« C’est vraiment une justice des vainqueurs. Je me suis plié à tout. C’est du dilatoire ! Je suis malade, on renvoie ; je suis présent, on renvoie. Des avocats qui demandent un renvoi partent voir leur famille, pendant que moi, je suis en prison. Je préfère les faits à ce théâtre ! »
L’audience en appel d’Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale, a viré à un réquisitoire virulent du prévenu ce jeudi contre le parquet de la chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Exaspéré par les renvois successifs de son procès, le prévenu a littéralement craqué à la barre, dénonçant ce qu’il qualifie de « justice des vainqueurs », après que le juge a décidé de reporter l’affaire au 8 mai prochain pour plaidoiries et réquisitions.
Condamné en première instance à quatre ans de prison et à une amende de 10 millions de francs guinéens pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite et autres infractions économiques, Damaro espérait enfin voir son dossier avancer. Mais une nouvelle fois, l’audience a été renvoyée — cette fois à la demande des avocats de l’État, qui ont sollicité un délai supplémentaire pour préparer leurs plaidoiries. Une requête vivement contestée par la défense, qui estime que le dossier, à ce stade de la procédure, est mûr pour être plaidé.
La décision du président de la chambre, le juge Daye Mara, de clore les débats et de fixer une nouvelle date a mis le feu aux poudres.
« C’est vraiment une justice des vainqueurs. Je me suis plié à tout. C’est du dilatoire ! Je suis malade, on renvoie ; je suis présent, on renvoie. Des avocats demandent un renvoi et partent voir leur famille, pendant que moi, je reste en prison », a lancé Damaro, visiblement irrité.
« Je suis condamné à quatre ans. Si c’est pour réduire à trois, je suis sur le point de retirer mon appel. Je préfère purger les quatre ans que de me prêter à ce simulacre. Ce n’est plus un procès. »
Alors que ses co-accusés — dont le ressortissant chinois Jin Sun Cheng — poursuivent leur ligne de défense, Damaro semble de plus en plus convaincu que l’issue de son procès est déjà scellée.