Dans cette interview accordée à Guinéenews en début de semaine, le président de la Fédération Guinéenne de de Jeu de Dames et des Echecs fait le point sur la situation de la discipline, l’un des parents pauvres du sport guinéen. Organisation du championnat en 2024, la reprise du championnat national, participation au championnat d’Afrique (individuel) à Bamako, relation avec le ministère de tutelle… plusieurs points ont été abordés par Sinkoun Kaba.
Guinéenews : Monsieur le président, la Guinée à l’honneur d’organiser en 2024 le championnat d’Afrique du jeu de dames. Dites-nous où vous en êtes dans la préparation ?
Sinkoun Kaba : Je voudrais tout d’abord vous remercier de l’opportunité que vous m’offrez pour parler du jeu de dames. Au-delà, l’organisation dont vous parlez, c’est l’occasion pour moi de parler de ma fédération et du championnat africain individuel de Bamako, prévu du 16 au 28 novembre 2022.
Pour la petite histoire, sachez que la Guinée est l’un des pays fondateurs de la Confédération africaine du jeu de dames. Et la Guinée, après son affiliation en 1981, a été l’un des tout premiers pays à organiser un championnat d’Afrique individuel senior à Conakry, plus précisément au grand complexe hôtelier sis alors à Gbessia. Sauf que depuis cette, on ne parvient pas à organiser un championnat d’Afrique… C’est avec un pincement de cœur que j’en parle.
C’est pourquoi, lors du tout dernier congrès de la CAJD (Confédération africaine du jeu de dames), la Guinée a postulé à l’organisation du prochain championnat d’Afrique individuel Conakry. C’est-à-dire l’édition de 2024. Au moment où je vous parle, je tiens à ma disposition le cahier de charges de la CAJD. Je vais bientôt le soumettre à l’approbation de mon département de tutelle pour qu’il puisse prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour ne pas que la Guinée puisse passer à côté de l’organisation de ce championnat d’Afrique.
D’ici là vous devez être à Bamako. C’est ça l’urgence ?
Oui, c’est ça l’urgence. Je tiens à vous préciser que depuis que j’ai pris les rênes de cette fédération, la Guinée été presque à tous les grands rendez-vous internationaux relatifs à mes disciplines, notamment les jeux de dames et les échecs. Je ne voudrais donc pas que la Guinée soit absente à cet autre grand rendez-vous continental. J’y tiens fermement. Surtout, compte tenu des liens qui existent entre le Mali et la Guinée. C’est pour cela que je demande humblement à mon département de tutelle de prendre les dispositions pour que la participation guinéenne soit effective.
Avec quelle force la Guinée se rend à cette compétition ?
Pour rappel, la Guinée est détentrice d’un trophée continental. On a été champion d’Afrique par équipe en 2009 à Abidjan, en Côte d’Ivoire ; et en 2011 on a été vice-championne d’Afrique au Burkina. Donc, la Guinée occupe une place de choix au niveau continental même au niveau mondial. Cela n’est pas fortuit. C’est plutôt le résultat d’énormes sacrifices consentis par la Fédération Guinéenne de Jeu de dames dont j’assure la présidence. Je ne saurai aussi ignorer l’apport de mon département de tutelle qui nous accompagne parfois dans l’exécution de certaines de nos activités quand cela est nécessaire.
Qui sont vos joueurs actuellement en forme ?
Je commencerai par situer le contexte. Il faut savoir que la fédération mondiale de jeu de dames décerne trois grands titres fondamentaux aux pratiquants. Le premier titre fondamental c’est le titre de MF (Maître Fédéral). À ce jour, la Guinée en a deux. L’un est en activité, alors que l’autre a préféré servir le damier guinéen au lieu d’être pratiquant.
Le deuxième titre fondamental distinctif que le comité exécutif de la fédération mondiale décerne aux pratiquants c’est le titre de MI (Maître international). La Guinée en avait deux. Malheureusement, l’un a tiré sa révérence. Je veux parler de Sekou Amadou Cissé connu sous le sobriquet de Petit Chérif. Celui qui est en activité, c’est Moussa Camara. Il est l’un des meilleurs joueurs guinéens du moment.
Le plus grand titre honorifique décerné à un damiste, est le titre de GMI (Grand Maître International). Au jour d’aujourd’hui, on a la fierté d’avoir un GMI à la personne de M. Samuel Akoï Beavogui, qui a obtenu ce titre en 2011 au Burkina.
Dans le classement mondial de la fédération international, le Guinéen le mieux classé est Moussa Camara, connu sous le sobriquet de Bébé Mous. Il y a également le jeune Bakary qui est bien classé et qui est actuellement en forme et les doubles champions de Guinée Laye Diawara et Alpha Youla. Quant au GMI Samuel Akoi, il a actuellement quelques soucis de santé.
Parlons maintenant du championnat. Depuis combien de temps ne l’avez-vous pas organisé ?
La pandémie de coronavirus ne nous a pas permis d’organiser le championnat ces dernières années. On a dû nous contenter des tournois informels dans les grands coins de jeu à Conakry. Cela nous a permis de maintenir l’émulation chez les joueurs. Mais, dès notre retour de Bamako, nous allons relancer le championnat. Je vous promets que d’ici la fin de l’année, il va avoir un championnat national. Nous allons adresser une correspondance à notre département de tutelle pour l’informer de l’organisation du championnat national. Tant mieux s’ils parviennent à nous accompagner financièrement. Sinon, nous prendrons des dispositions pour pouvoir organiser le championnat dans les règles de l’art. De toutes les façons, dans beaucoup de cas, nous avons évolué sur fonds propre. Souvent, quand on a une mission en perspective, il faut que je me lève pour taper à toutes les portes afin d’avoir un ordre de mission avec frais. Et le plus souvent ça n’aboutit pas. Et quand ça n’aboutit pas, je suis obligé de prendre en charge les frais de mission des joueurs et de l’équipe d’encadrement.
Pour le tournoi de Bamako qui est prévu du 16 au 28 novembre, l’ordre de mission a été établi avec frais. Il reste à transmettre le dossier au Budget. C’est là que nous avons des difficultés. C’est à ce niveau qu’on nous dit le plus souvent qu’il n’y a pas de fonds sur cette ligne et que la mission ne peut pas être possible.
L’ordre de mission a été établi avec frais. Il reste seulement la transmission du dossier au niveau du budget. Mais c’est là que nous avons des difficultés. C’est à ce niveau qu’on nous dit le plus souvent qu’il n’y a pas de fonds et que la mission est impossible…
Vos relations ne sont donc pas bonnes le ministère de la Jeunesse et des Sports ?
En dépit de tout, je dirai en toute sincérité que nos rapports sont au beau fixe, même si nous faisons partie des parents pauvres de ce département. Vous devez le savoir, presque les 90% du budget alloué à ce département sont engloutis par le football qui malheureusement ne fait pas de résultat. Si le tiers de ce budget était reparti entre les autres fédérations du pays, le rayonnement et la promotion sportive que notre pays envisage tant allait être une réalité.
Le Damier, comme vous le savez, c’est un jeu populaire. Il est vrai que nous ne drainons pas la foule comme le football, mais le damier reste un sport cérébral très populaire. À la seule différence que nous, nous ne drainons pas de foule. Et dans le règlement de la fédération mondiale, un tournoi, qu’il soit un champion national, d’Afrique ou du monde, doit se jouer dans un cadre calme pour permettre aux damistes de se concentrer. Et le plus souvent, ça se joue dans un hôtel d’au minimum 4 étoiles…