Dans l’émission « Sans concession » de Guineenews animée le 1er juillet, il a été question pendant un bon bout de temps de la police. Le ministre de la Sécurité et de la protection civile, non sans défendre l’institution et le gouvernement souvent mis en cause, a concédé certaines vérités. Damantang Albert Camara a aussi et surtout annoncé des initiatives en cours ou envisagées pour améliorer les choses dans ce département parmi les plus décriés du gouvernement.
D’abord en ce qui concerne les tueries souvent déplorées pendant les manifestations politiques, Damantang Albert Camara, reconnaît qu’elles existent.
Cependant, il ne partage pas la lecture sur des raisons supposées politiques qui font que les enquêtes ouvertes ne permettent pas de retrouver et condamner les auteurs de ces crimes. Il demande des preuves des accusations dont la police fait l’objet en s’engageant pour une procédure contre les agents concernés.
Pour rappel, sur environ 200 personnes tuées ces dernières années, les circonstances des assassinats restent à élucider. Il y a seulement « deux cas où des agents ont été confondus et condamnés », avoue le ministre de la Sécurité. Et de l’expliquer par un problème de moyens et d’autres circonstances. Faisant remarquer de passage que «dans tous les pays du monde vous avez un certain pourcentage d’enquêtes qui n’aboutissent pas».
Selon M. Camara, « aux USA, 40% des enquêtes n’aboutissent pas ; en France, c’est 23%. » « Des pays où la police scientifique, la recherche de l’ADN, où les gens ne touchent pas au corps», insiste-t-il.
Pendant ce temps en Guinée, se plaint le numéro Un de la police, « vous n’avez aucun moyen de retracer la scène du crime, les empruntes… parce que des gens se sont permis de ramasser les corps, de les manipuler avant de les envoyer à la morgue ». Et d’insister que du fait que des corps sont déplacés et nettoyés et livrer à la morgue: « vous n’avez ni la possibilité de reconstituer la scène du crime, ni d’avoir des empreintes, ni d’avoir des douilles de balles, ni même d’avoir des témoignages…»
Dans ses explications, le ministre Damantang déclare: « qu’On ne sait même pas où la personne a été tuée. » « Et n’importe quel policier au monde vous dira que dans les conditions là, il est pratiquement impossible d’aboutir au coupable», se défend-il. « Je ne peux pas inventer des coupables», note-t-il.
Les solutions après les aveux
Ces aveux faits, place aux solutions. La première et la plus facile, c’est l’interdiction faite à la croix rouge de ramasser et transporter les corps… « Nous avons également sensibilisé les ONGs qui sont dans ces zones », informe-t-il. Egalement, le ministre Damantang annonce le renforcement des capacités de la police scientifique et des laboratoires. Il y a aussi l’installation des cameras et la formation de plus d’inspecteurs, avec le souhait qu’il n’y ait plus de morts.
« C’est un très gros handicap, la formation », concède Damantang Albert Camara. Se plaignant encore que « nous avons hérité d’une police où, de ce qu’on me dit que je n’ai pas pu vérifier, plus de 80% du corps n’avaient pas reçu de formation initiale de base.» Ce qu’il trouve « énorme, très dangereux, très grave. »
D’où la nécessité de faire face à la formation. Et pour cela, toujours selon M. Camara, « une école est construite à Kagbélen et la formation a commencé pour ceux qui étaient déjà dans la police mais qui n’étaient pas formés ».
Et de préciser que la formation qui a commencé « va se faire au fur et à mesure pour ceux qui sont en service sans être formés par manque d’effectifs ». Elle peut durer de 9 mois à deux ans, avec « des cycles spécifiques de modules » ; et va se poursuivre avec « des nouveaux qui vont être recrutés », ajoute-t-il.
L’autre défi dans la police, admet l’invité de l’émission « Sans concession », c’est la maîtrise de l’effectif. Pour Conakry, tout chiffre avancé serait « faux », parce que les policiers refusent d’être affectés à l’intérieur du pays, confirme-t-il sur fond de révélation. Mais, annonce le ministre de la Sécurité, des mesures sont en cours pour endiguer ce phénomène. Sans en dire davantage, pour, dit-il, éviter que les agents anticipent…
Privatisation des services de la protection civile
La protection civile est une des illustrations parfaites des contre-performances et des difficultés au quotidien de la police guinéenne. C’est « le parent pauvre » du secteur, avoue le ministre. Mais c’est probablement de domaine où le ministre Camara semble être le plus inspiré. En tout cas là, il a avancé beaucoup d’idées ; et même un délai ; « avant la fin de l’année », plus précisément.
La solution, c’est de faire du secteur un office de la protection civile. Pour que ses agents aient leurs propres ressources avec les prestations comme « le contrôle des chantiers, les constructions, les mesures de sécurité sur les installations… »
Ainsi, la protection civile aura ses propres ressources et n’aura plus à attendre que l’Etat pour acheter une citerne, du carburant et des équipements… Une solution « définitive», avec l’arbitrage budgétaire et les appuis des partenaires. Y compris au niveau des entreprises locales pour certaines prestations.