Tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire que les systèmes de transport vont devoir relever un défi majeur au cours des prochaines décennies pour assurer durablement la mobilité et les déplacements des personnes. Sur les 12,5 millions d’individus qui peuplent aujourd’hui la Guinée, plus de 4,5 millions (36%) vivent dans les centres urbains et les prévisions annoncent qu’en 2050 plus de 11 (44%) des 25 millions d’habitants du pays résideront en ville. La même année, la population de la capitale Conakry s’élèvera à près de 4 millions d’habitants, soit 36% de la population urbaine totale. Ceci problématise la situation et montre à quel point il est impératif que les infrastructures de transport prennent définitivement le virage de la construction durable et soient moins coûteuses en énergie et moins polluantes. Pour y parvenir, les avis divergent et on peut affirmer qu’il existe au moins deux lignes de pensée.
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La première ligne de pensée affirme que la route est une source importante de nuisances, et en particulier d’impacts sur l’environnement : il convient dès lors, de freiner l’expansion du réseau routier au profit d’autres modes de transport. Une solution intéressante, mais visiblement à courte vue parce que stationnaire et de surcroît dangereuse car elle engendre, eu égard à l’image négative de la route qu’elle véhicule, une sorte d’abandon du patrimoine routier.
La deuxième ligne de pensée affirme que la route est indispensable dans tout système de transport fiable et efficace. Elle se propose de trouver la meilleure stratégie pour rendre le schéma organisationnel de toutes les infrastructures de transport fiable, souple et optimisé. Une solution tout à fait rationnelle et dynamique, mais nécessitant une planification claire, des moyens importants et une rigueur implacable.
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Cependant, quelle que soit la ligne de pensée qui sera finalement adoptée, une question demeure posée : comment résoudre le problème de la congestion du trafic routier ?
En vérité, opter pour une politique conforme à la première ligne de pensée ne peut au mieux que maintenir l’état de congestion. Au pire, elle peut entraîner son aggravation, surtout quand on prend en compte les prévisions annoncées en matière d’évolution de la démographie et de l’étalement urbain. Par ailleurs, une politique à l’encontre de l’expansion du réseau routier pourrait entraîner des coûts plus importants qu’une politique prônant de construire intelligemment de nouvelles routes pour délester le trafic.
Or, la congestion du réseau routier guinéen est aujourd’hui alarmante. Celle-ci occasionne un coût économique, sociétal et environnemental énorme pour le pays. Dès lors, pour décongestionner les routes tout en faisant faire des économies à la communauté, en réduisant en même temps la gêne aux usagers et aux riverains, ainsi qu’en minimisant les impacts sur l’environnement – la solution passe certainement par la construction de nouvelles infrastructures routières. Car, finalement, quand on y réfléchit bien, ce n’est pas la construction des infrastructures routières qui impacte le plus, mais c’est plutôt l’utilisation qui est faite de celles-ci.
À cet égard, les autorités compétentes doivent veiller à faire respecter scrupuleusement le code de la sécurité routière par tous les usagers de la route et prendre toutes les mesures adéquates afin de débarrasser les emprises des voies routières des marchés de fortune et des marchands ambulants. Il sera de même plus qu’utile d’améliorer les conditions de vie et de travail des agents des services de la sécurité routière, en leur octroyant de bons salaires et en les dotant d’équipements nécessaires pour mieux exercer leur métier. Ce faisant, des mesures draconiennes devront être prises contre la corruption des agents dans les deux sens. C’est à ce prix-là que l’on pourra sauver la circulation routière en Guinée et notamment celle des véhicules de quatre roues et plus.