La suspension à titre conservatoire dans la soirée du dimanche, du ministre des Travaux publics et des transports, M. Yaya Sow par le Premier ministre Dr Bernard Goumou, pour des soupçons de corruption relatifs à des procédés de maquignonnage, entourant la passation des marchés publics, prouve à n’en pas douter, que ce technocrate est désormais sur un siège éjectable. A moins que le président de la transition ne fasse preuve de recul, pour lever l’équivoque dans cette affaire qui éclabousse sept autres cadres du département des Travaux publics, considéré comme l’antre du diable. Où l’affairisme se le disputerait à l’orthodoxie. Cela a toujours été ainsi. Ne dit-on pas que les mauvaises pratiques ont la peau dure.
En attendant que le gouvernement ne livre sa part de vérité dans le comment et le pourquoi de cette mesure qui est tombée comme un couperet sur la tête de grands commis de l’État, il y a de quoi désabuser l’opinion. Qui, à son corps défendant, apprend malheureusement que l’on n’est pas sorti de l’auberge. Comme si la profession de foi du colonel, qui s’était engagé au lendemain de sa prise de pouvoir, de porter le fer contre la corruption, n’aura été que de la fumée.
Pour revenir à ce scandale qui défraie la chronique dans la cité, tout serait parti d’un audio, enregistré par des méthodes dignes de la barbouzerie. Où l’on entend des cadres du département des Travaux publics se repaître dans le partage d’un marché de 16 milliards de fg, devant servir au financement des travaux de curage des caniveaux de la capitale.
Quitte à ce que chacun des bénéficiaires des lots puisse ensuite exécuter son contrat à sa guise. Loin des regards et des oreilles indiscrets.
Bien que n’étant pas présent à cette « réunion secrète », le nom du ministre Yaya Sow revient quand même dans les échanges, comme étant le principal « initiateur » de ce qu’on pourrait qualifier de tentative de vol en bande organisée.
A sa décharge, le ministre des Transports et des travaux publics se défausse sur M. Sâa Yolande Camara, directeur national de l’entretien routier. L’accusant d’être l’instigateur de cette « conjuration », pour sa payer sa tête. A l’en croire, Sâa Yolande Camara qui aurait la rancune tenace, aurait entrepris toute cette machination pour se venger ainsi de la suspension dont il fut victime à un moment donné de la part de Yaya Sow.
Dans son plaidoyer prodomo fait sur Guineenews, le ministre rappelle d’ailleurs qu’il avait fallu l’injonction du Premier ministre, pour qu’il lève la suspension de M. Sâa Yolande. Et qu’il se verrait mal tremper dans de la corruption, en tant que pensionné jouissant de 11 mille dollars us par mois. En tout état de cause, Yaya Sow a intérêt plus que quiconque, à ce que toute la lumière soit faite sur ce dossier, au risque de se faire hara-kiri.
Cette affaire qui fait dresser les cheveux sur la tête de l’opinion, risque de laisser des traces sur les murs du gouvernement de transition. Un gouvernement qui a promis de laver plus blanc, mais qui a du mal à vaincre nos vieux démons.
Au visa de la déclaration de Yaya Sow, certains observateurs ont vite fait de soupçonner à tort ou à raison une connivence entre Dr Bernard Goumou et Sâa Yolande. Dans le but de « liquider » le ministre.
A l’allure où va cette affaire, le colonel Mamadi Doumbouya aura intérêt à peser au trébuchet tout ce qui lui est remonté comme information concernant ce scandale. Afin d’éviter de tomber dans le piège de ceux qui voudraient le voir agir à très mauvais dessein contre les cadres qui prêchent pour une gestion parcimonieuse des deniers publics.