Fervent musulman, Abdoulaye Kéita est un auteur, chanteur compositeur. Guineenews l’a rencontré dans le cadre de sa rubrique « Que sont-ils devenus ? ». Abdoulaye Keita est né en 1964 à Tougué à Hamdallaye, dans le district de Fougou précisément dans la sous-préfecture de Fatako. Il est fils de feu Mohamadou Samba et de feue Adama Hawa Diallo. Il est marié à 2 femmes, père de 7 enfants dont 4 filles. A son époque, dit-il, les parents n’ont pas facilité son inscription à l’école française. Il a fréquenté l’école coranique à partir de Labé à Dyonfo et à Hansaghèrè (Mirirè).
Abdoulaye Keita dans cette interview accordée à Guineenews, nous retrace son parcours, sa vie de musicien, ses difficultés dans l’exercice de ce métier et autres découvertes de l’artiste vous attendent après lecture. Lisez l’interview
Guineenews : bonjour ! vous êtes auteur, chanteur compositeur, et très célèbre chanteur de la musique pastorale. Comment êtes-vous arrivé à la musique et parlez-nous de votre parcours ?
Abdoulaye Keita : J’ai aimé la musique depuis l’âge de 6 à 7 ans. Je fus un bon interprète des airs musicaux à cet âge. Vous savez quand on vous fait goûter l’eau, ou la chimie du talisman, la mémoire s’élargit. Après mes études coraniques, je suis revenu à Koin pour jouer en compagnie de quelques musiciens troubadours. Je faisais aussi le solo vocal dans la troupe de mon quartier. Mes frères m’ont encouragé pour poursuivre ce chemin d’artiste. J’ai joué aux castagnettes, aux tam-tam bien que la famille, s’opposait à cette pratique. Par la suite, je suis revenu à Kankalabé en compagnie de feu Champion Samba Diouldé qui a été mon maitre et à l’accordéon et au chant.
J’ai effectué de nombreuses tournées avec cette troupe en forêt (Guéckedou, Macenta, Kissidougou…) jusqu’au Libéria. J’ai formé aussi mon propre groupe, qui a évolué pendant 8 ans avant de revenir à Conakry. Et c’est feu Sékouba Fatako qui m’a fait appel pour venir à Conakry. En bref, c’est le résumé de comment je suis venu à la musique et un peu expliqué mon parcours.
Guinéenews : Combien d’albums avez-vous sur le marché du disque guinéen et donnez-nous les différents titres de vos albums ?
Abdoulaye Keita : c’est en fin 2003, que j’ai fait ma première maquette en compagnie de feu Sékouba Fatako, qui m’a présenté à feu Cellou Diallo de CDS production. Au studio JBZ, j’ai été accompagné et arrangé par feu Sandaly Diabaté, qui a assuré la guitare de tous mes 3 albums. Mon 1er album est intitulé ‘’Foutah no wéli’’, le second ‘’ Dofto maoubhè ma’’, et le troisième ‘’ Nabhoran ka yaata’’. Tous ces 3 albums sont composés de 10 titres et le dernier album date de 2010.
Guinéenews : Vous vous inspirez de quoi dans vos différentes compositions ?
Abdoulaye Keita : je me réfère le plus souvent des faits du quotidien, et de tout ce qui m’entoure. Dans la plupart de mes chansons, je prodigue des conseils, je chante la paix et l’unité nationale.
Guinéenews : Vous avez plusieurs albums sur le marché. Qu’est-ce que tout cela vous a procuré en terme de richesses ?
Abdoulaye Keita : la sortie de ces 3 albums m’a procuré assez de choses. Je suis aujourd’hui connu à travers le monde entier par le biais des différentes tournées effectuées en Europe, aux Etats unis et en Afrique, surtout dans la sous-région. En plus ce métier de musicien, m’a permis de fonder un foyer et d’avoir un abri.
Guinéenews : Quelles sont actuellement vos sources de revenus ?
Abdoulaye Keita : je gagne certainement ma vie à partir de mes prestations, de mes droits d’auteur et surtout de ces tissus sociaux que j’ai pu tisser. Quant aux droits d’auteur, il y a vraiment de sérieux problèmes. Le montant est dérisoire et nous sommes victimes de piraterie.
Guinéenews : Etes-vous affilié à l’assurance de la NSIA Banque-BGDA ?
Abdoulaye Keita : je suis affilié et j’ai cotisé à juste titre. Seulement qu’il y a des problèmes à ce niveau aussi. J’avais fourni des photos, la cotisation et les documents y afférents, et jusque-là, je n’ai pas eu de suite. A la création de l’UNAMGUI, ces mêmes procédés nous ont étés proposés.
Guinéenews : Peut-on connaitre vos projets en cours ou futur sur le plan musical ?
Abdoulaye Keita : Mon principal projet, est celui de réaliser mon 4ème album. J’ai à mon actif présentement 3 à 4 titres déjà prêts, et certainement et par la grâce de Dieu, je pourrais être sur le marché en fin 2023 où début 2024.
Guinéenews : vous rencontrez certainement des difficultés au niveau de votre profession de musicien. Pouvez-vous nous déballer quelques-unes ?
Abdoulaye Keita : Les artistes musiciens ont plein de difficultés. De mon côté, c’est ce manque d’honnêteté dans les relations, et sur le plan de la production et du financement. En réalité, les difficultés sont énormes de tous les côtés.
Guinéenews : ‘’Concert minuit’’ est bien ce célèbre tube qui vous a propulsé. Quels bons ou pires souvenirs gardez-vous dans votre parcours ?
Abdoulaye Keita : Le bon souvenir que je retiens est ce titre joué par mon maitre. C’est après minuit, ou vers des heures tardives qu’il jouait ce titre. C’est dans un silence de cimetière, accompagner du bruit des pas de danses qui résonnaient. Je n’oublierais jamais ces soirées, qui m’ont permis de grandir, et je pense toujours à mon maitre « Champion Samba Diouldé ».
Les plus mauvais souvenirs se situent dans mes relations. Je ne citerai personne et sauf que personne n’est parfait.
Guinéenews : Un featuring avec Rica. Quelles sont vos relations avec tous ces jeunes artistes de la musique pastorale ?
Abdoulaye Keita : j’ai de saines relations avec tous ces jeunes artistes. Ils ont de la considération pour moi et plusieurs d’entre-deux, viennent se confier à moi. Seulement que musicalement, ils sont réticents. Ils sont plus versés dans les interprétations que les créations. Si ces jeunes s’approchaient de nous, il n’y aurait pas de reproches sur les contenus des chansons. La musique pour moi, doit été abordée dans 3 sens. Le plaisir d’écoute, le côté dansant et les conseils du contenu.
Mes relations sont au beau fixe avec toute cette jeune génération.
Guinéenews : Jouez-vous à un instrument traditionnel, et qu’en pensez-vous de ceux qui croient dur comme fer, que ces instruments traditionnels sont en voie de disparition ?
Abdoulaye Keita : je suis entièrement d’accord qu’il y a beaucoup d’instruments, qui sont en voie de disparition. La jeune génération se confie aux studios et les claviers sont dominants. Aviez-vous entendu le Sénégal sans son ‘’Tama’’, son balax ? ou les arabes sans leurs instruments traditionnels ? Est-ce que vous pouvez apprendre le coran et le modifier ? Ce sont des tas de questions à se poser et dire à la génération actuelle, d’insérer les instruments traditionnels dans les chansons.
Guinéenews : Abdoulaye Kéita à t-il atteint le gratin de sa marmite à chanson, après les célèbres tubes ‘’ Nabhoran ka yata, ‘’ Mi houli’’, ‘’Chérie an arrali’’ et autres ?
Abdoulaye Keita : je suis très loin d’atteindre le gratin de ma marmite à chansons. Depuis 2010, je n’ai pas produit un album sur le marché, bien que j’ai assisté pleins d’artistes dans leurs réalisations. J’ai réalisé aussi quelques singles. C’est la piraterie qui me décourage et veut me faire perdre l’élan. La vente des productions musicales est malmenée. Tout se retrouve aujourd’hui sur les clés USB ou ailleurs. Je promets à mes fans, qu’ils ne seront pas déçus, malgré tout ce long silence.
Guinéenews : Vous avez pris du poids est-ce un changement de régime ou une opulence qui s’affiche ?
Abdoulaye Keita : j’avoue que c’est par la grâce de Dieu. Je ne veux porter aucun bagage sur la tête car, elle-même, constitue un inséparable bagage.
Guinéenews : Quels messages avez-vous à l’endroit de vos fans et de ces nombreux mélomanes du pays et d’ailleurs ?
Abdoulaye Keita : Le premier message est de remercier tous mes fans, les mécènes et surtout vous les hommes de la presse. Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu à travers mes différentes tournées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Pour bientôt vous serez en compagnie d’Abdoulaye Keita dans mon nouvel album.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews