Dans un bref entretien accordé à Guineenews, le député Fodé Mohamed Soumah, a réagi, à son tour au décret nommant Fodé Bangoura au secrétariat permanent du cadre permanent de dialogue. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que l’opposant ne crache pas sur l’initiative du président Condé. Même si pour le président de la Génération Citoyenne (GeCi) et vice-président de l’Assemblée nationale, il ne s’agit là que d’une étape. Lisez!
Guineenews.org : Bonjour Honorable, nous venons vers vous pour connaître votre lecture sur le choix porté sur Elhadj Fodé Bangoura comme secrétaire du cadre permanent de dialogue.
Fodé Mohamed Soumah : Dans l’absolu, c’est une bonne chose d’aller vers la décrispation, que ce soit lui ou une autre personne. Il est temps d’aller à l’essentiel, et ça passe par mettre en place une structure pour ce faire. C’est une personnalité du sérail, qui a eu à occuper de multiples fonctions, tant au niveau gouvernemental, qu’auprès du président Lansana Conté. Paix à son âme ! A présent, le problème dépasse le choix porté sur sa personne. C’est on fait quoi ? Quand ? Comment ? Avec qui ? etc.
Guineenews : Est-ce que sa nomination peut traduire le début du dégel politique tant souhaité en Guinée?
Fodé Mohamed Soumah : Bien sûr ! Surtout si on part sur la base qu’il est de l’opposition ! Mais avec ce pouvoir, je suis comme Saint Thomas, j’attends de voir pour croire. Quant au dégel dont vous faites allusion, c’est au sortir de l’élection présidentielle qu’il fallait l’engager, afin de désamorcer l’atmosphère délétère qui plombe le champ politique à ce jour. A présent, il faut poursuivre cette tendance de la décrispation démocratique indispensable, pour élargir de nombreuses personnes incarcérées à la suite des événements politiques, puis d’accélérer les procédures liées à l’instruction et aux différents procès pour les autres.
Et si ça ne dépendait que de moi, on ferait le droit de grâce automatique pour les condamnés qui ne représenteraient pas une menace pour le pays. Je ne vois aucune personnalité politique dans ce cas extrême, jusqu’à preuve du contraire.
Guineenews.org : Qu’est-ce qu’il faut pour que cet acte présidentiel ne soit pas un parmi tant d’autres qu’on a connus dans la vie politique guinéenne ?
Fodé Mohamed Soumah : Comme à l’accoutumée, les effets d’annonces se succèdent inexorablement, tout comme la pose des premières pierres. Une fois que c’est dit ou fait, on passe à autre chose jusqu’à la prochaine fois.
A la place du président qui est en contact permanent avec son Premier ministre, et les conseillers ayant préparé ledit décret, j’aurais défini les prérogatives et le calendrier à discuter avec les acteurs politiques. Ainsi, tout le monde serait déjà rassuré sur les modalités pratiques fixées à 15 places par exemple : 5 pour l’opposition parlementaire, 5 de l’extraparlementaire et 5 pour la mouvance. Au vu des problèmes à régler, les difficultés commenceront par le nombre fixé à 2 personnes par entité, avant même de connaitre les TDR (termes de référence) et la configuration d’ensemble.
Guineenews.org : A la place de Fodé Bangoura que serait votre attitude pour mettre toutes les chances de votre côté en vu de marquer un nouveau départ pour le pays ?
Fodé Mohamed Soumah : J’imagine qu’il a déjà commencé à réfléchir à la question, et que ce sera l’un des premiers sujets à débattre avec le Premier ministre. Je ne sais pas s’il a été consulté, mais tout commence par l’ordre de mission, le lieu, le process, les moyens mis à sa disposition, l’obligation de résultat, etc. Comme par le passé, c’est dans la faisabilité/applicabilité que le doute s’installe, pour finir en mesure cosmétique ou tomber en désuétude.
Enfin, je n’arrive toujours pas à comprendre le degré d’analyse des autorités, quand on sait que l’arrogance, l’improvisation, et la violence déboucheront toujours sur l’éternel recommencement et le statu-quo. C’est pourquoi les demi-mesures et les initiatives en demi-teinte, finissent souvent en contre-mesures non productives, depuis de nombreuses années.