Annoncé récemment par le ministre des Transports, Aboubacar Sylla, le projet d’immatriculation et de ré-immatriculation des véhicules fait grand bruit au niveau des différentes gares routières de la commune urbaine de Labé. Pour plus d’un chauffeur interrogé par Guinéenews, cette décision risque de faire plus de mal que de bien. Car pour eux, le moment serait très mal choisi pour parler d’un tel programme d’immatriculation et de ré-immatriculation des engins roulants.
« Vous n’êtes pas sans savoir qu’on a passé une année blanche en 2020, car de janvier à maintenant, on n’a pratiquement pas pu travailler. On est allé de crise en crise. Au début de l’année, on a été confronté à la covid19, ensuite il y a eu les multiples crises politiques avec des manifestations de rues indescriptibles. Donc, les gares routières sont restées désertes. Maintenant au sortir de tout cela, on nous parle d’immatriculation et de ré-immatriculation de véhicules. C’est juste ridicule ; il faut que l’état pense un peu aux chauffeurs », déplore maître Mamadou Cellou Bah.
Maître Tanou Nadhel Diallo, le secrétaire administratif du syndicat des transports et mécanique général CNTG (confédération nationale des travailleurs de Guinée) est du même avis : « si on nous avait demandé, on allait attendre d’abord. Mais comme on n’a pas la voix au chapitre, on nous impose des choses, donc c’est indépendamment de notre volonté. Mais sachez juste que cette décision à un impact, parce que si vous voyez que les gens ne veulent pas immatriculer leur véhicule en local, c’est-à-dire mettre des plaques comme MG (moyenne Guinée), c’est juste à cause des agents de sécurité au niveau de Conakry. Dès que ceux-ci aperçoivent un véhicule immatriculé à l’intérieur du pays, ils vont s’acharner sur lui avec des raquettes incroyables. Voilà pourquoi, tout le monde cherche à avoir une plaque RC (région de Conakry) », dénonce-t-il.
Plus loin, Maître Tanou Nadhel Diallo, le secrétaire administratif du syndicat des transports et mécanique général de Labé promet que sa corporation va bientôt se faire entendre sur ce projet qui n’arrange pas les conducteurs. « Donc, nous allons essayer de nous retrouver pour discuter autour de ce problème. Ce qui est sûr, c’est que nous allons réagir », promet le syndicaliste.
Entrepreneur local, Barry Algassimou lui, réclame des mesures d’accompagnement : « s’ils pouvaient ne serait-ce que remplacer gratuitement les plaques existantes, ça serait au moins salutaire. Mais on ne peut pas d’un seul coup nous demander de faire face à d’autres frais d’immatriculation. Je pense que le gouvernement doit être un peu plus responsable. Toute décision nécessite des mesures d’accompagnement. Donc, il faut d’abord trouver ces mesures d’accompagnement avant la mise en vigueur de la décision » propose cet autre.
Il faut par ailleurs rappeler que la quasi-totalité des véhicules en circulation dans la région administrative de Labé sont immatriculés RC, alors que selon les représentants du ministère des Transports chaque région devrait immatriculer l’ensemble de son parc automobile.