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Vers le déclin de la Tabala au Fouta? Un grand amateur de cet instrument multiséculaire sonne l’alerte

Cet instrument de musique, autrefois indispensable à la vie communautaire en Afrique, semble de plus en plus tomber dans les oubliettes, telle une reine déchue. Elle est généralement utilisée pour annoncer et célébrer les grands événements culturels et religieux dans le Fouta Djallon, en général et à Labé en particulier. C’est un constat de la Rédaction locale de votre quotidien électronique, Guinéenews.

Ce déclin en cours de la Tabala est une situation que Mama Oumar Kalan qui est à la fois fabricant et joueur, vit aujourd’hui avec assez d’amertume.

« Nous devons tous être vigilants. Car, même le grand Cheick, ici, à Labé reconnaît que la Tabala était l’instrument unique qui annonçait les fêtes. À une époque où les téléphones n’existaient pas, dès que la lune était observée (pendant le mois de Ramadan), la Tabala était utilisée pour informer tout le monde. Dans notre famille à Kalan, nous sommes les responsables de la Tabala et nous tapons dedans à chaque fête pour passer l’information. Cependant, il est vrai que la donne a vraiment changé à Labé. C’est pourquoi nous envisageons de rencontrer le grand imam de Labé pour remédier rapidement à la décadence de cet instrument. Même s’il y a développement, ne renonçons pas totalement à nos coutumes. Il est vrai que si cela continue, la Tabala risque de disparaître de nos sociétés. Près de chez nous (à Kalan, ndlr), les leaders religieux nous encouragent toujours à fabriquer et jouer de la Tabala tout en préparant la relève avec nos enfants. Nous luttons dans ce sens. Même à l’ère du développement numérique, nous restons convaincus de remporter ce défi. Par exemple, chez nous, une Tabala est toujours utilisée lors de l’inauguration d’une mosquée. Je pense que Labé ne fait pas exception. Même si, la Tabala est rarement utilisée pour accueillir des personnalités et annoncer des fêtes », a alerté Mama Oumar Kalan.

Comment fabrique-t-on la Tabala ?

S’agissant de la fabrication de la Tabala, notre interlocuteur explique :  «il faut d’abord trouver un arbre, mais pas n’importe lequel. Chez nous, neuf types d’arbres sont utilisés au total. Nous découpons l’arbre jusqu’à obtenir un morceau d’au moins 6 mètres avec toutes les mesures nécessaires. Ensuite, nous utilisons une hache pour faire un grand trou bien lisse. Avant de prendre une machette pour lisser l’extérieur du tronc qui prendra désormais la forme d’une calebasse. Ensuite, nous utilisons des lianes comme support et esthétique extérieure. Après toutes ces étapes, nous recherchons de la peau de vache, de préférence. Lors de cette dernière opération, un grand nombre de personnes sont invitées à participer à l’installation de la peau avec tous ses supports intérieurs et extérieurs. »

Les différents types

A en croire Mama Oumar Kalan, il existe trois types de Tabala dans le Foutah : « il y a d’abord de très grandes Tabala souvent utilisées par les grands chefs et les leaders religieux. Ensuite, il y a des Tabala de taille moyenne, utilisées par des personnes de moindres responsabilités. Enfin, des petites Tabala, utilisées dans les champs par les cultivateurs pour les accompagner dans leurs travaux champêtres.»

Types d’événements et les sons qui y correspondent

Anciennement omniprésente dans la vie communautaire en tant que moyen unique de communication, la Tabala facilitait le transfert d’informations, d’un village à l’autre. « Il existe différentes façons de jouer de la Tabala. Pour annoncer un décès, il y a une manière spécifique de jouer pour se faire comprendre. Il en va de même pour l’annonce de l’arrivée d’un invité de marque ou pour annoncer une fête, parler de la guerre, de la trêve, etc. La Tabala possède aussi ses secrets tirés de plusieurs versets du Coran. Ce qui conférait à l’instrument une grande valeur. Lors des guerres saintes, c’est toujours la Tabala qui était en tête de peloton et qui donnait les couleurs de la bataille. Elle annonçait également la fin de la bataille. Elle a toujours occupé une place incontournable dans nos sociétés. » a-t-il confié.

En lieu et place de la Tabala, ce sont les téléphones, radios et Internet qui sont largement utilisés aujourd’hui pour nos communications quotidiennes. Toutefois, la Tabala pourrait bien avoir sa place aux côtés de ces outils modernes de communication. Afin de sauver cet instrument multiséculaire et témoin des hauts faits de l’histoire des peuples africains.

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