Le vendredi 22 juin dernier, le Premier ministre, Dr Bernard Goumou a écrit aux ministres pour leur demander de lui « faire parvenir une proposition de permutation des Directeurs Généraux et Adjoints à la tête des Organismes publics (EPA, Société publique ou Mixte, Autorité administrative indépendante. Etc. », avant le vendredi 30 juin dernier.
Selon le courrier, cette proposition dite d’alternance, « devra faire permuter les dirigeants pour une période pouvant aller jusqu’au 31 décembre2023 ». Période au cours de laquelle les DGA promus seront évalués. Après cette évaluation, les ministres devront « soumettre des propositions soit de maintien des promus ou de nomination de nouveaux cadres à la direction des organismes publics concernés ».
Pourquoi cette décision de permutation des DG et DGA à la tête des EPA ?
Tout serait parti du Conseil des ministres du 15 juin dernier au cours duquel le Chef de l’Etat aurait « évoqué le rapport annuel sur l’état de la Gouvernance et la reddition des comptes de l’Inspection Générale d’Etat ». Lequel rapport dénonce « des insuffisances dans l’administration publique ». Pour alors y apporter des « améliorations », le président de la Transition a instruit le Gouvernement qui a opté pour un jeu de substitution ou de permutation entre les DG et les DGA pour six mois.
Mais que de confusion et de frustration !
Depuis le jeudi 22 juin, on assiste à une véritable confusion au niveau des EPA et à un lever de bouclier au niveau de la population guinéenne qui dit ne rien comprendre dans la cohabitation forcée et difficile imposée à la tête des EPA. Au lieu de soigner le mal à la racine. Ils sont actuellement nombreux les travailleurs de ces entités, qui, confus devant cette situation ne savent plus qui fait quoi, qui signe quoi, à quel chef s’adresser. Et les partenaires, et les visiteurs sont désormais tous désorientés et confus. Même les relations ont pris un coup. Les DG et les DGA autrefois collaborateurs appelés à se compléter et à se soutenir se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. Cette cohabitation malsaine, cette décision ‘’vicieuse’’ prise par le Premier ministre et les membres de son gouvernement, risque d’être contre-productive. Depuis le 22 juin tout est aux arrêts dans les EPA.
Et les ministres ?
Les Guinéens s’attendaient à un remaniement ministériel, puisque dit-on, « le poisson pourrit par la tête ». Comme le dit si bien un ancien parlementaire interrogé à ce sujet : « si les Directeurs généraux et nationaux ont des résultats médiocres, c’est que les ministres sont pour la plupart médiocres ! Il faut soigner le mal à la racine. Une nouvelle équipe gouvernementale peut accoucher de nouveaux directeurs généraux et de nouveaux administrateurs. »
Selon l’ancien député du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP), « se charger uniquement des pauvres directeurs, c’est donner l’occasion à certains ministres de se débarrasser des directeurs qui ne font pas leur affaire. Tout le monde sait ce qui se passe dans certains ministères où les ministres ne seraient pas en odeur de sainteté avec plusieurs directeurs au niveau de leur département ». Ces ministres sont-ils à la base de tout ce qui arrive aux directeurs généraux des EPA ?
Retenons que la décision de permuter les DG et les DGA crée aujourd’hui plus de désordre que le dynamisme recherché. Vivement donc l’abandon d’une telle initiative mal inspirée, inique qui ne fait aucun discernement entre les meilleurs cadres ayant déjà fait leur preuve et ceux qui sont médiocres. Elle ressemble plutôt à une expédition punitive collective qui sanctionne de la même manière victimes et bourreaux. A s’y méprendre maladroitement aux choses pourtant bien réelles, c’est la noble ambition de Refondation de l’Etat portée par le président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya, qui risque de prendre un sacré coup.