Les usagers de la route nationale Kankan-Kissidougou continuent de broyer du noir. C’est le moins qu’on puisse dire, après l’échec lamentable du projet de sa réhabilitation de 2014. En cette fin de saison des pluies, la dégradation dudit tronçon coûterait outre les dommages aux engins qui s’y aventurent, 7 à 8 heures de temps de parcours des 194 Km.
Une situation que déplorent les usagers de cette route qui relie la région de la savane à celle de la forêt. Balla Condé est un transporteur au volant d’un camion 6 roues, qui pratique cet axe depuis plus de 10 ans.
« C’est le matin que j’ai pris le départ de Kankan pour Kissidougou. Dans les meilleures conditions, je compte arriver à destination entre 21 heures et minuit. Dans les pires des cas, c’est-à-dire, quand il pleut, il me faut 2 jours ».
Outre le long temps de parcours, Kemo Dramé, un autre chauffeur au volant d’un minibus, déplore la récurrence des pannes. « Après quasiment chaque voyage, je dois passer au garage soit pour des pannes de disque, d’amortisseurs, de freins, etc. a cause de la dégradation sans précédent de cette route».
Pour Tidaine Sow, guinéen vivant au Bénin qui rallie Kissidougou via Bamako et Kankan, se dit étonné de retrouver cette route qu’il aurait pratiqué dans les années 1985. Et comparant les infrastructures routières de la Guinée aux pays de la sous-région, il dit être triste pour son pays.
« J’ai parcouru Cotonou-Bamako distant de plus de 2 000 km en 24 heures entre mardi et mercredi dernier. Mais entre Kankan et Kissidougou, on me dit qu’il nous faudrait rouler toute une journée pour une distance de 194 Km. Ce que je trouve assez lamentable », s’est-il indigné.
Pour rappel, c’est le 24 juin 2014 que le projet de réhabilitation de la route Kankan-Kissidougou avec EBOMAF, une entreprise Burkinabé, avait été lancé en grande pompe par l’ex président Alpha Condé. Selon nos informations, ladite entreprise aurait perçu la somme de 65 000 000 d’euros au titre de l’avance du financement.
Mais pour des raisons jusque-là non élucidées, EBOMAF, s’est retiré laissant aussi bien les usagers que les riverains du tronçon Kankan-Kissidougou, dans le plus grand désarroi.