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Parlement : Amadou Damaro Camara, un « faucon » au perchoir

La rentrée parlementaire décrétée par le chef de l’Etat, à la faveur de laquelle Amadou Damaro Camara, vient d’être élu au perchoir, ne fera que cristalliser les tensions nées autour du double scrutin controversée du 22 mars. Et pire, en portant cet « ultra » de la majorité présidentielle, à la tête de l’assemblée nationale, l’opposition pense que l’exécutif n’est pas animé par le souci de limiter la casse. Tant s’en faut.

C’est avec circonspection que l’opinion assiste au vaudeville politique qui se joue devant elle depuis la tenue du double scrutin contesté le 22 mars dernier, et dont l’acte 3 a été marqué par l’élection ce mardi du bureau de la nouvelle assemblée nationale. Après bien entendu, la proclamation des résultats à la soviétique, suivie de leur validation par la Cour constitutionnelle. Le tout, dans une sorte de pas de deux entre cette Cour et la Ceni.

Il n’y a vraiment pas  à pavoiser pour l’avènement de ce parlement qui pêche par un manque de crédit et de prestige. Car comme l’a dit Pierre Corneille : « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

Surtout que les Guinéens ont de quoi se préoccuper pour le moment, avec cette pandémie de covid19 qui prend de l’ampleur. Menacés qu’ils sont dans leur survie même.

Pour Alpha Condé et tous ceux qui se sont donc engagés dans ce processus électoral « honni », le vin est tiré, il va falloir le boire. D’ailleurs, le corps diplomatique accrédité dans notre pays, aura brillé par son absence à cette session inaugurale. Une absence qui pourrait se justifier sans doute par la crise sanitaire. Sans oublier que le processus électoral ayant abouti à la mise en place de ce parlement, a été qualifié de grotesque par la plupart des partenaires de la Guinée.

Pour le perchoir, c’est Amadou Damara Camara, un transfuge du défunt Guinée pour tous (Gpt) de Kassory Fofana qui a été porté au pinacle par le parti au pouvoir. Une personnalité qualifiée de clivante par ses détracteurs, qui sait suivre la direction du vent.

Cet ancien cadre de la Banque centrale  s’était   tiré les braies nettes  de l’épisode du fameux putsch attribué au colonel Diarra Traoré le 5 juillet 1985, avant de s’exiler aux Etats-Unis.

Originaire de la préfecture de Kérouané, Damaro  est né à Kwitèyapoulou, qui signifie en langue kpèlè (derrière la marre aux canards), quartier rebaptisé  Réné Soukana, à N’Zérékoré.

Celui qui vient de sauter à pieds joints sur le perchoir, avait appartenu à la dernière législature et passait pour l’ombre portée de Claude Kory Koundiano. Tant ses pouvoirs étaient semblent-il étendus. Après tout, l’honorable Damaro était le porte-flingue du pouvoir. Celui qui menait les offensives dans les médias, pour tirer sur l’opposition. D’où le choix fait sur ce bretteur à l’issue de ces élections tirées par les cheveux pour présider aux destinées de l’assemblée nationale. Devenant ainsi la deuxième personnalité institutionnelle de la république.

Dans le  discours qui a suivi son élection, c’est un Amadou Damaro Camara tout heureux, qui a l’air d’avoir touché le graal, qui a promis de sortir des sentiers battus, à la faveur de cette 9ème législature. Il s’est fixé comme défi la moralisation de l’administration publique, en demandant des comptes aux grilleurs d’arachides, tutti quanti. Le faucon semble avoir dilué pour l’occasion son vin.

Des hauts le cœur au FNDC

Pour marquer sa désapprobation de la tenue de cette session inaugurale, le Front national pour la défense de la constitution (Fndc) a appelé ses militants et sympathisants à observer une journée ville morte ce mardi.

Dans une déclaration publiée à cet effet, le Fndc rappelle qu’il ‘’est hors de question de reconnaître un Parlement illégitime et la Constitution illégale issus d’un simulacre de double scrutin référendaire et législatif du 22 mars.’’

Et c’est dans cette dynamique, qu’ayant fait le constat ‘’qu’Alpha Condé continue de dérouler son agenda politique sans tenir compte de la crise sanitaire qui sévit dans notre pays et de la nécessité d’observer et de faire observer la discipline indispensable à la lutte contre la propagation du coronavirus’’, le FNDC a appelé les populations de Conakry à observer une journée de ville morte le mardi 21 avril 2020 en restant à la maison pour protester contre l’installation d’une Assemblée illégitime’’.

Ainsi que ‘’l’exploitation de la crise sanitaire à des fins politiques, le harcèlement judiciaire, le kidnapping et la détention arbitraire des militants et sympathisants du FNDC à travers le pays’’, tels sont les griefs portés  entre autres à l’encontre du pouvoir.

A noter que le Front voit dans cette ouverture parlementaire, une provocation en ces temps de covid19. L’un de ses porte-parole Oumar Sylla alias Foniké Mengué, s’est fait d’ailleurs happé par des individus cagoulés, à son domicile  vendredi dernier. Cela, juste  après avoir proféré des menaces relatives à une rupture de la trêve, sur les antennes de radio espace.

Comme il fallait s’y attendre, cette interpellation de ce membre de la plateforme, a donné lieu à un concert de condamnations au sein de l’opposition. Même Cellou Dalein Diallo, disparu des radars médiatiques, confinement oblige,  est sorti du bois, pour appeler à la libération de Oumar Sylla.

Comme on le voit, cette législature ne pouvait que provoquer des hauts le cœur chez le Fndc.

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