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Société des Mines de Fer de Guinée : l’exploitation du Nimba n’est pas pour demain…

L’avenir de la Société des mines de Fer de Guinée (SMFG), filiale de HPX (high power exploration) s’écrit-il avec pointillés ? La question mérite d’être posée, eu égard aux développements intervenus ces derniers temps dans son évolution. Notamment les échanges entre la direction générale de ladite société et les autorités guinéennes, sans perdre de vue l’évacuation de son minerai par le Libéria qui n’en finit pas avec ses interminables complications dans les négociations.

Pour rappel, dans un courrier en date du 24 août dernier, le Directeur général de la SMFG, ancien Premier ministre guinéen, Mamadi Youla, avait annoncé à l’inspecteur général du travail une décision de mise en congé payant d’une partie de son personnel. Une situation qui est, elle-même, la conséquence d’un ralentissement des activités de la société.  Une mesure que l’Inspecteur général du travail n’entend pas de cette oreille et le fait savoir : « sur instruction de monsieur le ministre du Travail et de la Fonction, je vous demande de bien vouloir suspendre cette mesure de mise en congé du personnel sur les sites de Lola et de Conakry » Et d’ajouter : « en conséquence, je vous invite à rappeler dans leurs postes respectifs tout le personnel concerné par ladite mesure et bien entendu de procéder au paiement de leurs salaires. »

L’inspecteur, Elhadj Mamadou Saliou Diallo a, par ailleurs annoncé, qu’une mission de son service se rendra dans un meilleur délai sur les sites de Lola et de Conakry.  Afin de constater, dit-il, la reprise effective des activités. Ce qui répond à la question posée récemment par Guinéenews, concernant la réaction des autorités guinéennes à la décision de la SMFG.

A propos de la mission qui a eu effectivement lieu dans la semaine du 13 septembre, « nous étions partis parce nous avions appris que la société a envoyé certains travailleurs en congé technique sans saisir au préalable le ministère des Mines. Selon le constat fait par ladite mission, les responsables de la SMFG ont juste évalué les charges et décidé que certains restent à la maison mais en continuant à les payer », a expliqué une source proche du gouvernement à Guinéenews. Comme pour dire qu’il n’y a pas péril en la demeure.

Et si l’essentiel se jouait au Libéria ?

Des explications qui ne rassurent pas les observateurs qui établissent un lien entre ce « congé payé » et des informations récemment publiées par le journal en ligne Front Page Africa, selon lesquelles les activités de HPX (qui contrôle la SMFG) ne pourraient pas atteindre leur vitesse de croisière au Libéria avant 2029. Cela, pour plusieurs raisons.

Même si, relativement à HPX, « tout peut évoluer », tente de rassurer notre source qui déplore tout de même que « des fois, en Afrique, dans les pays où il y a des mines, de façon légale ou illégales, ils (les investisseurs) demandent le contrôle exclusif des infrastructures, ce qui est très grave » …. Reconnaissant un peu plus loin « qu’il y a une société qui a aussi une mine de fer là-bas (Arcelor Mittal) qui a une convention d’exclusivité sur le chemin de fer avec le Libéria ne veut pas que la SMFG utilise le même chemin de fer. »

Ce que le Directeur général de la SMFG avait dénoncé à demi-mots lors de la première rencontre entre le CNRD (comité national du rassemblement pour le développement) et les sociétés minières en septembre 2021.

Non sans corroborer les informations de FPA qui révèle que « HPX, la société minière guinéenne est en pourparlers avec le gouvernement libérien pour le blocage d’une capacité de 30 millions de tonnes sur le rail et le port libériens, … même si l’accord de concession montre que HPX pourrait faire environ 20 millions de tonne (seulement) par an ». Ce qui suppose que la SMFG demande à contrôler l’infrastructure pour une capacité supplémentaire de 10 millions de tonnes qu’elle pourrait à son tour sous-traiter.

De points d’achoppement qui ne seraient pas sans incidences sur les négociations du côté du Libéria. En dépit de l’accord préalable obtenu par gouvernement guinéen. En tout cas, à en croire à Front Page Africa, « l’utilisation et la gestion proposées (par HPX ndlr) de l’installation ferroviaire ont également bloqué le troisième accord de développement minier proposé par Arcelor Mittal Liberia. Le MDA (Accord de développement minier ndlr) n° 3 d’Arcelor Mittal offre une expansion des opérations de l’entreprise avec 1 milliard de dollars supplémentaires » … Alors que, rappelle notre source, « dans son étude de faisabilité, la SMFG indique que son projet ne serait pas rentable s’il utilisait le transguinéen pour l’évacuation ». Et qu’en conséquence,« elle choisit de passer par le Libéria parce que la réserve de son gisement n’est pas si grande ».

Une suite qui n’augure rien de simple

Parlant de la suite qui ne semble pas augurer de bon, notre interlocuteur se veut optimiste, tout en restant prudent. « Ça peut évoluer », déclare-t-il. Même s’il y a d’autres contraintes à lever, en l’occurrence « avec l’Unesco qui a classé une partie du Nimba comme une réserve mondiale », informe notre source.

Sauf qu’il existe beaucoup d’autres complications, croit savoir notre confrère de FPA qui dit : « … observer à partir de son examen (d’un) document que l’accord avec le gouvernement guinéen donne à HPX une option pour produire cinq millions de tonnes initiales tout en réalisant l’étude de pour le projet de 20 millions de tonnes ». Un accord conditionné par le fait que « …HPX doit soumettre une étude de viabilité financière et technique pour les cinq millions de tonnes initiales et obtenir l’approbation du gouvernement guinéen ». Alors que « HPX ne semble cependant pas envisager l’option de l’exploration initiale tant qu’il n’aura pas satisfait à toutes les exigences et aux préparatifs pour l’exploration des 20 millions de tonnes », commente notre source. Avant d’ajouter que « les experts disent qu’il faudrait environ six ans à HPX pour accomplir le financement et la construction ».

Ce n’est pas tout. « HPX doit également réaliser des études de rendement bancables (BFS) (y compris une étude d’évaluation de l’impact sur l’environnement) dans les 24 mois suivant la date d’entrée en vigueur de leur modification », dévoile FPG qui précise que ce document aussi « doit être approuvé par le gouvernement guinéen ». Et « HPX devra conclure des accords de financement dans les 11 mois suivant l’approbation… », indique le site.

 Par ailleurs, « HPX n’a pas encore organisé les études de rendement bancables (BFS). Ils doivent accomplir la construction complète du projet dans les 54 mois suivant l’accord de financement. Cela signifie que jusqu’à ce que HPX satisfasse à ces conditions, il ne peut rien produire – même 5 mt », explique FPA. Pendant que « cinq millions de tonnes métriques ne peuvent jamais être financièrement viables avec des dépenses d’investissement car ils doivent développer le rail et le port également pour l’évacuation », selon les commentaires d’un expert consulté par notre confrère.

Autres contraintes, « les clauses 13 et 26 de l’accord avec le gouvernement guinéen stipulent que HPX doit terminer l’étude viable de référence du guide technique (TGR) pour l’option d’évacuation de la Guinée et que le gouvernement doit prévoir le rapport de viabilité du TGR comme viable avant de pouvoir valider l’option Libéria ».

Ce qui porte à croire qu’à l’allure des choses, la mise en œuvre du projet d’exploitation du Nimba par la société des mines de fer de Guinée n’est pas pour demain.

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