdou Sylla, aux détenus politiques à la maison centrale a beau être acquise dans le principe, elle nécessite une préparation pratique pour produire les résultats escomptés. Etant entendu qu’il s’agit d’un sujet particulièrement sensible qui diviserait même les premiers concernés.
Sans vouloir parler à la place des détenus qui sont mieux placés, il faut relever que la détention dont ils font l’objet n’est pas sans conséquence.
Il y a forcément des dommages collatéraux au-delà de ce qu’on peut imaginer à première vue. Puisqu’en plus des prisonniers comme Etienne Soropogui, Chérif Bah, Ousmane Gaoual, Cellou Baldé, Abdoulaye Bah, Foniké Mènguè, Ismael Condé, Souleymane Condé, Youssouf Dioubaté, pour le citer que ceux-là, cette détention touche les membres de leurs familles et leurs proches. Elle affecte aussi indirectement tout le pays ainsi que le pouvoir dont l’image prend un sérieux coup. Pour preuve, la dernière déclaration du Haut-Commissariat des droits de l’homme aux Nations-Unies incrimine les autorités guinéennes.
Des échos qui nous parviennent de la maison centrale de Conakry, l’idée d’une visite du chef de file de l’opposition actuelle diviserait dans les rangs des prisonniers. Il y en a qui, parmi eux, refusent la démarche, parce que ne voulant pas prendre le risque de se dédire en reconnaissant un chef de file issu d’une assemblée nationale qu’ils ne reconnaissent pas. Alors que d’autres estiment qu’ils sont dans un combat politique dans le cadre duquel il faut être réaliste et faire avec les moyens du bord.
Il ne s’agit pas là de juger et donc de dire qui des deux groupes à tort ou raison. Chacune des positions est soutenable selon la logique pour laquelle on opte. Néanmoins, il y a lieu de rappeler l’impérieuse nécessité de garder la cohésion du groupe car c’est unis que les uns et les autres vont trouver les ressources nécessaires pour tenir et espérer franchir ce cap. Il ne sert à rien donc de se déchirer sur une question qui n’est absolument pas vitale.
C’est pourquoi, les détenus politiques devraient se surpasser et parler d’une même voix en acceptant la visite de Mamadou Sylla et son cabinet. L’idée étant d’échanger avec ses derniers, écouter le message dont ils sont porteurs et leur donner une réponse qu’il pourrait transmettre à qui de droit.
Dans cette situation difficile, il ne faut pas passer pour celui qui complique ce qui est déjà compliqué. Il faut se rappeler que ce dossier est hautement politique, et que sa solution ne peut être que politique. D’où la nécessité de rétablir la sérénité au sein du groupe afin que dans l’harmonie, l’arrivée des hôtes de circonstance soit une opportunité et non un handicap.
C’est pourquoi, si l’objectif est d’aider leurs collègues détenus, en dépit de toutes les urgences, les initiateurs de cette démarche devraient donner le temps aux divergences évoquées ci-haut de s’aplanir. Pour le bien de ceux qu’on ambitionne d’aider.
D’ici là, probablement, les détenus malades de covid-19 se seraient rétablis pour faire partie des responsables politiques que le chef de file et son cabinet rencontreraient. Espérons-le !