Convalescent et encore attaché à son métier, actuel entraîneur des gardiens de buts junior et sénior du Horoya Athlétique club, Fodé Laye Camara reste insatisfait du niveau actuel des portiers guinéens. Encore sur les traces des ex-internationaux du football guinéen et dans la continuité d’en savoir plus sur la vie, les œuvres et parfois les carnets de santé non vierges de ces valeureux acteurs, votre quotidien électronique Guineenews a rencontré Fodé Laye Camara, ex gardien de but du Horoya Athlétique club et du Syli national.
Patience et ténacité au bout ont conduit après quelques rendez-vous ratés, de recueillir les propos de cet éminent gardien de but qui, malgré son état de santé fragile, s’accroche encore au métier et reste insatisfait du niveau actuel des portiers guinéens, comparativement aux générations précédentes.
Moins en forme qu’avant et cela se remarque d’ailleurs par sa démarche et surtout au niveau de sa diction où la langue devient de temps à autre pâteuse, il a fallu une attention soutenue pour discerner le contenu de ses expressions. Qu’à cela ne tienne, Fodé Laye Camara, brièvement, nous introduit dans sa vie, son parcours, ses souvenirs et nous livre l’état actuel de son carnet de santé.
Il est né en 1973 à Manéah dans la Préfecture de Coyah. Il est le fils de feu Kandet et de feue Fatou Camara, marié et père de sept (7) enfants.
Comment êtes-vous venu au football ?
« J’ai commencé à jouer au football depuis mon Coyah natal et très petit, j’ai adoré le football. A partir de l’école primaire, je jouais au poste d’avant-centre de pointe jusqu’au niveau de l’équipe préfectorale, le Sarinka de Coyah ».
Du poste d’avant-centre de pointe, quel repli enfin pour se retrouver dans les perches. Expliquez-nous les circonstances qui vous ont conduit à cette réorientation.
« Longtemps attaquant de pointe dans l’équipe de mon quartier lors des compétitions qui s’y déroulaient et pendant les entrainements, je m’essayai le plus souvent au poste de gardien quand l’effectif n’était pas au complet. Je fus donc détecté aussitôt par l’entraineur principal qui m’a reconduit à ce poste. Pourtant, je fus un grand buteur au poste d’attaquant et c’est donc le destin qui m’a ramené dans les gaules et progressivement le goût de capter le ballon, de plonger partout et d’enrayer les dangers offensifs s‘est emparé de moi ».
Superbe gardien de but, Fodé Laye Camara a occupé avec adresse, conjointement ce poste au sein du Horoya Athlétique Club, du Syli junior et sénior.
Vous aviez été sociétaire du Horoya Athlétique Club et du Syli national. Décrivez nous votre arrivée dans ces deux équipes ?
« Avant d’intégrer le Horoya Athlétique club, j’ai fait tout au début mes preuves dans l’équipe fédérale de Coyah, le ‘’Sarinka football club’’. Venu à Conakry pour achever mes études universitaires, j’ai appartenu à la sélection de mon école qui a participé à nombreux tournois. C’est de là que les dirigeants d’alors du HAC ont eu l’œil sur moi et m’ont proposé d’intégrer le club. Je suis venu trouver Sounkourou Kéita dans les buts et progressivement j’ai gagné définitivement ma titularisation et pris la place du premier gardien.
Quant à mon intégration dans l’équipe nationale, c’est suite à un recrutement de nombreux joueurs pour un stage à Bordeaux afin de reconstituer l’équipe, que je fus sélectionné par l’Entraineur Draganne ».
Fodé Laye Camara a remporté avec le Horoya Athlétique Club plusieurs titres en coupe nationale et en championnat. Pour une seule participation dit-il à la CAN, il a également sauvé à plusieurs reprises les perches de la sélection nationale. C’est un parcours d’une très grande classe de gardien de but semble-t-on dire qu’a vécu l’enfant venu tout droit de Manéah. Tout chemin comporte des moments inoubliables de peine ou de bonheur. Il se rappelle de quelques beaux et mauvais souvenirs. « Dans ma carrière de gardien de but, comme mauvais souvenir, je retiens le match du Syli national contre l’équipe nationale du Libéria à Monrovia. Le but de Georges Wéah marqué de la tête, malgré toute ma détente le long de tout le corps reste encore un mauvais souvenir pour moi. Pour de beaux souvenirs, mes arrêts de pénalty en cours de match ou pendant les tirs aux buts resteront d’inoubliables pour moi. J’ai sauvé pleines de situations dans ces cas de figure ».
Fodé Laye a mouillé le maillot en compagnie de plusieurs autres grandes renommées du football guinéen. Pour témoigner de quelques faits ou qualités de leur gardien de but de l’époque, Mamady Souaré ‘’Passarela’’ et Abdoul Salam Sow s’en souviennent et retracent quelques souvenirs.
« Pour parler de Fodé Laye, directement le tournoi de Koweit en sélection me revient en mémoire. C’était en 1989 où le Syli national était présent. Il avait assuré la qualification contre l’Irak et il fut l’homme du match. De ses qualités techniques, je retiens sa bonne détente et sa spécialité et surtout son sang-froid dans les épreuves de tirs au pénalty. Qualité de meneur d’hommes, il a même porté le brassard de capitaine et si j’ai bonne mémoire, je l’ai remplacé un moment à ce titre. Autre faits marquants est bien notre participation à la coupe du monde militaire en Italie avec l’équipe de L’ASFAG en compagnie de Joe Gallé et autres. Sauf que socialement, il ne bouge pas beaucoup. Il fut un grand gardien de son époque ». Conclut Mamady Passarela.
Abdoul Salam Sow enchaine « C’est un véritable bosseur. Je le confirme puisqu’à l’entrainement avec le Horoya Athlétique Club, nous étions là une (1) heure avant le début des entrainements. C’est de la discipline et une envie d’accomplir des performances. C’est un joueur complet. Pour mémoire, lors d’un match ASK-Horoya en 1989 , il m’avait fasciné. Un cafouillage dans la surface de réparation et feu N’Gom balle au pied, nez à nez, avait armé le tir puissant en direction des filets. Heureusement pour nous et grâce au bon sens de placement et à la prise de balle de Fodé Laye Camara, le Horoya fut sauvé. Ce qui d’ailleurs me poussa à redoubler d’efforts ce jour au milieu du terrain et pour finir remporter le match. Par ailleurs, connu pour ses qualités d’arrêt de penalty, psychologiquement il a toujours joué sur le mental des tireurs adverses. Le seul reproche que je lui fais est de ne pas pouvoir jusqu’à présent en tant qu’entraineur des gardiens, de nous sortir, un de très grande classe ».
Une carrière de gardien de but de plus d’une décennie, de la gloire et de la popularité, Fodé Laye Camara se retrouve aujourd’hui au compte du Horoya Athlétique club.
Pour tout ce temps passé, qu’est-ce que ce football vous a-t-il apporté ? Etes-vous riche ou pauvre ?
« Je suis riche et pauvre à la fois. Riche de mon expérience, je suis en train de léguer mes connaissances aux plus jeunes. En plus, de la notoriété, le bain de foule me rassure à chacun de mes passages de mon passé glorieux. Je suis très pauvre matériellement et néanmoins par la volonté de Dieu, j’ai un abri à Manéah et je parviens à subvenir aux besoins de ma famille ».
Aviez-vous des regrets aujourd’hui ou un cri de cœur ?
« Désolé et ça va… ».
Des larmes ont coulé sur les joues de notre invité et aucune paire de gants à disposition pour les essuyer, la boule à la gorge, il s’est limité là et comprenez la suite.
Quelles sont donc vos sources de revenus actuels ?
« Je suis salarié au titre d’entraineur des gardiens du Horoya Athlétique Club et employé de la fonction publique au compte du Ministère de l’éducation. Tout n’est pas rose et Dieu merci, je m’en sors bien ».
Tout récemment malade, pouviez-vous nous décrire votre carnet de santé ?
« J’ai été très secoué par un problème de nerfs, il y a une année de cela. Je m’en remets et grâce au Président du Horoya qui continue d’assurer ma prise en charge ».
Des goals de classes avouées d’antan, notamment feu Morlaye Camara ‘’l’araignée noire’’, Mamady Sano, Bernard Sylla, feu Abdoulaye ‘’Banks’’ Keita, Sinè Fofana, Saliou Diallo, Kémoko Camara et tant d’autres ont à leur temps marqué d’encre indélébile les buts guinéens.
Sereinement, Fodé Laye exprime ses sentiments sur l’actuelle génération de gardiens de buts qui ne fait pas satisfaction.
Que pensez-vous de la performance des actuels goals guinéens ?
« Il est évident que je suis présentement et depuis quelques années entraineur des gardiens guinéens. Le travail individuel, la discipline, l’engagement et le sérieux manquent à ces jeunes. A notre temps, on ne pouvait pas recruter autres gardiens de but à partir de l’extérieur. Il faut aller à la conquête du haut niveau par le travail et le dévouement. Je suis en train de travailler avec les jeunes et j’espère qu’au bout adviendra un résultat ».
C’est un lourd héritage que porte Fodé Laye Camara à ce poste d’entraineur des gardiens de but. Certes que des talents commence à naitre et espérons qu’au fil des ans, les goals guinéens emboiteront les pas des ainés.