La préfecture de Gaoaul, située au Nord de la Guinée, a connu une matinée agitée ce mardi. Des femmes et des jeunes se sont mobilisés pour dénoncer l’exploitation clandestine de l’or par la complicité des forces de défense et de sécurité. Pendant toute la matinée, ils ont manifesté leur colère par rapport à la violation de la décision gouvernementale interdisant l’exploitation de l’or dans les mines de Kounsitel et de la commune urbaine.
Du carrefour Houmbaya, à la douane en passant par la Direction préfectorale de l’éducation et la gare routière, les mainifestants ont érigé des barricades, brûlé des pneus dont la fumée a envahi toute la ville.
Suite à cela, il y a des tirs à balles réelles qui ont retenti dans toute la cité autrefois connue très calme. On avait l’impression d’être dans un champ de bataille.
Face à cette situation, des gendarmes en provenance de Labé sont venus en renfort aux environs de 11 heures.
Moussa Keita, chauffeur de son état, faisait partie des manifestants. Il témoigne : “depuis que le gouvernement a interdit l’exploitation de l’or, la population de Gaoual s’est abstenue tandis que quand vous partez à la mine d’or vous trouverez plus de 500 personnes. Hier même le colonel du camp a négocié à 1 800 000 GNF en donnant trois machines aux orpailleurs pour qu’ils partent travailler pour lui. C‘est lui–même qui les a fait traverser au barrage de Gadha Komba. Il leur a donné un million. A leur retour, il allait payer le reste. Cest nous (citoyens de Gaoual, ndlr) qui perdons. Cela ne marchera plus. Ce que je peux dire à la population, c’est de sortir nombreux pour que nous puissions récupérer notre or. Il y a eu une femme qui est couchée à Houmbaya. On ne sait pas ce qui lui est arrivé. Ils nous ont dispersé avec des gaz lacrymogènes« , dénonce-t-il.
Pour sa part, Oumou Cissé ajoute : “les sages de Gaoual ont béni Gaoual. Nos fils sont morts dans la mer pour partir survivre à l’extérieur. Nous souffrons tellement, Dieu nous a envoyé l’or. C‘est pourquoi, on a appelé nos fils de venir l’exploiter. Mais, ils ont interdit l’exploitation alors que les autorités ont des gens avec leurs machines qui travaillent pour elles là-bas. Les forces de l’ordre se déguisent en civils pour exploiter l’or tandis que nous sommes assises. Maintenant, nous n’allons plus accepter cela”, fustige-t-elle.
Au cours de leur manifestation, les citoyens ont défoncé la porte de la prison civile pour libérer les prisonniers. Parmi les évadés, beaucoup sont rentrés dans le fleuve Komba pour traverser le pont. Deux cases ont été brûlées à Houmbaya et une à Hafia.
Jusqu’à 14 heures 20 minutes, les forces de l’ordre continuaient à tirer. Pendant ce temps, un groupe de femmes était perceptible au carrefour de la douane.
Toutes nos tentatives de joindre les autorités pour avoir leur version des faits ont été vaines.