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Transition 2010 : des révélations troublantes sur le parti pris du général  Konaté en faveur du candidat Alpha Condé

C’est un élément audio qui replonge la Guinée au cœur de la transition militaire en 2010, suite au décès du président Conté fin 2008 et à la tentative d’assassinat contre le capitaine Dadis, ex-chef de la junte fin 2009. Il s’agit de l’enregistrement d’une conversation privée entre l’actuel ministre secrétaire  général à la présidence de la République, Youssouf Kiridi Bangoura, l’ambassadeur de la Guinée à Paris, Amara Camara, le général Sékouba Konaté, ex-président de la transition actuellement en exil  et un proche de ce dernier, probablement un oncle qui reste à identifier.

Dans cet élément sonore devenu viral sur les réseaux depuis 24 heures, il apparaît que le général Sékouba Konaté avait pesé de tout son poids pour l’accès au pouvoir de Alpha Condé, alors que ce dernier « n’était que  troisième » selon les résultats sortis des urnes. Guineenews vous propose ci-dessous une transcription des parties essentielles de cette conversation où, sur fond  de mea-culpa, des proches d’Alpha Condé et du Général Konaté tentent une réconciliation entre l’actuel locataire de Sekoutourea et son prédécesseur,  sans qui il n’aurait probablement jamais pu arriver au pouvoir.

Entrant dans la conversation Kiridi Bangoura déclare: « (…)  Vous savez monsieur l’ambassadeur, moi je suis très ému. C’est Dieu qui a fait que je sois en mission avec le président et qu’il m’ait demandé de rester pour ça. Le président et moi, à chaque fois qu’on parle, je dis je suis très mal placé pour parler de Sékouba. C’est mon frère, c’est mon ami. Et quand tout le monde disait pendant la transition, est-ce  qu’il est avec nous? Je parle en âme et conscience. Moi je ne parle pas souvent. J’ai une chance, il est là, mais lui son  problème c’est mon problème. Je suis très fier parce que j’ai dit une fois au présent, il est là vous, êtes  là, le jour où vous serez prêt, le jour où Sékouba serait prêt pour que vous parliez sérieusement, l’un ou l’autre me mandate, je m’occuperai de ça. Personne d’autre ne me parlera de Sékouba parce que je ne connais  personne d’autre qui parle actuellement honnêtement de lui. Les gens se sont servis comme il l’a dit de la relation des deux. Ce que moi je dis, l’ambassadeur a dit quelque chose d’important. Il faut que cette fois-ci, je le dise  à mon ami, mon frère, il a tout intérêt, il n’a pas de profit mais l’intérêt, l’intérêt moral, l’intérêt politique que le président là soit à l’aise. Je ne sais pas lui mentir (…) »

Interrompant momentanément son interlocuteur, on entend l’ambassadeur Amara Camara préciser que: « (…) je peux le témoigner, sans lui on ne serait pas au pouvoir. »

Kiridi acquiesce et enchaînant: « On ne serait jamais au pouvoir.  Il faut que ce soit clair ». Poursuivant,  Kiridi révèle que « c’est moi qui ai fait les 24 points. Les 24 points dépendaient de sa (le général ndlr) volonté. C’est lui qui a dit, non réglez-moi les dysfonctionnements pour que vous alliez aux élections. S’il avait dit non les 24 là… il avait un argument contre nous. Ces 24 points existaient dès le premier tour, vous avez fait l’élection, donc continuez. Mais là où j’ai vu qu’il soutenait le président, c’est quand il a dit tout ce que vous avez mis sur papier vous avez signé tous les deux là, respectez le avant d’aller. Quand il tenait cette position là, on a pu refaire un retard extraordinaire. Mais sans ce temps, sans  son autorisation on n’aurait pas pu… »

(…) Notre grand frère qui est là, lui et  moi, on avait beaucoup parlé. A chaque fois que le vois, je dis protégez Sékouba. Il dit pourquoi? Je dis là où il est, vous avez l’impression que c’est nous qui avons besoin de lui. Je dis c’est vrai. Mais il a besoin de nous plus que nous on a besoin de lui. Protégez-le. Vous ne savez pas la chance qu’on a d’avoir quelqu’un comme lui. (…) Pendant toute la transition quand on se voyait, c’est le conseil que je te donnais. Je dis attention, Sékouba est la clé pour qu’on puisse garder le pouvoir. Les autres qui sont autour là, si vous les laissez mettre la main sur ça, ils vont faire n’importe quoi. (…)Je demande à Sékouba d’être à la place du fils, tout en restant reconnaissant, j’insiste, pour tout ce qu’il a fait pour nous. Parce que quelqu’un qui ne nous aimait pas, qui n’aimait pas Alpha Condé, il suffisait qu’il dise seulement respectez le calendrier. Seulement ça. Il n’avait même pas besoin  de faire quelque chose contre. Nos adversaires l’ont beaucoup combattu, l’ont Insulté, ont tout fait. »

Ambassadeur Amara Camara reprend la parole encore pour préciser: « Mieux, il a dit qu’il ne remettrait le pouvoir qu’à (…) ». Ajoutant que « (…) ça c’était au premier tour (…). Et de faire cette révélation qui explique la colère de Sidya Touré contre le général Konaté et son entourage d’alors: « (…) au premier tour on venait en troisième position. »

A son tour, l’oncle du général témoigne que: « (…) Quand Kiridi est venu chez moi à Sangoyah, il m’a dit, dis donc à ton frère vraiment, qu’il ne faut pas que la balle là va ailleurs. Oui ou non? »

Kiridi Bangoura de répondre: « Oui je lui ai dit lui, les gens vont vous envoyer les résultats, acceptez ces résultats. Dites lui de dire aux gens de publier les résultats qu’ils ont, de ne pas les modifier (…). Précisant qu’il n’allait jamais voir le général Sékouba Konaté, mais qu’il lui parlait par personnes interposées pour ne pas le compromettre. »

Parlant du président du président Condé, il  raconte que « …quand il partait, la seule chose qu’il a dite, ambassadeur appelle Kiridi. Je vous demande d’aller rencontrer l’oncle de Sékouba et Sékouba. Je demande à mon frère de me pardonner et de savoir qu’il est devenu un élément important pour le pays. Si  personne ne le gaspille. Les gens se sont beaucoup servis de lui. Chacun a pris ce que Dieu a voulu donner à chacun. Et je suis fière de lui pourquoi? Personne n’a dit que ce n’est pas lui qui m’a donné. Ils sont ingrats mais ils savent que c’est Dieu qu’il a donné (…). Et moi je dis en âme et conscience, je suis fier de lui parce que tout simplement il a pu mener le pays à ça. Les gens croient que son rôle est terminé en Guinée. Dieu sait que c’est lui qui a fait ça. Moi je lui demande de se réconcilier avec son père d’abord. Deuxièmement, de savoir que nous tous, si cette réconciliation est faite, nous sommes à sa disposition (…) »

Réaction peut audible du Général Konaté: (…) le frère il est parano… qu’est-ce que j’ai à foutre? (…) Je le respecte. Mais si les civils sont au pouvoir, j’ai fait ce que j’avais à faire. Vraiment Dieu ne va pas me laisser comme ça. »

Décryptage Thierno Souleymane

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