Décidément, le jeune metteur en scène, Moussa Doumbouya, doublé de comédien et de conteur prodige, aura offert son spectacle de l’année ce vendredi 21 décembre 2018, au Centre culturel franco-guinéen (Ccfg). C’est du moins l’avis des spectateurs qui ont été bercés par l’homme dans la salle Momo Wandel, à Conakry.
Dans cette nouvelle représentation théâtrale intitulée « Le duel au fouet » produite par le Ccfg, Petit Tonton a tenu en haleine pendant une heure le public mobilisé pour la circonstance et acquis à la cause de l’artiste.
Le récit est une adaptation du roman « Safrin ou le duel au fouet » du président de l’Association des écrivains de Guinée, Lamine Capi Kamara. Il retrace l’histoire du héros Safrin resté, plusieurs moments, intrépide dans la contrée de Djomabana avant de croiser sur un champ de bataille Karinka, qui le fera subir une défaite cuisante dans un combat historique.
Plongeant ainsi dans une honte inouïe, celui qui a régné pendant longtemps dans la région du Manding et qui eut, pendant ce temps, raison de tous les jeunes de sa génération. Comme pour dire qu’on peut se targuer de n’avoir pas son modèle dans sa famille, mais jamais dans la vie.
Et le tout entremêlé d’une symphonie musicale d’un rare professionnalisme, auréolé de pas de danse bien esquissés au rythme de la mélodieuse chanson qui l’accompagne, sous une lumière à la fois attrayante et captivante. Toute chose qui n’a pas fait regretter les spectateurs d’être venus suivre l’époustouflant spectacle que les uns et les autres se sont accordés à qualifier de « représentation théâtrale de l’an de Petit Tonton » malgré sa brillante et récente prestation au festival Les Récréatales au Burkina et au festival Export to Africa dans la ville allemande de Nuremberg.
Le récit présenté ce vendredi parle de l’organisation de la société traditionnelle mandingue, de ses coutumes et de sa musique à travers l’histoire d’un jeune descendant de Magassouba à Diomabanan conté par le parolier des temps modernes, Petit Tonton, médaillé d’argent aux 8èmes Jeux de la Francophonie, et qui a constitué autour de lui une petite équipe sur ce projet composée d’Eric Kemonhacka pour la musique, Cheick Omar à la direction musicale, de Mohamed Lamine Soumah pour la scénographie et de Habibatou Bah pour les costumes, dans un décor tradi-moderne.
Réactions d’après-spectacle
Au terme du spectacle, le public joyeux n’a pas manqué de confier son sentiment mais aussi les enseignements qu’il tire de cette représentation. Le directeur général de CIS Médias, Aboubakry Ba, s’est déclaré ébloui par la qualité du spectacle.
« On sent que c’est un spectacle bien travaillé, avec beaucoup de professionnalisme. On n’en doutait pas. Parce qu’on connaissait déjà l’immense talent de l’artiste qu’on a vu sur plusieurs scènes, aux Jeux de la Francophonie notamment d’où il est revenu avec une médaille. C’est un garçon très talentueux pour qui on éprouve du plaisir à toujours voir sur scène. Il a fait la restitution, avec la modernisation, d’un texte qu’on connaissait déjà. Mais l’adaptation faite de ce texte nous rassure davantage de la créativité, de la qualité, du talent des artistes guinéens symbolisés par cette représentation d’un très haut niveau », s’est réjoui l’ancien journaliste sportif à Canal+.
Par la suite, le directeur des ressources humaines au Groupe Hadafo Médias, également directeur général de Sweet FM, Macka Traoré, trouve en cette représentation un spectacle qui lui a procuré à la fois beaucoup d’enthousiasme et de plaisir.
« Petit Tonton, c’est quelqu’un que je côtoie tous les jours. Mais jamais je ne l’avais découvert dans cet état. Et le conte doit revenir, parce que vous avez vu ce qu’il est capable de faire: revivre le passé et donner plein d’enseignements. Il a offert un beau spectacle. Et si c’était à suivre à nouveau, je le ferai », a affiché Macka Traoré.
Ce commissaire général du festival de Fria dénommé Fristival indique qu’il est en train, depuis un certain temps, de draguer Petit Tonton afin que ce spectacle se transporte au Fristival.
« Il m’a promis sans que je n’aie vu le spectacle. Maintenant que je l’ai vu, je vais tout faire pour que la population de Fria et tous ceux qui rallieront le Fristival aient la chance de suivre ce spectacle », a-t-il promis.
Aboubacar Diallo, plus connu dans le milieu de la presse culturelle sous le pseudonyme de Séné Diallo soutient pour sa part que la prestation scénique de l’artiste l’inspire la vraie Afrique qu’on ne devrait nullement perdre.
« Cette Afrique qui a des valeurs et qu’on devrait transmettre à nos progénitures, mais que nous n’exploitons pas malheureusement. Celui qui a eu la chance de suivre cette représentation, comprend tout de suite l’histoire du Mandingue et se rend compte que l’Afrique vivait organisée. Il faudrait que la nouvelle génération que nous sommes et que sont vos lecteurs essaient de mettre le complexe à côté et chercher à mieux connaitre la culture qui est la nôtre », a formulé l’impresario du jour.