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Procès du 28 septembre : Col. Sory Condé, un témoin “inconstant”

Le lieutenant-colonel, Sory Condé, l’un des responsables des Services spéciaux en 2009, comparaît ce 13 décembre 2023 devant le tribunal criminel de Dixinn. Dans sa déposition de témoin,  il a affirmé que le 28 septembre 2009, le Colonel Moussa Tiegboro Camara a divisé le personnel des Services spéciaux en deux groupes. L’un devait patrouiller sur l’autoroute Fidel Castro et l’autre sur la route Le Prince.

“Moi, j’étais dans le groupe qui est passé par la route Le Prince”, dit-il,  avant d’ajouter que leur objectif était de sécuriser les citoyens au cas où la manifestation aurait pu avoir lieu. Car, ajoute-t-il, “il y a des loubards qui viennent brigander les gens, il fallait empêcher cela”.

Le lieutenant-colonel Condé dit que sont équipe a été chassée au niveau de Belle-vue : “au niveau de Belle-vue les manifestants sont sortis. Vu leur nombre, on ne pouvait pas les canaliser. Et rapidement, on a été repoussés par ces manifestants jusqu’au stade du 28 septembre”.

C’est au stade qu’il a retrouvé le colonel Moussa Tiégboro Camara qui a, à un moment donné, tenté de “sensibiliser” les manifestants, mais il y a eu embrouilles par la suite: “j’ai trouvé le colonel Tiégboro devant le stade. Nous avons vu un dispositif de la CMIS avec leur Mamba. À côté de la station, il y avait un monde fou. Le colonel Tiégboro est monté sur la Mamba pour parler aux gens. Au début, il était applaudi, mais à un moment donné, c’était le cafouillage. C’est ainsi qu’il nous a demandés de quitter”.

La seule issue qui s’offrait à eux, c’était la route qui mène à Donka. C’est en étant sur la route de Donka qu’ils ont appris l’arrivée des bérets rouges au stade.

“C’est à travers les talkies-walkies que nous avons appris que les bérets rouges sont arrivés au stade. Comme notre mission, c’est de protéger les citoyens et leurs biens, c’est ainsi que nous sommes revenus encore au stade. En y arrivant, on a trouvé la débandade parce qu’avec les tirs de sommation, les gens étaient traumatisés de telle sorte qu’ils ne savaient pas où aller. Quand je suis venu, j’ai trouvé que le colonel Moussa Tiégboro était déjà à l’intérieur du stade. Je suis resté à la devanture du stade annexe. Les gens montaient sur le mur du stade annexe, d’autres sautaient vers la porte. Il y a eu des bousculades. Moi-même j’ai tiré certains, les plus faibles. Ceux qui étaient sur le mur sont allés vers le toit du commissariat du stade”.

Dans ses réponses aux questions du parquet, le lieutenant-colonel Sory Condé a fait plusieurs variations par rapport à son procès-verbal de témoin devant le magistrat instructeur. Il s’agit notamment du nom du chef de l’équipe de patrouille ce jour-là. Dans son PV, il est écrit que c’est le lieutenant-colonel Kalonzo qui était le chef d’équipe, mais à la barre, il dit que le chef d’équipe était feu le capitaine Ouo-Ouo, qui était le coordinateur des opérations. Sory Condé lui-même était le chef de bord, mais que les ordres sont donnés par le coordinateur resté au bureau.

Il soutient qu’il n’a jamais dit que Ibrahima Camara dit  »Kalonzo » était le chef d’équipe: “le mot-là n’est pas venu de moi. Kalonzo était commandant à l’époque”.

Quand le président du tribunal lui a demandé s’il reconnaît sa signature, il a dit oui tout en insinuant que des modifications auraient pu être apportées au document : “je reconnais la signature mais avec le monde d’aujourd’hui, les choses peuvent se modifier.

”Qui a modifié ? Vous pensez que ce sont les juges d’instruction qui ont écrit comme ça ?” lui a demandé le président du tribunal. Il répond qu’il ne sait pas.

Quand il lui a demandé s’il avait lu le PV, il a d’abord dit oui, puis il précise que le juge d’instruction lui a fait lire: “On m’a fait lire. Celui qui m’a entendu a lu pour moi”.

“Vous avez entendu tout ce qu’on a dit. Puis vous avez signé. Vous pouvez dire qu’on a modifié un nom ?” lui redemande le président du tribunal, qui a fini par demander aux greffiers de bien noter cette variation.

À une autre question du parquet, le lieutenant-colonel Sory Condé a indiqué que Beugré était l’adjoint de Toumba, en tout cas c’est ce qui se disait, selon lui. Il ajoute que Toumba, Marcel et Beugré s’habillaient de la même manière au point qu’il était difficile de faire une distinction entre eux. Il a ensuite confirmé qu’il a vu Beugré au stade, même s’il reconnaît qu’il ne l’a jamais connu, ni jamais vu de plus près.

À une autre question, il dit avoir vu Toumba à l’intérieur du stade. Le procureur conclut par dire qu’il était donc à l’intérieur du stade. Mais Sory Condé dit qu’il n’y était pas. Le procureur s’est demandé comment est-ce qu’il pouvait voir quelqu’un à l’intérieur du stade sans qu’il n’y soit.

Lors des audiences passées, la question de gendarmes coiffés de béret rouge est souvent revenue. Le général Ibrahima Baldé avait indiqué que le colonel Moussa Tiegboro Camara avait un garde de corps qui était un béret rouge. C’est ce qu’a confirmé aussi le lieutenant-colonel Sory Condé. Il dit ne pas se souvenir du nom de béret rouge, mais il affirme qu’il est actuellement sous-préfet dans une des sous-préfectures de Dubréka.

L’audition du témoin se poursuit avec les avocats de la défense.

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