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Menace sur la santé publique : des toilettes de l’hôpital Donka dans une insalubrité indescriptible

La problématique de la santé publique se pose avec acuité en République de Guinée. Alors que le pays – comme la presque totalité des États du globe – fait face à la pandémie du COVID-19, le secteur sanitaire public guinéen reste éprouvé par un fléau qui, telle une gangrène, l’a toujours caractérisé. Il s’agit bien sûr de  l’insalubrité. Constat!

Ici, nous sommes au Camp Mamadou Boiro rebaptisé Camp Camayenne. Le site accueille plusieurs services de l’hôpital national Donka depuis le démarrage des travaux de rénovation de ce Centre hospitalo-universitaire.

Chaque pavillon de cet hôpital compte quatre pièces dont deux latrines et deux douches. Cela, pour une population patiente moyenne de plus de cinquante personnes, sans compter ceux qui sont à leur chevet et les parents et autres visiteurs qui y viennent. Outre ce nombre nettement insuffisant, l’on note l’état insalubre des toilettes.

Là, il n’est pas souhaitable que l’envie d’utiliser les latrines vous arrive un seul instant, au risque de s’exposer à de sales maladies causées par la saleté. Et certains témoins de la désolante scène partent jusqu’à dire que même si on a la diarrhée la plus sévère, face à cette situation d’insalubrité, l’on devient automatiquement constipé.

Toute chose assimilable à la réalité. Puisqu’à visionner nos images (nous nous excusons auprès des âmes sensibles), l’on se rend à l’évidence que l’état insalubre des toilettes publiques de ce plus grand centre hospitalier du pays se passe de commentaires. Inutile donc d’y faire un tour pour vous en persuader. Car, vous avez en face le désagréable spectacle qui s’offre aux usagers de cette structure sanitaire pourtant très côtoyée par les malades et autres nécessiteux.

Une opacité totale sur l’usage des frais d’hospitalisation des patients et des frais de stage des étudiants

Selon nos informations corroborées par certaines sources internes, les institutions d’enseignement privé qui envoient leurs étudiants pour le stage, déboursent plusieurs dizaines de millions versés à la Direction générale de l’hôpital.

A cela s’ajoutent les frais liés à l’hospitalisation et qui oscillent entre 570.000 GNF (pour les hospitalisations chirurgicales) et 180.000 GNF (pour les hospitalisations ordinaires). Ces montants incluent le prix du lit d’hospitalisation, nous apprend-on. A quoi servent donc toute cette fortune? Car, pour qui connaît la fréquence de la fréquentation de cet hôpital, il y a de quoi s’interroger.

Du budget alloué au ministère de la Santé

Réunis en plénière le mercredi 26 décembre 2018, les députés de la défunte Assemblée nationale ont adopté à la majorité des honorables parlementaires présents, le projet de Loi de finances initiale 2019. Un budget qui s’équilibrait alors en recettes et en dépenses à 22 mille 313 milliards 378 millions 217 mille GNF. Alors que les objectifs socioéconomiques du gouvernement étaient portés à 94,17%, dont 7,30% affectés à la Santé ; loin derrière le minimum de 15% requis par l’Union africaine.

N’est-ce pas ce qui amène les médecins à ne pas se foutre mal du sermon d’Hippocrate qu’ils ont pourtant prêté en jurant de ne pas privilégier le matériel au détriment de l’âme humaine qu’ils ont d’ailleurs charge de préserver ou de sauver ? La question se pose.

Toujours est-il que les malades sont rançonnés, notamment les femmes enceintes devant subir la césarienne. Ce, malgré l’annonce en grande pompe des autorités à rendre gratuite cette opération.

A cela, s’ajoute le manque à gagner qui caractérise l’exercice du métier de médecin en Guinée, dont l’insalubrité dans ces centres hospitaliers, le manque de professionnalisme et le non-respect de l’éthique chez le personnel soignant, entre autres. Du moins, de l’avis des décideurs de la République. Parce que quand ils sont malades, les moins nantis se font hospitaliser à Dakar, à Rabat ou à Tunis (…). Tandis que ceux qui le sont plus, se font administrer des soins en Occident.

Il a fallu la survenue du virus Corona pour que cette habitude à l’allure de tradition instituée change (temporairement). C’est pourquoi des ministres de la République s’offrent les mêmes soins aujourd’hui qu’une vendeuse du « lafidi » du quartier dans un même centre hospitalier avec – pratiquement – le même traitement.

Dans cet état de fait, le bas peuple (qui ne vit pas, mais survit au jour le jour), a du mal à s’offrir un soin adéquat en cas de maladie. Il opte pour l’automédication avec des produits qu’il s’achète dans des pharmacies par terre dans les mains des  pseudo pharmaciens qui n’en ont guère la formation requise, et qui excellent librement dans ce métier sous l’œil complice des autorités.

Au temps d’Ebola, les structures sanitaires étaient perçues comme des « mouroirs ». Parce qu’en y entrant, les uns et les autres étaient persuadés qu’ils avaient peu de chance d’en ressortir sur leurs pieds. Et concomitamment avec le Coronavirus, les gens éprouvent de la peur quant à fréquenter les grands hôpitaux au risque de se voir éventuellement déclarés porteurs du virus.

Le colonel Rémy Lamah est interpellé

L’adage populaire nous enseigne ceci: le meilleur endroit de s’attaquer à ce qui ne va pas est bien l’environnement où l’on vit. Ceci dit, au regard de tout ce qui précède, les autorités en charge de la Santé et de l’Hygiène publique sont interpellées. Et en premier-chef, le ministre médecin-colonel Rémy Lamah, à qui suggestion est faite de planifier des visites inopinées dans les structures décentralisées et déconcentrées de son département pour s’assurer de l’état des pensionnaires de ces lieux.

Ebola, le tueur en séries, a été pourtant une opportunité…

Outre les hommes, les femmes et les enfants qu’il a rendus veufs (ves) et orphelins, la fièvre virale causée par Ebola a fait plus de 2.500 morts à travers le pays. Si sa survenue, aux dires du président Alpha Condé, devait être une « opportunité » offerte à la Guinée pour rehausser son système sanitaire, tel n’est pas le cas dans les faits. L’insalubrité notoire qui sévit à Donka est l’illustration parfaite de cette illusion.

On est donc loin de l’adage qui veut qu’un esprit sain soit dans un corps sain!

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