Ibrahima Sory Touré alias ‘’Damas’’, ex-sociétaire du Horoya Athlétic Club et du Syli national est fonctionnaire en service au Ministère de l’éducation nationale, à la Direction du sport scolaire et universitaire.
Il a reçu Guinéenews à son domicile, sis au quartier Gbessia-cité école, dans la commune de Matoto et s’est prêté aux questions de votre quotidien électronique.
Né en 1954 à Kindia, il est fils de feu Ibrahima et de Kadiatou Camara. Marié, Ibrahima Sory Touré ‘’Damas’ est père de 3 enfants dont 1 fille et 2 garçons.
Pour son cursus scolaire et universitaire, ‘’Damas’’ va débuter ses études primaires à Madina-école, puis celles secondaires à Ratoma et pour ensuite enchainer à Kindia où il passera le Brevet au collège du 28 septembre et le bac au CER du 8 novembre.
Après l’obtention du bac, il sera orienté à la faculté des sciences de la nature de Donka où en 2ème année, il obtiendra son concours d’accès au second degré. Malheureusement pour des raisons personnelles non dévoilées, c’est là où il stoppera les études. Lisez :
Guinéenews : comment êtes-vous venu au football ?
Ibrahima Sory Touré : j’ai commencé à jouer au football depuis le bas âge comme tous les enfants à Madina et je jouais au poste d’avant-centre. C’est arrivé à Kindia que je fus replié au poste de milieu de terrain puisqu’on avait des enseignants qui étaient en même temps des footballeurs. Je peux citer messieurs John, Fernand, Remetter, Pelé, tous nous encadrait à l’école pour notre épanouissement dans ce domaine. C’est précisément à Kindia et à partir du collège que j’ai réellement commencé à me tracer le chemin par l’intermédiaire de Sékou Sylla ‘’Gauché’’ qui fut d’ailleurs plu tard, international guinéen. J’ai été découvert lors d’un tournoi interclasse où nous avions battu la classe de Sékou Sylla ‘’Gauché’’, qui m’a du coup repéré et me fera appel lors du tournoi inter établissement.
J’ai été ensuite recruté au sein de l’équipe fédérale de Kindia lors d’un match livré à Mamou. J’étais sur le banc de touche et l’absence de Mr John sur le terrain me fera titulariser depuis au poste de milieu de terrain.
Guinéenews : comment aviez-vous intégrer les rangs du Horoya athlétic club et de la sélection nationale ?
Ibrahima Sory Touré : pour mon intégration au sein du HAC, c’est après le triplé du Hafia football club qu’une tournée de matchs de gala a été organisé dans les gouvernorats. Arrivée à Kindia, le Hafia a joué contre le Gangan de Kindia et j’étais titulaire au milieu du terrain. C’est lors de ce match de gala que j’ai raté un penalty face à l’excellent portier d’alors le doyen Bernard Sylla. C’est à partir de ce match que j’ai été recruté au sein du HAC en compagnie de Kinani.
Quant à mon recrutement au niveau du Syli national, j’ai été retenu après la victoire du HAC en coupe des vainqueurs de coupe en 1978. Pas du coup titulaire. C’est en 198O, après le départ Ismaël Sylla ‘’Euzobe’’ milieu du terrain et le décès du stoppeur Gassim Sylla Hidalgo, que des problèmes ont commencé à se poser au sélectionneur Me. Naby dans le but de combler ces vides. Le Syli national qualifié aux phases finales de la CAN de Lagos en 198O, le choix de remplacer feu Hidalgo fut porté sur ma personne. Il faut signaler que je fus assez encourager par feu Papa Camara et Djibril Diarra ‘’Becken’’ pour enfin occuper ce poste. J’étais très hésitant pour prendre la décision finale et c’est ainsi d’ailleurs que Becken m’a dit cet adage en langue susu ‘’Le bébé tombe toujours dans les mains de celle ou de celui qui le tiens’’. Car, ils avaient tous compris mon souci de ne pas flancher à ce poste. J’étais déjà classé sur le banc de touche, quand ouvertement, le vote fut fait et la majorité balancera à mon profit au détriment du défenseur Billy du 3ème arrondissement qui était aussi candidat à ce poste. Mon premier match à ce poste fut contre le Ghana où le Syli avait perdu 1-O. Depuis, j’ai été toujours le stoppeur attitré à ce poste dans le Syli national.
Guinéenews : 9 ans titulaires au sein du HAC et plusieurs autres années en compagnie du Syli national, certainement un beau ou mauvais souvenir retient votre attention sur le parcours ?
Ibrahima Sory Touré : mon plus beau souvenir demeure le titre de champion en coupe des vainqueurs de coupe en compagnie du HAC en 1978. C’est mon plus grand bonheur dans ce parcours de footballeur.
Le mauvais souvenir qui retient mon attention est le match retour HAC contre Luventus du Nigéria. Après le match nul fermé de zéro but partout à Lagos, j’ai pris un coup de pied à la nuque au match retour. Oumar Conté paix à son m’a placé le ballon dans un trou où avec une tête plongeante, j’étais prêt d’égaliser le but. Malheureusement, le défenseur adverse a envoyé le pied qui a atteint ma nuque. Je me suis évanoui et fus sorti sur civière. C’est un mauvais souvenir.
Guinéenews : au portail de votre cours, quelqu’un vous a appelé coach. Est-ce vous portez cette autre casquette d’entraineur de football ?
Ibrahima Sory Touré : après ma carrière de footballeur en 1987, je me suis toujours accroché au HAC en compagnie de l’entraineur feu L. Kaba. Après deux ans, j’ai été désigné comme Directeur technique puisque j’étais le seul ancien footballeur qui s’était fidélisé à ce club. Avec les conseils de feu L. Kaba, je suis allé tout d’abord suivre une formation d’entraineur de 1er degré à Labé. Ensuite en compagnie de Chérif Souleymane en qualité de Directeur technique national et formateur de la CAF, j’ai suivi une autre formation en Tunisie. Quelques mois après, j’ai bénéficié d’une autre formation en Allemagne et c’est ainsi que j’ai été nommé entraineur adjoint du Syli local avec l’entraineur Pelé. J’ai eu à entrainer le HAC, le Gangan de Kindia que j’ai pu faire remonter en ligue 1. Présentement, je suis en quête de la licence A.
Guinéenews : pourquoi fait-on donc venir des entraineurs étrangers en face de vous autres ayant des diplômes plus ou moins similaires ?
Ibrahima Sory Touré : le Guinéen n’a pas confiance en son prochain ou que tout le monde est aigri contre son camarade. Difficile aujourd’hui de nier la valeur de Lapé Bangoura et je le dis aujourd’hui à haute et intelligible voix. J’ai eu l’occasion de travailler avec l’homme. Le guinéen est toujours prêt à couper les herbes sous les pieds de son compatriote à cause de son intérêt. Toutes les coupes obtenues en Guinée est-ce la prouesse des entraineurs étrangers ? Certes qu’il faille rendre aujourd’hui hommage à feu Budai qui a pu mettre une équipe en place et qui sans doute s’est fait accompagner par de valeureux techniciens guinéens. Me. Naby, Me. Garrincha, feu Djéli Mory et tant d’autres ont contribué à ce grand et inégalable succès qu’est ce triplé du Hafia. Depuis qu’ils ont quittés où ces autres expatriés recrutés nous ont-ils menés ? Peut-être au bord du gouffre et c’est la juste réponse. De l’argent englouti, un peuple sportif encore assoiffé et nostalgique de son glorieux passé. Voilà en somme ce que vit ce football guinéen.
Guinéenews : aviez-vous certainement un cri de cœur ?
Ibrahima Sory Touré : oui ! J’en ai pleins à faire éclater la gorge.
Aux dirigeants du football guinéen tout d’abord, de penser à toutes ces grandes gloires qui ont servi ce pays afin de les associer à la gestion du football. Quand je vois tous ces jeunes footballeurs qui ont la chance d’être bien rémunérer et qui ne mouillent pas à suffisance le maillot, cela me sidère. Le patriotisme a foutu le camp.
Nous n’avions jamais joué pour l’argent. On se contentait juste du peu pour rendre heureux ce peuple. Qu’on nous rende la monnaie dans le bon sens.
Venons-en aussi au manque d’infrastructures, d’encadrement et de suivi des jeunes qui est un facteur qui joue sur le développement du football guinéen. Il n’y a plus d’espaces qui puissent permettre aux jeunes talents de prospérer. A notre temps, à part le stade du 28 septembre et son annexe, il y avait pleins d’espaces qui ont concouru à nos développements personnels. D’autres espaces tels le stade de Coléah, celui de Sadicom, de Filios, de petit Moscou, du terrain rouge de Donka ont contribué largement à l’épanouissement du football guinéen. Aujourd’hui, les jeunes évoluent dans les rues avec toutes les insécurités qui s’y collent. La structure de base était là au temps de la Révolution. De l’école au quartier, de la section en passant par la Fédération et au niveau nationale.
Guinéenews : pourtant vous êtes un cadre de ce secteur et bien imprégné puisqu’appartenant à la Direction du sport scolaire et universitaire. Qu’est-ce qui se passe en réalité ?
Ibrahima Sory Touré : certes, je suis de ce secteur. Mais, c’est l’organisation qui manque et malgré que je sois de ce côté-là, chaque proposition faite, est balayer du revers de la main pour cause budgétaire. Pourtant au temps de ces grandes gloires, l’argent venait en seconde ou troisième position pour renforcer les structures viables mises en place.
En conclusion, il faut que ces dirigeants de ce football pensent aux anciens qui ont fait la gloire de ce football guinéen. Il faut que vous journalistes aussi, participiez à aider à faire comprendre qu’il y’a des ressources humaines dans ce secteur qui ne sont pas valorisées. Il y a eu combien de morts ? Combien se promènent avec leurs diplômes en poche ? Combien veulent s’approcher de ceux qu’ils ont tant aimé et pratiquer et qui n’ont pas la possibilité d’accéder au milieu ? Débarrassons-nous de ces bandits à col blanc qui tournent autour de notre football et qui le gangrène.
Entretien réalisé par Abdoul Ly