Située à environ 65 kilomètres de la capitale régionale Labé et perchée sur les hauteurs du Fouta Djalon, la préfecture de Lélouma offre des potentialités agricoles énormes. Avec une forte pluviométrie et des plaines irrigables non aménagées, l’agriculture se pratique en toutes saisons.
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Très propice à la production de la banane, malheureusement les terres de Lélouma sont peu ou d’ailleurs pas exploitées à travers cette filière pourtant génératrice de gros revenus.
Pourtant, investir sur cette activité agricole sur une terre aussi propice que celle de Lélouma aurait été un véritable atout et pourrait même constituer un levier de développement et de lutte contre la pauvreté.
Mais hélas, la plupart des jeunes sont hantés par le rêve européen. Mépris ou méconnaissance ?
Sans véritable plantation avec des grandes surfaces, dans les jardins ou tapades que la rédaction locale de Guineenews a sillonné, les bananiers portent des régimes énormes et promettent de belles récoltes.
« Partout à Lélouma on peut faire la culture de la banane. La terre y est très propice. Ça pourrait rapporter gros. Mais peu de gens s’y intéressent. Voyez par exemple dans ce petit jardin que j’ai démarré il y a juste quelques années. Les régimes que portent les bananiers sont incroyables. Ça m’arrange énormément. Je sers ma famille et certains voisins aussi viennent acheter. Je peux vendre un pied de bananes jusqu’à 60 mille et même plus. Et ce, en toute saison. Le seul fait que je regrette est que j’ai une petite surface. Mais croyez-moi que c’est une très bonne activité », explique Mamadou Benté Camara.
Sur la même logique, un autre planteur d’une soixantaine d’années, séance tenante se révolte: « il ne faut pas se voiler la face. La génération actuelle ne veut pas du tout travailler. Vous voulez tout avoir sans pour autant fournir de l’effort, c’est impossible pas. J’ai hérité cette bananeraie de mon père. Et si je n’avais pas pris soin de ça, on ne serait pas là aujourd’hui pour parler de la production de la banane. Je ne vais pas vous dire que je gagne tout à travers cette petite plantation mais elle m’apporte énormément. Parfois, il m’arrive de vendre un peu de ma production. Je peux vendre un régime de bananes jusqu’à 70 mille francs selon la taille », se réjouit enfin le vieux.
Interpellé par rapport à la question, Mamadou Lamarana Para Diallo, le président de la chambre d’agriculture pense qu’il s’agit juste d’une négligence doublée de la paresse des uns et des autres à s’investir dans le secteur agricole.
« Je pense que tout le monde est conscient aujourd’hui que la terre ne trahit jamais. Les gens négligent beaucoup l’agriculture chez nous ici. Et la plupart des personnes sont animés par l’aventure. Et laissez moi vous dire que l’agriculture c’est en quelque sorte la voix de salut pour le développement. Malheureusement on ne s’intéresse pas beaucoup à ce secteur », regrette t-il avant d’enchaîner : » par rapport à votre question liée à la production et la commercialisation de la banane, je dirais tout simplement que c’est un grand atout que Lélouma a sur ce point. Un atout qui n’est vraiment pas exploité. La banane donne très bien ici. Mais les gens s’y intéressent peu car il n’y investissent pas réellement dans ce secteur pourtant prometteur », déplore le président avant de préciser : « par exemple, si vous remarquez les samedis, jour du marché hebdomadaire, malgré cette faible production, des femmes venues de Labé et un peu partout viennent s’y approvisionner. C’est donc important que les gens s’y investissent dans la production de la banane. C’est clair que ça pourrait constituer un socle solide dans le développement de notre localité ».
S’investir et investir dans la production et la commercialisation de ce fruit comestible tant sollicité ici ou ailleurs peut avoir des retombées économiques importantes pour les populations locales.