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Labé : La fermeture des lieux de loisirs crée un conflit générationnel

C’est un secret de polichinelle, la jeunesse a du mal à s’épanouir dans les villages et hameaux du Foutah Djallon en général et ceux de la région administrative de Labé en particulier. Des localités dans lesquelles les sages sont souvent prêts à tout pour fermer tout lieu de loisirs car pour eux cela est assimilable à la débauche pure et simple. Une patate chaude entre les mains du directeur préfectoral de la jeunesse (DPJ) qui a du mal à faire cohabiter ces deux générations qui très souvent ne se font pas de cadeaux sur le sujet.

A ce jour, nombreuses sont les sous-préfectures de Labé où les boîtes de nuit et autres lieux de loisirs qui sont fermés depuis des années. L’opposition des sages et les violences enregistrées régulièrement à ces endroits seraient les causes principales de cette fermeture.

Baldé Cheikh Oumar, le directeur préfectoral (DPJ) de Labé tente de situer le problème : « comme vous l’avez dit, nous avons 13 sous-préfectures qui relèvent de notre juridiction.  Des sous-préfectures dans lesquelles nous avons des représentants qu’on appelle les DSPJ (directeur sous-préfectoral de la jeunesse). Donc, c’est ceux-ci qui gèrent directement les problèmes sur place. Donc, par rapport aux soirées dansantes, ça se tient dans certaines sous-préfectures. Les autres où ça ne danse pas, c’est d’abord par manque d’infrastructure (maison de jeune, dancing, …) et ensuite la cohabitation avec les sages » reconnaît-il.

Pour preuve, le DPJ de Labé met l’accent sur un conflit générationnel qui a récemment éclaté dans une sous-préfecture de sa juridiction administrative. « Le cas spécifique de Sannoun qui avait même touché la communauté, voire même les sages et la mairie qui se sont retrouvés pour demander la suspension de toute activité liée à ces soirées dansantes, eu égard à ce qui se constate au niveau de la sous-préfecture.

Ils se sont dit qu’à chaque fois qu’il y a une soirée dansante, ils constatent des cas de vol, des cas de blessures, de coups et blessures très graves. Donc, pour mettre fin à tout cela, ils ont décidé entre eux de suspendre les activités. Alors quand cela m’a été remonté, après une multitude tentative de la DSPJ en complicité avec la sous-préfecture, ils ont tenté de voir comment relancer ces activités », soutient-il.

 « Il y a aussi Dionfo ou nous avons finalement trouvé un terrain d’entente. Pourquoi ? Parce que comme vous le savez, il y avait un problème de proximité ou on parlait du saint de Dionfo. Donc, la maison des jeunes était très proche du village. Donc, quand ça jouait, ça indisposait le village. Voilà pourquoi, ils ont demandé à ce que cela soit fermé. Mais le maire, en complicité avec le sous-préfet, a trouvé un terrain d’entente. Ils ont trouvé un endroit à l’extrémité du village qu’ils ont remis aux jeunes en attendant de trouver les moyens pour construire une maison des jeunes. Donc, la mairie a déjà trouvé le domaine qu’elle a octroyé à la jeunesse dans le cadre non seulement de terrain de sport mais aussi de salle culturelle », ajoute Baldé Cheikh Oumar.

Sauf que toutes ces violences semblent être occasionnées par la consommation abusive des stupéfiants en zone rurale. Une bataille très loin d’être gagnée par les responsables qui ont du mal à canaliser le fléau. « Quand on vous dit qu’on a demandé aux tenanciers de ces boîtes de nuit d’assurer la sécurité des gens, c’est lié à tous ces aspects. C’est quand on est ivre qu’on se livre à beaucoup de chose. Donc, c’est pour dire qu’il faut interdire, il faut veiller strictement à ce genre de chose pour éviter que les gens ne soient en état d’ébriété et venir causer des dégâts qu’on ne souhaite pas », précise-t-il.

Malgré ces multiples tentatives de réglementation du secteur par les responsables à tous les niveaux, les sages de la quasi-totalité des villages ne veulent pas du tout entendre parler de soirée dansante et passent par tous les moyens pour fermer les lieux en question. Une situation que les jeunes trouvent inadmissible.  A quand la fin de cet éternel conflit générationnel.

Alaidhy Sow Labé, pour Guinéenews.org

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