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Quid des barrages routiers : coucou, les revoilà !

L’une des annonces phares du CNRD à son arrivée au pouvoir le 05 septembre 2021, a été la suppression des barrages routiers sur toute l’étendue du territoire, en dehors de ceux des frontières terrestres et des zones minières. Cette mesure, il faut le dire, a été favorablement accueillie et même très applaudie par les   populations, surtout les transporteurs et les voyageurs. Ces derniers gardent encore un mauvais souvenir de ces anciens barrages, de triste mémoire, avec lesquels ils ont été confrontés des années durant. Ils en parlent comme d’un véritable fléau sur la route. En tout cas, de leurs points de vue, amplement partagés, ces endroits ont été, tout à la fois, des zones de tracasseries et de retards, mais surtout de péage à ciel ouvert pour des caisses occultes.

On les dépouillait là, au nom d’une réglementation qui ne s’appuyait que sur le versement d’une rente artificielle dont aucun dividende n’était versé dans les caisses de l’Etat.

C’est ce que le CNRD a décidé de bannir dès sa prise en mains des destinées du pays. C’était en octobre 2021. On se souvient de la joie que cela avait suscité chez les citoyens. L’union nationale des transporteurs routiers, le syndicat des chauffeurs et de la mécanique générale, ainsi que la faîtière des transporteurs qui chapeaute ces deux entités, avaient aussitôt donné de la voix. Au nom de leur secteur d’activité, ils avaient tous salué la mesure et exprimé à travers des déclarations, leur reconnaissance et leur soutien au CNRD. Ils ont à l’occasion, invité chauffeurs et transporteurs à faire preuve de civisme et de responsabilité dans la conduite de leurs activités. Entre autres, à se mettre en règle du point de vue des documents administratifs, à conduire avec prudence et à éviter tout comportement répréhensible sur la route. Dans cette gamme d’infractions, la surcharge, le transport mixte et celui de produits prohibés ont été notamment cités.

Pour finir, il a été rappelé que c’est par ce comportement responsable dont les transporteurs vont faire montre, que les autorités vont apprécier le bien-fondé de leur décision de supprimer les barrages.

Sans vouloir refaire l’histoire, nous dirons qu’au même moment, les nouvelles autorités avaient annoncé que la suppression des barrages ne signifiait pas la cessation du contrôle routier.  Et c’est dans la foulée que la gendarmerie routière qui a en charge la rase campagne a été réorganisée et dotée en moyens matériels roulants, pour occuper plus efficacement le terrain. On lui a enjoint de se déployer en équipes itinérantes dont la mobilité permet d’assurer un contrôle routier inopiné, de loin, plus efficace que la pratique des postes fixes qu’on assimile à des barrages.  Mais, il nous revient que même pendant cette euphorie que cette nouvelle disposition avait suscité chez les populations, quelques réserves étaient émises çà et là, pour nuancer son effet annoncé.

Pour beaucoup de transporteurs et syndicalistes notamment, il fallait attendre de voir la suite avant d’en juger. Ils étaient sceptiques quant à la pérennité de la mesure. C’est ainsi qu’ils se sont évertués à rappeler que la suppression des barrages n’était pas à sa première annonce. Le régime précédent et même ceux d’avant, l’avaient également tenté. Mais, à chaque fois, la mesure a été reconsidérée. Parce que, selon eux, à tort ou à raison, des individus ou des réseaux auxquels cette suppression porte préjudice (pécuniaire surtout), vont jusqu’à organiser des pseudo-saisies de produits prohibés ou distiller de fausses alertes sur des risques d’attaques, d’infiltrations ou de déstabilisation du pays. Et la psychose aidant, les barrages étaient aussitôt réinstallés, au nom de la sécurité.

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Coïncidence ou pas, voilà que les mêmes barrages supprimés par le CNRD semblent remis à nouveau, sans aucune annonce préalable. Il en existe déjà trois, nous apprend-on. Un à Kouria (Coyah) et deux autres, l’un en provenance de Forécariah vers Conakry et l’autre, en direction de Boffa, après Dubréka.

Ces nouveaux barrages n’ont rien de factice. Leur installation présente tout ce qu’il y a de plus officiel. Ils sont bien matérialisés et ce sont des militaires qui y officient.  En plus de la fouille du coffre des véhicules, on y réclame aussi les pièces d’identité. Les commentaires que font les gens au passage de ces contrôles où on ne leur réclame pas de l’argent, il faut le souligner, sont du genre : « tu vois, les barrages reprennent. Est-ce parce que la confiance manque quelque part, sinon pourquoi des militaires procèdent-ils à la fouille du coffre d’un véhicule, comme si c’était la douane, ou à l’identification des personnes comme si c’était la police ? Par effet de mimétisme ou d’amalgame, l’apparition de ces barrages, ne risque-t-elle pas de servir de prétexte à d’autres corps de défense ou de sécurité non habilités, pour installer à leur tour des postes de contrôle, le long de nos routes ?

Cela nous intrigue et nous souhaitons que les autorités nous rassurent là-dessus. Jusqu’à maintenant, nous pensons ne voir sur la route pour un quelconque contrôle que la gendarmerie routière. Un corps de sécurité dont c’est la mission traditionnelle et qui est conséquemment formé pour l’assumer du mieux possible.

Nous ne désirons pas un retour à la case départ et surtout nous ne voulons pas voir la décision du CNRD sur le sujet, se muer en pipeau. Ce serait bien dommage. » 

Guineenews

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