En ce début de la saison des pluies, une trentaine de familles ont été déguerpies tôt ce jeudi matin 9 mai 2024 à Touguiwondy dans la commune de Matam. À en croire aux dires des personnes déguerpies, des gendarmes en compagnie des jeunes cagoulés ont fait irruption dans leurs maisons d’habitation aux environs de 5 heures pour sortir de force leurs objets. Interrogés par Guineenews, ces victimes ont déclaré avoir perdu des sommes d’argent et des objets de valeurs.
Kerfala Keïta, victime de déguerpissement est revenu sur les circonstances du déguerpissement tout en rappelant qu’il n’y a pas eu de notification de libérer les lieux : « Aujourd’hui à 5 heures, j’étais à la prière. Ma sœur m’a appelé en me disant qu’il y a des gendarmes et des jeunes qui veulent faire sortir les gens de leurs maisons. Quand je suis venu, je me suis adressé à l’huissier qui était là pour le déguerpissement pour me donner la réquisition, il a catégoriquement refusé. Ils ont commencé à déguerpir les gens sans avertissement ni préavis. Ils disent que ce sont les auxiliaires de la justice. On a coopéré pour ne pas qu’il y ait une perte de vie et des violences. Parce que les huissiers étaient venus avec des gendarmes et des jeunes loubards en cagoule. Ils ont fait n’importe quoi. »
Malgré cette irruption des gendarmes, ces victimes ne comptent pas quitter les lieux. Kerfala Keïta dit détenir les documents du domaine. « On n’a nulle part où aller. Mais on ne quitte pas parce que nous avons nos documents authentifiés depuis 1956. Ce domaine a été offert à mon grand-père qui est Elhadj Morlaye Keïta. Je me demande qui peut venir ici pour nous dire de quitter ici ? Mais une chose est claire, nous ne sommes pas en sécurité. Parce qu’il pouvait y avoir les cas de violences », a-t-il indiqué.
Elhadj Lansana Camara, une autre victime dit avoir perdu des objets de valeurs et des sommes d’argents. « Ça été un scandale pour moi. À mon retour de la mosquée, j’ai trouvé les gendarmes cagoulés. Mais derrière les gendarmes, il y avait un groupe de jeunes qui sortait les objets des maisons. Ils ont défoncé toutes les portes. Moi-même, j’ai été victime. Mon enfant doit se marier demain. Tous les objets que j’avais payés, ils ont tout pris. Ma femme a perdu aussi 4 millions dans la chambre », déplore-t-il.
« On a appelé le chef du quartier, il n’a pas répondu. Un scandale ne peut se passer dans le quartier et qu’il ne soit pas au courant. On a appelé les imams aussi ils n’ont pas répondu. Ce qui veut dire qu’ils connaissent l’affaire mais ils ont trahi. On a beaucoup à faire dans ce pays. C’est la force et l’argent qui règnent dans ce pays. À l’heure-là, ce sont les pauvres qui sont menacés par les riches. Je demande au président Doumbouya de prendre ses responsabilités», lance-t-il.