Alpha Oumar Diallo est un jeune entrepreneur qui impressionne plus d’un. Porteur d’une infirmité depuis sa tendre enfance, le PDG de 7application a un parcours des plus rares.
A son atelier de Matoto où nous l’avons découvert, le jeune offre plusieurs services, notamment la sérigraphie et l’impression qu’il a élargies depuis un certain temps à l’architecture et au home design
Depuis tout petit, Alpha Oumar a commencé l’entreprenariat sans le savoir. C’était au moment où il fréquentait l’école, période à laquelle, il s’est démarqué dans la fabrication de petits objets d’art qu’il revendait, cumulativement à ses études.
Mais le destin fera que le jeune Diallo se limite en 7e année. Malgré ce niveau « relatif », il a eu le mérite d’enseigner à l’Institut Supérieur des Arts de Guinée (ISAG), à Dubréka dans le domaine de la publicité avec Photoshop et Illustrator.
Ce, grâce à des formations qu’il a suivies avec les bons offices du PNUD, formations au cours desquelles, il a appris l’entrepreneuriat de façon professionnelle et à la suite desquelles, il a pu mettre en place son entreprise, avec à ses côtés des collaborateurs comme Mamadou Saliou Bah et Abdoulaye, dit Bandian.
« Dans cet espace que nous occupons depuis 2017, nous formons des apprenants que nous employons à terme. Ils étaient une dizaine. Mais avec les contraintes liées à la crise sanitaire que nous vivons depuis 2020, nous n’avons actuellement que quatre apprenants« , confie Alpha Oumar Diallo à Guineenews.
En plus de son entreprise, le jeune Diallo est fondateur d’une école d’inclusion qui accueille toutes les couches et où il forme de façon gratuite. Cette option, notre interlocuteur la justifie par le fait que c’est ici en Guinée qu’il a appris son métier.
« Et mon vœu, c’est de transmettre ce savoir à d’autres jeunes pour qu’ils puissent se prendre en charge et subvenir à leurs besoins plutôt que de vouloir se lancer dans la Méditerranée ou partir mourir dans le désert« , motive-t-il.
Comme pour tout entrepreneur, des difficultés n’en demeurent pas moins pour Alpha Oumar Diallo. Mais pour ceux qui ont connu et côtoyé ce jeune, il n’est pas du genre à étaler ses problèmes, sachant que chacun a ses problèmes à lui.
Toutefois, il se dit bloqué par moments dans sa volonté d’atteindre son objectif. « Mais je me battrai ici pour réussir comme mon idole KPC, malgré les difficultés financières pour accélérer le développement de mon entreprise« , assure-t-il.
Parlant de son infirmité, Alpha Oumar Diallo déclare “ne pas être né avec, mais que celle-ci est due à une maladie. Pour ceux qui m’ont connu à l’enfance, je marchais à quatre pattes. Et s’ils me voient aujourd’hui me tenir sur les deux pieds, ils me félicitent« .
Contrairement à certains handicapés qui se plaisent dans la mendicité, le jeune Diallo a bien su dompter son infirmité. Et cette problématique de mendicité, il la situe à deux niveaux.
« Premièrement, c’est la famille qui pousse ces personnes à mendier, parce qu’on trouve en eux une source de revenus. Deuxièmement, handicap n’est pas synonyme de mendicité. Sinon, personnellement, il y a beaucoup de personnes valides qui me demandent des services. Et souvent, je propose à certains de venir pour que je les forme. Mais ce sont leurs parents qui leur disent que ce qu’ils gagnent par jour est supérieur à la formation qu’ils veulent suivre qui, pour eux n’est même valorisée« , martèle le jeune entrepreneur, marié et père de trois enfants, dont une fille.
Au terme de sa formation financée par une Américaine, il a été demandé à Alpha Oumar dans quel pays il aimerait bien se rendre. Et le jeune a porté son choix sur le Sénégal, parce que ce pays était brandi à ses yeux comme un pays d’art. Mais arrivé là, il dit n’avoir rien trouvé d’extraordinaire, et qui prouvait que la Guinée était tellement derrière.
Du retour au pays, M. Diallo a commencé à donner des cours de sérigraphie qui est un métier sans frontières et qu’il faille vulgariser, selon ses dires.
« Dans les autres pays, même les vieilles dames pratiquent ce métier. Parce que moi, la première personne qui m’a appris ce métier était une vieille dame française. Malheureusement chez nous ici, on n’a pas encore évalué la portée de ce métier qui peut véritablement aider à lutter contre la pauvreté dans ce pays. C’est pourquoi j’exprime le souhait que la sérigraphie soit inscrite comme filière dans le système éducatif guinéen« , a-t-il formulé en concluant.