La mare naturelle de Kaboye dapérére où Kaboye kampatè, dans la sous-préfecture de Tanènè située à 18 kilomètres du centre-ville de Boké est une étendue de mille mètres d’eau douce de part et d’autre des deux côtés de la rive. La mare ne débouche sur aucun fleuve, et aucun fleuve ne débouche sur elle.
Cet étang a été découvert par un sage de la communauté Landouma pendant la période coloniale. Riche en poissons, l’endroit a été érigé par les chefs traditionnels comme un lieu d’approvisionnement de cette denrée pendant les fêtes de réjouissances.
Nos sources nous rapportent que lors des cérémonies qui réunissaient tout le monde, celui qui gagne le plus gros poisson, est récompensé par une femme par les chefs traditionnels.
Cet événement historique qui a marqué beaucoup de générations n’était pas seulement destiné à effectuer la pêche mais il était aussi une manière pour les chefs coutumiers de réglementer la vie en société, discuter de l’avenir des collectivités, et trancher les différends.
« Jadis, c’étaientt tous les Landouma qui se réunissaient autour de la mare pour faire la pêche. A l’époque, c’était organisé par les chefs cantons ou tout le monde était convié pour des danses et dans cette manifestation celui qui gagne le plus gros poisson, on lui donne une fille en mariage. C’était aussi un moment de rappeler les règles pour annoncer les nouvelles perspectives pour le bonheur des habitants. Je suis venu avec deux blancs pour visiter le site. Ils m’ont dit qu’ils ont vu le nom de la mare dans un document. Nous avons passé toute la journée là sur une pirogue qu’ils avaient emprunter aux villageois avec une forte somme. Je pense que si l’endroit est entretenu ça peut attirer plus de visiteurs », explique Mamadou Bailo Traoré, ancien conservateur du musée régional de Boké.
Ce site mémoriel se trouve en pleine savane entouré par de gros arbres à quelques pas du village Kaboye Dapérére. Malgré les viscissitudes climatiques, la déforestation, et l’exploitation minière, la mare de Dapérére résiste et continue à servir les habitants de la localité qui vivent essentiellement de l’agriculture et de la pêche.
« Nous avons trouvé cette mare comme ça. Nos parents effectuaient la pêche ici et nous aussi on continue à pêcher. D’abord, ici, on n’utilise pas les filets. C‘est seulement les nasses avec les hameçons. On se donne rendez-vous pendant les mois d’avril,. Les femmes, les jeunes, et les sages, chacun descend pour pêcher. Il arrive des fois que d’autres en tirent profit de cette pêche. Maintenant la reproduction commence à baisser depuis qu’ils ont commencé à détruire les montagnes aux alentours de la mare aux profits des mines », raconte le septuagénaire de la localité Aboubacar kalabane.
Cette merveille culturelle est classée comme 2e monument le plus important dans la préfecture de Boké après le fortin et les grottes de Korera. Pourtant, la mise en valeur de ces patrimoines historiques pourrait engendrer un capital dans les caisses des autorités locales pour faire face aux actions de développement. Mais malheureusement, il est laissé pour compte et se dégrade du jour le jour.
« Nous avons enregistré 51 sites touristiques dans la préfecture de Boké et celui de la mare de Dapérére est le plus important. Mais, aujourd’hui si l’Etat veut mettre en valeur ces merveilles touristiques, il faut doter les responsables à l’intérieur du pays pour qu’ils fassent l’entretien de ces endroits. D’ailleurs, le secteur du tourisme peut générer plus d’emplois que les mines », nous a indiqué Mohamed Abez Diakité Chef section préfectorale du tourisme à Boké.