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Transition en Guinée: voici les préoccupations exprimées par le FPP devant les émissaires du NDI

Courant cette semaine, les membres du Forum des partis politiques ont été conviés à une rencontre avec une mission du NDI. Une mission conduite par le M. Alioune Tine, un activiste des droits de l’Homme dans la sous-région, le directeur NDI résidant au Burkina et d’autres collaborateurs du directeur Afrique.

L’ancien ministre de l’Élevage, Mohamed Tall a pris part à cette rencontre avec les émissaires qui sont venus évaluer la situation en Guinée après l’avoir observée à distance. Selon M. Tall, la mission a estimé, à ce stade-ci, utile de venir pour voir exactement ce qui se passe, s’entretenir avec les différents acteurs politiques.

A la faveur de l’assemblée générale de son parti ce samedi 12 mars, il est revenu sur la rencontre en ces termes. Verbatim !

« D’entrée de jeu, le chef de la délégation a précisé l’objet de leur mission. Il a campé la situation avant de nous donner la parole. Et nous lui avons rappelé le contexte dans lequel le CNRD a pris le pouvoir et les jours qui ont suivi leur prise de pouvoir. Il y avait un grand enthousiasme au niveau de l’ensemble des Guinéens, parce qu’on avait estimé à l’époque qu’une nouvelle page allait s’ouvrir. Et on était surtout très contents du départ du régime d’Alpha Condé. 

Donc, nous avons rappelé cette historique-là. Et, nous avons signalé que progressivement, le CNRD est tombé dans certains travers. On a constaté que progressivement, le CNRD avait une tendance à exclure les acteurs politiques de la prise de décisions. Il n’y avait plus de consultations. Et les principaux actes qui ont été posés par le CNRD procèdent de cet esprit-là. Je veux parler de la Charte de la transition qui fait office de Constitution. 

Cette charte a été élaborée de manière unilatérale bien qu’avant sa publication, je crois le 14 septembre, une rencontre entre le CNRD et les différents acteurs politiques ait eu lieu, rencontre au cours de laquelle le CNRD avait demandé aux partis politiques de communiquer dans un mémo leur vision de la Charte. Mais à notre grand étonnement, on a constaté que dans la Charte, nos préoccupations n’étaient pas prises en compte.

On a vu aussi la composition du gouvernement. Là non plus, nous n’avons pas été associés bien qu’on ait pris ici et là un individu appartenant au parti politique. Mais les partis n’ont pas été consultés à cet effet. Et nous avons bien fait remarquer cela.

On a également parlé du CNT qui a été installé dans le même esprit ; c’est-à-dire, de manière unilatérale,  en mettant à l’écart les partis politiques. Et ce qui traduit le mieux cet état d’esprit par rapport au CNT, c’est la portion qu’on a réservée aux partis politiques : 15/81. Ça fait moins de 20% de représentativité. Ce qui n’est pas logique. Ce qui n’est pas normal. Ce qui n’est, je dirai même inacceptable, dans la mesure où la transition étant éminemment politique, les principaux partenaires des autorités militaires devraient être sans nul doute les partis politiques. 

Nous avons aussi souligné la montée des tensions dues au manque de dialogue. Nous avons donc insisté sur la nécessité absolue de mettre rapidement en place un cadre de dialogue. Et d’ailleurs, ils arrivent au bon moment, puisqu’ils arrivent au lendemain [de la publication] d’une importante déclaration signée par 58 partis assez représentatifs qui demandent plusieurs points dont la mise en place d’un cadre de concertation.

Nous leur avons signalé que l’absence d’un cadre de concertation ou de dialogue mais pas seulement dans un cadre formel, même en informel, nous avons des difficultés à échanger avec les autorités de la transition. 

Et dans l’actualité récente, tout le monde a suivi la manière dont les autorités procèdent dans le cadre de la récupération des biens de l’État. Ça se fait en dehors de la légalité. Et nous avons dit qu’il était nécessaire,  pour protéger nos concitoyens et leurs droits, que ces actions soient menées dans le cadre de la légalité. Nous avons donné quelques détails en ce qui concerne le cas de notre président par rapport à son logement qu’il a acquis de manière totalement légale. Mais malgré tout, il a été exproprié de force.

Nous avons fait le même constat par rapport aux opérations qui se déroulent avec la Cour de répression des infractions économiques et financières. Là aussi, il y a quelques corrections à apporter pour que les choses se passent conformément à la légalité et que les droits de nos compatriotes soient un peu mieux préservés. 

Dans les points qui posent problème et qui ne permettent pas d’avoir une bonne lecture de la situation, il y a bien entendu l’absence de la liste du CNRD ; le fait que six mois après on ne sache toujours pas quels sont les membres du CNRD. 

Or, le CNRD, c’est l’organe suprême qui dirige cette transition. Donc, c’est l’organe d’orientation de l’ensemble des politiques qui sont actuellement en train d’être mises en œuvre. Il est donc important de savoir qui et qui composent le CNRD aussi bien pour la mise en œuvre pleine et entière de la Charte qu’en termes de responsabilité, pour que demain on sache qui et qui sont responsables de ce qui s’est passé pendant la transition. 

Nous avons aussi posé le problème de la durée de la transition. Nous avons rappelé que la Charte confère ce pouvoir non pas au CNT, mais au CNRD et aux forces vives. Donc, par rapport à cette point précis, nous avons estimé qu’attribuer ce pouvoir au CNT qui est déjà assez bien contrôlé par le CNRD ne permettra pas d’avoir une situation consensuelle, d’avoir une durée constellé et surtout, ça sera une flagrante violation de la Charte. 

La mission a pris bonne note de l’ensemble de ces observations-là. Et nous espérons qu’elle appuiera ses idées auprès des différents interlocuteurs qu’elle va rencontrer au cours de sa mission, notamment auprès du CNRD ».

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