Dans une déclaration rendue publique ce mercredi 8 novembre 2023, le barreau de Guinée s’est indigné de certaines mesures entreprises par les forces de défense et de sécurité dans la traque des exfiltrés de la Maison centrale. Notamment, l’opération de ratissage dans certains quartiers du Grand Conakry, les exactions et « bavures » contre certains citoyens supposé proches des assaillants. Mais aussi, des avocats constitués par des accusés mis en cause dans ces événements se plaindraient de recevoir des menaces.
Par conséquent, le barreau de Guinée condamne fermement ces agissements qui sont, dit-il, constitutifs de graves infractions. « Dans le cadre de la traque de ces assaillants, des témoignages font état de bavures et d’exactions commises par des éléments des forces de défense et de sécurité sur des citoyens dont le seul tort serait vraisemblablement d’avoir des liens avec l’un des accusés qui reste encore en cavale ou serait supposément proche de tel ou tel membre du groupe d’assaillant. D’autres citoyens se disent terrorisés à l’occasion des fouilles et perquisitions opérées dans des quartiers ou des fugitifs sont suspectés d’être cachés. Des cas de dégradation ou de suspension de biens privés sont également signalés et rapportés par les médias. Enfin, des avocats constitués par des accusés mis en cause dans ces événements se plaignent de recevoir des menaces. Au regard de cette situation, le barreau de Guinée déplore les cas de mort survenus à l’occasion de ces événements et exprime sa solidarité et sa compassion envers les familles endeuillées « , a déclaré le bâtonnier Mamadou Diop Souaré.
Se référant à certaines dispositions de la charte de la transition et du code pénal, le barreau de Guinée exhorte les autorités judiciaires à engager des enquêtes pour élucider les circonstances de cette opération et d’en identifier les auteurs et complices en vue de les traduire devant la justice. Ainsi que tous ceux qui, à l’occasion, ont commis des actes illégaux.
Le barreau invite également les autorités à tous les niveaux de s’abstenir à prendre des mesures administratives ou autres qui ne seraient pas fondées sur le droit et justifiée par des conclusions d’une enquête administrative et judiciaire. Par ailleurs, il rappelle aux autorités que leurs devoirs régaliens de rechercher et d’arrêter les auteurs de l’attaque contre la Maison centrale de Conakry ne les affranchissent pas de l’obligation de se conformer à la loi.
Aussi, le barreau affirme, de manière non équivoque, que les avocats ne font qu’exercer leur profession, conformément aux règles qui régissent celles-ci, sous le contrôle strict du bâtonnier et du Conseil de l’ordre. En conséquence, il condamne toute forme de menace ou d’intimidation contre les avocats et engage l’État à assurer leur sécurité.