Le 5 septembre marque le deuxième anniversaire depuis que le Comité national pour le Redressement et le Développement (CNRD) a pris le pouvoir en Guinée, mettant fin à onze années de règne d’Alpha Condé. Pourtant, malgré les espoirs suscités par ce changement de pouvoir, le pays est toujours en attente d’un retour à l’ordre constitutionnel. Les autorités de la transition avaient établi un plan en dix points pour rétablir la stabilité et la démocratie, mais à ce jour, aucun de ces points n’a été réalisé.
Les trois premiers points de ce plan étaient essentiels pour jeter les bases d’une véritable démocratie en Guinée. Il s’agissait du recensement général de la population et de l’habitation, du recensement administratif à vocation d’état civil et de l’élaboration du fichier électoral. Ces étapes cruciales devaient permettre de garantir des élections libres et équitables à l’avenir. Cependant, leur réalisation a été entravée par des défis financiers majeurs et peut-être de volonté politique.
Le gouvernement dirigé par Bernard Goumou a estimé le coût total de ce processus de transition à 5 812 milliards 456 millions 180 mille 661 francs guinéens, soit environ 600 millions de dollars américains. Cependant, à ce jour, selon le Premier ministre Dr. Bernard Goumou, seuls 6,67 % de ce montant ont été mobilisés, ce qui représente un défi financier significatif. Les autorités guinéennes comptent sur le soutien de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres bailleurs de fonds internationaux pour rassembler les ressources nécessaires. Cependant, lors d’une sortie médiatique, le ministre de l’Administration du Territoire, Mory Condé, a contredit ces chiffres donnés par le Premier ministre : « Les 400 milliards GNF (40 millions de dollars USD) constituent le dernier montant mobilisé par le gouvernement. Cependant, il convient de noter que le Premier ministre n’a pas inclus dans ce calcul les 330 milliards GNF qui avaient déjà été mobilisés et mis à la disposition du ministère du Plan et de la Coopération, ainsi que les 60 milliards GNF mobilisés directement par le chef de l’État dans le budget de l’année 2022 ».
Mory Condé a rappelé que la CEDEAO avait prévu un financement pour accompagner le processus de transition, mais que des problèmes subsistent quant à la mobilisation de ces ressources. Il a insisté sur la nécessité de résoudre rapidement ces problèmes pour avancer vers l’élaboration d’une nouvelle constitution et la tenue d’élections. À ce jour, selon le département de l’Administration du Territoire, pour une prévision totale annuelle d’un montant de 400 000 000 000 GNF tout titre confondu, un montant de 140 000 000 000 GNF a été engagé, soit 35 %, mais aucun sou n’a été décaissé encore.
Certains observateurs, tels que Bah Oury, estiment que le budget de 600 millions de dollars pour la transition est excessif et proposent sa révision. Ils soulignent également l’importance de rechercher activement des moyens de mobiliser les ressources nécessaires, mais surtout d’une volonté politique.
La question du financement ne représente qu’un des nombreux défis auxquels est confrontée la Guinée dans sa quête pour le retour à l’ordre constitutionnel. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir, notamment l’élaboration de la nouvelle constitution, la tenue de scrutins référendaires et électoraux, la mise en place d’institutions nationales conformes à la nouvelle constitution, et enfin, l’élection présidentielle. L’avenir de la Guinée dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à surmonter ces obstacles et à respecter le calendrier établi avec la CEDEAO.
En fin de compte, alors que la Guinée célèbre son deuxième anniversaire sous le CNRD, elle reste à la croisée des chemins, avec un chemin incertain vers la restauration de l’ordre constitutionnel et de la démocratie.