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Que sont-ils devenus ? Abdoulaye Soumah « Tonton Ablo » parle du rôle de l’animateur culturel

Plusieurs années se sont écoulées et diverses émissions culturelles captivantes sont passées sur les ondes de Radio-Guinée. C’est ainsi que de talentueux journalistes, animateurs culturels se sont relevés derrière les micros, à la satisfaction générale de nombreux auditeurs.

De Justin Morel Junior (JMJ), à Mamady Condé, de Jean Baptiste Williams à Issa Condé ou, de  Louis Auguste le Roy au regretté Aly Badara Diakité et feu Moussa Mara, les émissions ‘’musico rama dimanche’’, ‘’en direct avec les artistes du peuple’’, ‘’grand gala du samedi’’, ‘’les merveilles du passé’’, ‘’le bal du samedi’’, ‘’Afrique cadence’’ et autres ont diverti les fidèles auditeurs de la voix de la voix de la Révolution d’antan et de l’actuelle Radio-Guinée.

Ces talentueux animateurs culturels aux différents styles, intonations, dictions, structures d’émissions et sujets débattus ont accroché et fidélisé de millions d’auditeurs à cette radio.

Certains parmi cette vieille génération empêchés et contraints de suivre une ligne d’orientation dictée ont vu étouffée en eux, une partie de leurs talents.

La nouvelle vague par contre, a profité de l’ouverture, de la ‘’libre expression’’ pour mettre à profit toutes leurs aptitudes. Ils s’éclatent à merci et étalent plus facilement leurs ‘’compétences’’.

Quelle place à réserver à la promotion de la musique guinéenne dans l’animation culturelle?

Une interrogation mérite d’être posée. Dans cet entretien, Guineenews a rencontré Abdoulaye Soumah alias ‘’Tonton Ablo’’, journaliste animateur culturel au groupe Evasion Guinée, qui nous livre ses impressions.

Guinéenews : Comment la promotion de la musique guinéenne doit-elle se passer au niveau des animateurs culturels ?

Abdoulaye Soumah ‘’Tonton Ablo’’ : Pour nous étudiants sortis de cette filière d’animateurs culturels à l’université, il reste entendu que nous avions été enseignés sur un quota de diffusion de musique du terroir par rapport à celle étrangère. Personnellement, j’use de cet enseignement pour diffuser dans mes programmations, plus de 80% de musique guinéenne que de musique étrangère. Ce qui dit, qu’il faille prioriser nettement la promotion de nos artistes. Il faut souligner aussi qu’il y a une question de mentalité et de tendance. Nos artistes ont même la propension de faire disparaitre notre riche et varié folklore en empruntant autres genres musicaux. Quand vous écoutez le glorieux passé de la musique guinéenne à travers les formations orchestrales nationales ou fédérales d’antan, par rapport à la génération actuelle de musiciens, on peut se croire ne pas vivre dans le même pays. Aujourd’hui avec la mondialisation, cette  musique n’est plus écouter dans les boites de nuits et ailleurs. L’industrie du disque oblige aujourd’hui certes de ne pas évoluer à vase clos. Mais en tant qu’animateur culturel averti et qui respecte les principes et règles de l’animation, on est contraint de mettre en valeur la musique du terroir. L’on dit le plus souvent que l’animation c’est non seulement donner vie, en donnant vie, il faut savoir le faire étant entendu que la charité bien ordonné doit commencer par soi-même. Dans mes animations, je donne une grande part à la musique guinéenne et je suis conscient qu’on ne peut toujours pas évoluer à l’interne et il faut ce contact de cultures en distillant d’autres variétés culturelles.

Guineenews : Il est avéré aujourd’hui que les critères de sélection de ces animateurs culturels ne sont pas de rigueur au niveau de la quasi-totalité des radios et télévisions ?

Tonton Ablo : Aujourd’hui malheureusement si tu sais rouler les R c’est-à-dire tu sais bien parler français du coup on te dépose à la radio pour tenir l’antenne. Les patrons des radios exploitent à suffisance les jeunes sortant des universités qui ont envie vaille que vaille d’obtenir un boulot ou un stage. C’est ainsi qu’ils sont recrutés sans aucune base et ne savent même pas les 7 règles d’or de l’animation culturelle ou ses 3 règles fondamentales. Il faut avoir une bonne base pour exercer ce métier qui est noble et qui n’est pas donner à n’importe qui. Le recrutement doit se faire avec sérieux et rigueur.

Ne doivent pas être animateurs culturels radios ou télévisions qui le veulent.

D’aucuns aujourd’hui de la nouvelle génération s’en sortent à travers des émissions culturelles de poids et de mesures.        Certainement qu’ils s’accrochent à l’écoute et aux lèvres des biens vivants de cette descendance qui a apporté fenêtre.

Quel parallèle peut-on faire entre l’ancienne et la nouvelle génération d’animateurs culturels?

Tonton Ablo : Il y a une grande différence entre les ainés et nous autres. Ils avaient de la rigueur dans le travail et obéissaient aux règles édictées pour accomplir ce métier.

Nous courons presque tous vers la ligne d’arrivée pendant que nos ainés, ont aimé ce pays et l’ont servi avec dévouement.

J’ai cherché à connaitre les qualités de nos prédécesseurs à travers ceux qui sont vivants notamment Jeannot Williams, très disponible et tant d’autres qui m’ont appris que le journaliste culturel, doit même pour dire bonjour aux auditeurs, avoir ses papiers en face de lui. Aly Badara Diakité, Moussa Mara en sont des exemples avant notre génération.

Sans un fil conducteur, tous se lancent dans l’animation culturelle. La programmation, dit-on, est plus difficile que l’animation proprement dite.

Je suis persuadé que nos ainés ont eu la formation requise et ont fait le bonheur des auditeurs. Je condamne cet animateur qui s’égosille et qui ne fournit aucun effort de recherche. Evidemment, il y en a parmi notre génération ou d’avant qui sont sur la bonne voie et dont les émissions sont prisées et qui font la fierté de cette corporation. L’animation en fait est une école. Je n’aime pas être un passeur de musique, j’aime être un animateur culturel. Comme le dit l’autre, une animation musicale sans informations, ressemble à une salle de classe sans professeur. Il faut donc de la recherche et ce qui est à l’actif de nos prédécesseurs.

Que conseillez-vous à cette nouvelle génération dont vous faites partie ?

Tonton Ablo : Il ne faut pas noyer sa culture au profit d’une autre. Bien que la tendance actuelle privilégie l’industrie du disque et son fonctionnement. Je pense et je suis certain que la musique guinéenne dans son état actuel a besoin de promotion. Le journaliste culturel ne peut diffuser que ce qu’il a à portée. A nos artistes de redoubler d’efforts afin de produire des mets musicaux allant dans le sens de la revalorisation de la culture guinéenne. Nos collègues animateurs culturels doivent accepter d’apprendre correctement le métier qui est régi par des principes et règles à observer. Ce n’est pas facile de tenir en haleine pendant des heures les auditeurs. Il faut de la recherche, des informations sur les artistes, la musique à passer et surtout savoir distiller des messages instructifs. Celui qui vous écoute, a le plus souvent besoin de s’informer bien qu’en écoutant de la musique. Allons tous à la bonne école pour le bonheur de nos auditeurs.

Guinéenews : le métier d’animateur culturel impose-t-il d’être aussi artiste ou mélomane ?

Tonton Ablo : J’aime dire très souvent qu’un animateur est aussi un artiste. On ne peut pas gérer quelque chose que l’on ne connait pas. C’est comme si tu confiais à un policier la lutte contre la drogue, pendant qu’il ne sait pas distinguer la drogue. Il faut donc avoir l’oreille musicale, il faut savoir comment parler sur la musique, rechercher toutes les informations utiles qui accompagneront la musique à proposer. Donc être artiste ou mélomane, sont des atouts majeurs qui viennent renforcer la qualité d’un bon animateur culturel. Nos ainés tels, Justin Morel Junior a joué un éminent rôle dans les Sofas de la Camayenne. Autant souligner le cas du Doyen Jean Baptiste Williams qui a été guitariste soliste des Sofas de Camayenne et une des vitrines de l’animation culturelle en Guinée. Il faut donc forcément s’imprégner de la chose musicale pour mieux parler de la musique.

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