Le directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques (CAES) ne peut pas être compté parmi ceux qui sont complaisants avec la junte au pouvoir depuis septembre dernier. Au contraire, Aliou Barry, invité de l’émission sans concession, a porté un regard critique sur la gestion du pays le CNRD.
Pour l’activiste des droits de l’homme et spécialiste des questions de sécurité, tout d’abord, « le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) fait une erreur, une très mauvaise analyse en pensant que les gens ont applaudi le CNRD le 5 Septembre ».
Aliou Barry d’insister que «je pense que c’est une erreur qu’ils commettent », « parce que, explique-t-il, les gens ont applaudi la fin du régime d’Alpha Condé. C’est complètement différent ».
Poursuivant, constate M. Barry, « aujourd’hui, le CNRD est confronté à la réalité du pouvoir. Ils n’étaient pas préparés à cela ».
Mais pour ne rien arranger, ajoute l’invité de “Sans Concession”, « au lieu de se limiter (…) aux actes pouvant permettre un retour à l’ordre constitutionnel, ils se sont engagés à poser des actes de développement ». Sans compter le volet « rectification institutionnelle » dont le Premier ministre parle, sans se poser la question de savoir « quelle est la légitimité qu’un gouvernement issu d’un coup d’Etat militaire pour refonder l’Etat Guinée ».
Alors « qu’ils n’ont pas un mandat du peuple », rappelle-t-il. Avant d’indiquer « ça devait être le rôle et les actions d’un pouvoir issu d’élections libres et transparentes (…)».
Dans la même logique, l’expert qui remarque « des difficultés de se faire entendre sur ce terrain », pense que « le CNRD pouvait rentrer dans l’histoire politique de la Guinée, s’il se limitait uniquement sur ce pourquoi ils sont là, c’est-à-dire stabiliser le pays, préparer des élections propres, avec un fichier fiable, permettre une fois pour toutes que ce pays connaisse un président élu démocratiquement, qui lui, aura la légitimité de refonder l’Etat, de refaire les routes, de construire les hôpitaux ».
Mais relève le directeur du CAES, « je vois même par exemple qu’il y a un décret pour mettre en place une brigade d’intervention rapide ».
Pendant que, soutient-il, « les questions de défense nationale, ce sont des questions de souveraineté qui ne relèvent que d’un régime démocratiquement élu, d’un régime légitime ».
Parlant de ce qu’il pense être la genèse du problème pour monsieur Barry, « actuellement, en Guinée, comme au Mali, il y a une vraie confusion. Et tout cela est dû à quoi ? Si vous prenez ces deux pays, notamment en Guinée, depuis 84, les militaires ont pris goût au pouvoir, donc ils sont habitués aux retombées économiques du pouvoir donc il sera très difficile de les sortir du pouvoir parce que les politiques qui arrivent, et l’exemple d’Alpha Condé a été dramatique sur ce terrain…”
Un regard sans concession qui devrait attirer l’attention du CNRD et son président en vue de rectifier le tir et faire de sorte que cette fois soit la bonne pour la Guinée et les Guinéens qui attendent cela depuis 63 ans.